Etats-Unis : Pièces à profusion, marché en tension

Muriel Blancheton
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Etats-Unis façade Napa

Les cinq prochaines années s’annoncent tendues pour toute la chaîne logistique américaine, de la production à la distribution, jusqu’au réparateur. On ne parle pas de pénurie de pièces de rechange, bien au contraire, mais de « prolifération exponentielle » dans toutes les strates du marché ! 

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Plusieurs facteurs ont été identifiés dans l’étude de Lang Marketing, rapportée chez notre confrère américain aftermarketmatters.com. D’abord, un parc vieillissant avec un âge qui recule significativement : + 15 % entre 2011 et 2021 ! L’âge moyen est passé de 11 ans à 12,2 ans en dix ans. Résultat : le parc des plus de 14 ans grossit et alimente mécaniquement les ateliers, avec des véhicules très consommateurs de pièces. L’étude ajoute dans l’équation les pressions économiques infligées aux consommateurs américains, largement touchés par l'inflation. Ces derniers vont donc conserver leur véhicule le plus longtemps possible en recherchant du prix sur des gammes plus compétitives (hausse en volume, baisse en valeur). À l’opposé, les nouvelles technologies à bord de véhicules récents ajoutent leurs propres volumes de pièces dans les racks des grossistes. Les composants, capteurs et logiciels ont augmenté d'environ 500 % en rechange entre 2011 et 2022. Et la tendance ne fera qu’augmenter au cours des cinq prochaines années, prédit l’étude.

Les marques étrangères tirent le marché

Enfin, la croissance de marques étrangères (véhicules légers et poids lourds) dans les ventes est un facteur de poids dans les volumes de pièces puisque qu’ils représentaient 50 % du parc aux États-Unis en 2021, en hausse de plus d'un quart en part de marché sur dix ans. Autant de facteurs cumulés qui devraient pousser les volumes sur le marché secondaire voire s'intensifier, « augmentant les défis des chaînes d'approvisionnement à tous les niveaux, avec une nécessaire adaptation de la distribution (extension des stocks et digitalisation des process) », rapporte l’étude.

Des vents contraires attendus en 2023

En attendant, 2023 sera une année charnière pour toute la filière avec en amont des prévisions de ventes en véhicules neufs de 14,8 millions d’unités (+ 7 %). Stocks regonflés et consommateurs moins frileux devraient redoper le marché. Les prix des véhicules neufs devraient ainsi baisser, après un prix de transaction moyen record établi à 47 681 $ en novembre 2022 (cumul en poids lourds, utilitaires et véhicules légers). Une bonne nouvelle à prendre cependant avec prudence d’après Jessica Caldwell. La directrice exécutive du cabinet d’études Edmunds cite la poursuite de la hausse des taux d'intérêt, l'inflation et l'incertitude économique comme « des vents contraires susceptibles d'entraver une reprise rapide ». Le crédit-bail continuera ainsi d'être hors de portée des consommateurs alors que les offres deviennent de plus en plus difficiles à trouver. La location est devenue de plus en plus chère, car les stocks tardent à se rétablir et les taux d'intérêt restent élevés. Les ardeurs sont vite calmées…

Muriel Blancheton
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