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M. van der AA, Forvia Hella : « Restructurée, notre organisation aftermarket est solidifiée pour l’avenir »

Caroline Ridet
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VAN DER AA Marco HELLA GUTMANN

Après la fusion avec le groupe français Faurecia, l’Allemand Forvia Hella pousse ses avantages d’une organisation musclée bicéphale OE-IAM pour étendre son empreinte européenne mais aussi internationale. Des défis, mais surtout des opportunités expliqués par Marco van der Aa, directeur des ventes internationales HELLA GUTMANN.

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Comment s’est déroulée 2024 pour Hella ?

Marco Van Der Aa : Nous avons constaté des différences de dynamique pour les différents domaines que nous servons (outils de diagnostic et Adas, éclairage, systèmes d’échappement, éclairage…). Les ventes d’outils de diagnostic se développent bien en hardware comme en software avec l’activité logiciel, portée par la qualité de nos licences et l'étendue de nos données. En revanche, si notre activité « système d’échappement » a été portée par une forte demande de filtres à particules (FAP) en 2023, notamment en Allemagne, en raison d'une législation sur le test des filtres à particules diesel, nous n'avons pas vu le même niveau de ventes en 2024. Et puis, nous avions un bel espoir sur l’activité liée aux véhicules électriques. Cependant, les hésitations constatées chez les consommateurs ces derniers mois n’ont pas permis le décollage attendu, car les ateliers hésitent à investir dans les équipementiers dédiés. 

Comment anticipez-vous 2025 ?

M. V.D.A : Nous misons beaucoup sur nos équipements de calibration Adas avec le lancement du nouveau CSC-Tool X 20, entièrement numérique. Avec cette version, nous sommes en avance de phase par rapport à la concurrence. Le lancement de telles innovations nous permet donc d’être optimistes. D’autant que de façon générale, le marché des pièces de rechange se porte bien. Nous bénéficions d’un parc vieillissant et de la montée en puissance de la notion de durabilité. Et qu’est-ce qui est plus durable que de faire durer le parc en l’entretenant ? En revanche, je suis plus préoccupé par la situation des garages, confrontés à un inquiétant problème de recrutement de techniciens.

L’écosystème IAM risque-t-il d’être impacté par la situation géopolitique actuelle ?

M. V.D.A : Effectivement, les restrictions liées à la guerre russo-ukrainienne nous ont déjà fait perdre des affaires dans cette région. Et maintenant s'ajoutent les tensions au Moyen-Orient. Forvia Hella est installé à Dubaï et si les ventes restent stables pour l’instant, la situation commerciale commence à se tendre. À dire vrai, cela est plus compliqué pour nos collègues de l’OE qu’en pièces de rechange ou en équipements, où le marché reste porteur là-bas également. Et vous le savez : lorsque l’OE freine, l’IAM accélère !

Quels sont vos marchés les plus porteurs ?

M. V.D.A : Logiquement l’Europe, où nous sommes historiquement forts, du fait notamment que nous sommes fournisseurs en OE, ce qui tire vers le haut notre activité pièces de rechange. Nous y constatons toujours une croissance saine, avec une progression de nos parts de marché chez les grands acteurs [N.D.L.R. : les groupements paneuropéens] que nous avions stratégiquement choisi de cibler il y a quelques années, et cela porte ses fruits. L’Amérique latine, notamment le Mexique ou le Brésil, est un marché en plein essor pour nous.

Quid des marchés asiatiques ?

M. V.D.A : Nous avons une société de vente à Singapour, en Inde, en Australie et en Nouvelle-Zélande. L’Asie va représenter une belle opportunité pour notre groupe dans les années à venir. Notre force est que regroupés au sein de Forvia, nous sommes aidés par une forte présence de Faurecia et la consolidation de nos portefeuilles produits. L’autre bonne nouvelle est que le groupe gagne des appels d’offres avec des constructeurs chinois. Travailler avec ces acteurs est évidemment un objectif, car personne ne peut nier qu’ils gagnent du terrain rapidement, en Chine mais aussi en Europe. Et si toutes les marques de voitures chinoises ne survivront pas, certaines vont sans aucun doute devenir très puissantes. Nous, Européens, pouvons apprendre beaucoup des Chinois en termes de rapidité de développement. Et en bout de course, en IAM nous voulons également intégrer les pièces de ces véhicules chinois à notre catalogue.

Un équipementier européen peut-il gagner face à ses concurrents chinois ?


M. V.D.A : En Chine, il est compliqué de s’aligner en termes tarifaire sur des marques de pièces alternatives de qualité inégale. Mais avec nos produits, nous apportons plus que du prix. Sans oublier qu’en Chine, le parc roulant est encore très européen et il y a une demande pour du service après-vente de la rechange indépendante. Nous recherchons à offrir une réelle valeur ajoutée à ceux achetant du Hella. C’est un défi, mais c’est aussi un grand marché pour nous.

La consolidation dans la holding Forvia représente-t-elle un avantage stratégique ?

M. V.D.A : C’est une évidence pour l’activité « Équipement d'origine ». Et si effectivement Faurecia présente beaucoup de produits intéressants pour notre portefeuille de pièces de rechange, il faut être patient et ne pas faire l’impasse sur l’incompressible durée du “time-to-market” (passage de l’OE à l’IAM).  Mais, cette fusion nous donne accès à une offre de pièces électroniques remanufacturées, développée par des ateliers français de Faurecia. C’est une opportunité pour nos clients IAM.

Vous n’avez donc pas déjà de démarche éco-circulaire ?

M. V.D.A : C’est une question que l’on nous pose de plus en plus en tant que fournisseur. Nous sommes en négociation sur ce sujet avec des constructeurs. Nous avons d’ailleurs présenté notre premier phare LED réparable Il en va de même pour les produits « Reman », avec une gamme d’étriers de frein reconditionnés dans notre portefeuille. La question est la suivante : est-ce que le reman vaut vraiment la peine d’investir davantage, compte tenu des coûts associés aux garanties et aux dépôts (retour des anciens matériaux) ? Il faut vraiment comparer son empreinte CO2 de bout en bout et ensuite décider. La tendance actuelle nous pousse bien sûr dans cette direction, et nous déciderons pour chaque groupe de produits quelle sera la meilleure solution. C’est pourquoi nous avons décidé de conserver notre nouvelle gamme S&A, car de bout en bout, c’est plus respectueux de l’environnement que le reman dans ce cas. En termes d'éco-circularité, nous voyons un rôle important pour l'IAM. En fin de compte, en termes d'empreinte CO2, il est bien plus avantageux de garder notre parc de véhicules plus longtemps sur la route que d'introduire massivement de nouveaux modèles.

Notre objectif est de maintenir ces parcs de véhicules dans des conditions sûres et propres et souligne notre vision IAM : « nous protégeons la valeur ». Nous le permettons également via notre support Hella Gutmann pour aider les garages à faire face à la complexité accrue et à garantir qu'ils auront également accès aux voitures plus récentes, avec notre service à distance, nos solutions de gestion de la cybersécurité et nos systèmes de mesure haute tension.

La technologie électrique : un risque ou une opportunité ?

M. V.D.A : Dans le portefeuille Hella, 90 % de nos produits peuvent être montés sur un véhicule à moteur à combustion ou électrique. De même, de nouveaux modèles commerciaux apparaîtront, auxquels nous pourrons nous adapter via nos solutions numériques (catalogue électronique, remote diagnostic…). Avec nos équipements Hella Gutmann, nous fournissons déjà un écosystème complet pour l'atelier qui, étape par étape, s’enrichit de process pour le véhicule électrique. Nous travaillons également sur des process de réparation des batteries. Beaucoup d’opportunités existent donc. Une chose est sûre, cela deviendra plus compliqué, plus spécialisé. Le seul frein préoccupant est de trouver les techniciens compétents pour nos clients garagistes.

Comment appréhendez-vous les turbulences actuelles chez les constructeurs et certains équipementiers ?

M. V.D.A : En tant qu’industriel, nous ne pouvons pas dire que la situation actuelle n'a pas d'impact sur nous. Par conséquent, nous examinons nos régions et notre mix de clients. Nous savons que nous devons nous renforcer en Chine et examinons de manière critique notre base de coûts en Europe. Si vous voulez rester en bonne santé, il faut savoir s’adapter avant la tempête. Reste que pour un équipementier, il est d’autant plus important aujourd’hui d’avoir une solide structure aftermarket. C’est le cas chez Hella Gutmann. Nous avons déjà procédé à une restructuration et maintenant nous pouvons nous concentrer sur le développement commercial.

Caroline Ridet
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