Franck Baduel, AAG : « 2024 est une année à risque où seule l’excellence paiera »

Franck Baduel : En croissance externe, par des investissements sur la maintenance de l’outil industriel et par des financements de projets ! Nous totalisons ainsi vingt-cinq rachats dont cinq distributeurs en France, sept au Benelux, un en Allemagne, une dizaine d’entreprises au Royaume-Uni dont CAAR Limited (CAAR), groupe commercial anglais de 300 membres, ou encore Gaudi (100M€, 350personnes), qui vient consolider nos positions en Espagne après les achats stratégiques de Lausan et Soulima. Nous avons ensuite énormément investi sur la refonte logistique d’Alliance Automotive Group avec la plateforme First à Paris qui doit être opérationnelle début 2024, mais aussi en Espagne avec l’ouverture en avril prochain d’un «méga hub» de 18000 m² à Torrejón de Ardoz afin de couvrir la péninsule ibérique en J+1.Nous avons financé la plateforme à Sheffield en Angleterre (ouverture en 2025), étendu celle des Pays-Bas, sans oublier l’Allemagne avec notre plateforme de 26000m2 dédiée aux pièces d’origine des constructeurs hors BMW. Celle-ci devrait ouvrir en juin. Enfin, nous avançons sur notre feuille de route digitale avec la refonte de nos systèmes informatiques. Nous achevons la mise en place de nouvelles solutions dans notre cœur névralgique informatique basé aux Pays-Bas avec une solution de catalogues électroniques multimarques et multiproduits (pièces, pneus, consommables) croisés entre tous nos fournisseurs européens. Nous allons également déployer des générateurs de leads pour générer du flux dans nos ateliers européens – déjà actifs dans deux pays – ainsi qu’un module de réparation et de maintenance pour qu’ils puissent travailler avec les grands comptes.

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Nous poursuivons simplement notre chemin dans une année performante pour toute la distribution d’ailleurs, largement aidée par l’inflation. Sur ce point, je reste prudent car elle n’a pas été égale pour tous selon les pays, pouvant varier du simple au double (+10% en Allemagne et au Benelux, +5% en Espagne et au Royaume-Uni). Nous assistons à une forme d’homogénéisation de l’inflation qui décélère depuis mai 2023. En France, nous devrions terminer l’année autour de+5%.  Soyons honnêtes, nous avons tous navigué au travers de l’inflation, personne n’a souffert ! Les taux de service des fournisseurs sont revenus dans la norme des 90% (95% pour le segment A), hormis certains sur quelques lignes de produits, donc à la marge. Seule la hausse des coûts énergétiques reste un challenge. Même s’ils ont diminué, ces coûts demeurent encore disproportionnés. Il n’empêche qu’AAG est positionné en première ou deuxième position dans chaque pays, hors l’Allemagne (n°3).

Disons que ces deux territoires sont un tremplin pour tout! Nous avons racheté deux très belles entreprises (Lausan en Espagne, Soulima au Portugal) et nous leur apportons un soutien logistique supplémentaire voire nécessaire pour se développer sur un marché en pleine croissance. Ce marché est extrêmement dynamique et nous manquions de place pour stocker des gammes additionnelles et élargir le portefeuille produit et les fournisseurs. NAPA fait partie intégrante de cette stratégie bien que nous ayons déjà lancé cette marque début 2023. Nous devrions démarrer l’année avec toute l’offre au catalogue. En Europe, nous devrions dépasser les 440M€ de CA rien qu’avec NAPA. Ce qui suppose de faire encore mieux en 2024… 
 

Il s’agit d’un modèle régional français qui répond à un besoin spécifique français [N.D.L.R.: plateforme dédiée aux pièces de grandes ventes avec livraison en une heure, proche des grands centres urbains]. Mais il est déjà appliqué ailleurs sous certains aspects ! Certaines entités basées en Europe fonctionnent déjà, plus ou moins, sur ce modèle. Les marchés sont tous tellement différents qu’il ne peut s’agir que d’une application par dose homéopathique. Mais en effet, pourquoi pas dans l’absolu ?

C’est un axe de développement clair pour AAG, c’est certain! Nous avons doublé notre activité grands comptes en Europe depuis trois ans. Une activité adressée aux clients traditionnels comme les centres autos ou réseaux spécialisés de manière générale…mais aussi des acteurs émergents comme les loueurs ou les assureurs ! C’est un axe que nous développons fortement car la concentration est aussi très présente chez eux. Il suffit de voir le rachat de LeasePlan par ALD Automotive, donnant naissance à un géant mondial de la location à la tête d’une flotte de plus de 3 millions de véhicules dans le monde ! Ils nouent des partenariats avec des acteurs de la réparation comme nous, ayant au minimum une empreinte européenne. Nous sommes de plus en plus sollicités pour l’entretien de leurs parcs, voire pour les accompagner dans leurs implantations locales.
 

Nous totalisons 450 garages certifiés dans le monde (dont 400 en Europe), soit un peu moins que les 500 annoncés l’an passé. Pas de précipitation ! Faire du volume est contre-productif. Nous sommes sélectifs car nous avons du temps pour préparer nos réseaux à l’électrification, les former et les certifier correctement. L’accueil est positif auprès des ateliers et nous sommes surpris par certains pays plus enclins que d’autres : treize ateliers apposent déjà le panneau Nexdrive en Pologne, alors que le parc VE viendra tardivement sur son territoire. Mais les garages polonais veulent se démarquer avec une réponse immédiate pour les flottes.
 

Ils le sont – les chiffres sont régulièrement officialisés – et l’Europe est bien positionnée dans l’environnement de GPC! Le groupe américain laisse à l’équipe européenne la charge du management, des clients, du développement commercial pour chaque pays. Et pour faire taire certaines rumeurs, je précise que le remaniement opéré en France l’an passé n’a pas été motivé par un manque de rentabilité du périmètre français.

Pour l’instant, nous sommes toujours calés dans notre plan stratégique Vision 2025, nous sommes même en avance en volumétrie et en rentabilité. Nous avons dépensé beaucoup plus qu’escompté en croissance externe – ajout de l’Espagne par exemple – mais notre appétit ne faiblira pas. Le Plan 2025 a déjà muté en Plan 2030 ! En revanche, l’année 2024 pourrait être un point de passage compliqué et un certain nombre d’acteurs pourraient déchanter. L’inflation de ces trois dernières années a masqué une certaine réalité qui pourrait nous rattraper au galop. Nous avons tous lutté au mieux contre des macro-facteurs (pandémie, coût des matières premières et énergétiques, conflit russo-ukrainien), mais ils étaient indépendants de nos environnements. Nous entrons dans une période où l’inflation est toujours là, les taux d’intérêt sont encore hauts et les économies des pays sont dans le rouge, réduisant leurs marges de manœuvre. Dans ce contexte, le pouvoir d’achat du consommateur est contraint et la chaîne de valeur, pour l’automobile, est déjà en tension dans son intégralité. Je rappelle que l’Allemagne et le Royaume-Uni étaient en récession il y a encore quelques mois. 2024 est une année à risque où seule l’excellence paiera.

Chiffres clés 
• 3,4Md€ de CA 
• 780 filiales, 2500 points de vente 
• 9 pays européens

Lire l'Atlas international 2024 de la distribution IAM