F. Katsardis (Temot) : «Une évolution darwinienne a démarré pour l’écosystème»

Temot devrait clôturer l’année avec 102 actionnaires [N.D.L.R. : 98 en 2021] avec un chiffre d’affaires d’environ 14 Md€ [13 Md€ en 2021]. Mais plus important que les revenus, ce sont les volumes d’achat réels pertinents des actionnaires et le degré de leur conformité aux partenaires commerciaux. Et Temot a fait de gros progrès dans cette direction, avec une augmentation de la part des portefeuille des fournisseurs stratégiquement importants et performants sur le plan opérationnel.

Il est probable que nous nous dirigeons vers un marché secondaire plus complexe et difficile à gérer et à surveiller. Les améliorations attendues de la chaîne d’approvisionnement ne se sont pas encore concrétisées et l’on constate les premiers signes de ralentissement. Si cela devait persister, l’aftermarket pourrait entrer en récession, ou tout au moins générer une croissance inférieure à l’inflation réelle. Faire face à cette complexité sera l’atout pour les acteurs clés.

Les actionnaires de Temot ont été touchés comme le reste du marché. Nous pouvons absorber une partie des hausses de prix mais pas plus. L’inflation est importante dans ce sens car elle frappe le plus durement les personnes à faible revenu, influençant également le marché secondaire. On ne parle pas uniquement d’augmentations de prix des fournisseurs qui ont été épouvantables et bien supérieures au taux d’inflation, mais d’une inflation générale des coûts de fonctionnement des PME européennes, l’épine dorsale de l’économie. C’est un problème clairement existentiel.
 

Nous pouvons être certains que le marché secondaire connaît des augmentations beaucoup plus élevées que l’OE. Sur l’année glissante, en septembre on relatait en Allemagne des augmentations de l’ordre de 14 % pour les filtres, 12 % sur les plaquettes de frein ou encore 23 % sur les pompes à eau. Des hausses dépassant largement l’inflation, et je doute que les fournisseurs aient pu imposer ces augmentations aux constructeurs.

En fait, nous sommes dans la période macroéconomique la plus chaotique, la plus risquée et la plus difficile à prévoir depuis des décennies. Une nouvelle phase darwinienne de l’évolution en mode accéléré a commencé, avec au bout la survie du plus fort. Nous ne nous adapterons que si nous avons une organisation compacte, homogène, suffisamment compétitive et remplissant sa fonction sociale et économique à valeur ajoutée.