Hutchinson : «Nous attendions une accélération de la croissance»

Éric Leroy : 2021 a été caractérisée par une belle reprise post-Covid et en 2022, nous attendions une accélération de la croissance, mais le conflit russo-ukrainien nous a rattrapés. Nous avons arrêté immédiatement tout business avec la Russie. Le conflit touche également fortement les pays limitrophes, qui ont enregistré un ralentissement brutal non anticipé. En parallèle, les hausses des prix de l’énergie et des matières premières ont pesé sur les coûts de production de nos usines et sur nos prix d’achat. De plus, le phénomène de pénurie a généré de la tension sur la supply chain. Enfin, la forte inflation enregistrée a généré une baisse de pouvoir d’achat des automobilistes, qui ont été amenés à faire des arbitrages dans leurs dépenses. Donc 2022 a été moins prospère qu’attendu.

Benoît Mérigaud : Les clients s’orientent de plus en plus vers des produits premier prix, low cost. L’attrait de la marque reste important sur les fonctions vitales comme la distribution, mais sur d’autres familles de produits, c’est différent.

É. L. : Les énergies et les matières premières ont subi des hausses massives. Étant sur un marché très concurrentiel, il est difficile d’augmenter les prix brutalement, mais une entreprise doit être rentable. Donc nous avons mis en place un plan d’économies de manière à limiter les hausses pour nos clients. Nous avons négocié durement avec nos fournisseurs. Toutefois, après des années de tendance à la baisse de prix, la période est à la hausse et nous avons dû en répercuter une partie sur nos clients. Mais penser qu’un équipementier d’origine utilise les distributeurs comme variable d’ajustement est une intox. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire l’impasse sur des hausses à la première monte compte tenu des fortes augmentations des tarifs énergétiques et de matières premières. Ceci dit, la rechange est un marché fortement concurrentiel, où nous devons être compétitifs tout en étant rentable.

É. L. : Nous pensons que le marché de la rechange indépendante est plus ou moins couvert pour les dix années à venir, en raison du parc automobile thermique existant. La décision de l’Union européenne de bannir le moteur thermique émettant du CO2 en 2035 a déjà un impact sur l’OE, qui produit davantage de véhicules hybrides et électriques. Les véhicules thermiques seront de moins en moins bienvenus dans les grandes métropoles, alors qu’ils resteront probablement indispensables dans les campagnes. Concernant la bascule vers le 100% électrique : sera-t-elle aussi rapide qu’annoncé ? Quelques semaines après les communiqués européens, Thierry Breton, Commissaire Européen au marché intérieur, a émis des doutes sur le timing. Nous sommes optimistes pour la suite. Nous avons la chance d’appartenir à un grand groupe industriel, qui travaille sur la transition énergétique. Nous avons déjà et aurons de plus en plus de nouveaux produits adaptés aux nouvelles technologies.

B. M. : Il y a un grand questionnement des distributeurs par rapport à l’électrique, même s’il nous reste de belles années de vente sur le thermique. Mais nous devons leur montrer que nous aurons les solutions pour aborder ce virage et les aider à le négocier : nous travaillons déjà sur de nombreuses pièces spécifiques dédiées au véhicule électrique.

É. L. : Nous accueillons dans l’équipe un nouveau responsable marketing aftermarket. Il va contribuer à doper notre visibilité (pub, presse, salons, data, …), notre présence terrain et le lancement de nouveaux produits. Nos objectifs : faire vivre nos gammes existantes en transmission et antivibratoire en introduisant des compléments de gammes; faire un effort particulier au premier semestre afin de valoriser nos offres pour véhicules hybrides et électriques.