« On a la niaque d’y arriver »
À quelques semaines du grand départ et après quelques déboires chacune de leur côté, Cécile Sinquin et Nadia Bettar se sont (enfin et bien !) trouvées.
Un équipage « recomposé » et binational auquel il n’aura fallu que quelques minutes au téléphone pour décider de foncer ensemble vers l’aventure ! La raison est simple : les deux Gazelles partagent la même spontanéité et la même détermination.
Racontez-nous comment a démarré l’aventure du Rallye Aïcha des Gazelles ?
Cécile : Je me suis engagée dans ce projet-là en avril-mai 2023, avec une amie que j’avais rencontrée lors d’un voyage solo au ski. Je lui ai proposé qu’on fasse le Rallye ensemble et elle a accepté. À partir de ce moment-là, je me suis engagée à 100 % dedans. En cours de préparation, nous avons eu des désaccords. Nos objectifs n’étaient plus alignés. Finalement, en décembre dernier, après plusieurs discussions, nous avons décidé de nous séparer. Je devais faire en sorte de trouver une nouvelle coéquipière et j’ai bénéficié d’un soutien assez fort de la part des équipes du Rallye et de l’ensemble de mes sponsors qui m’ont assuré de leur soutien même si ma participation était repoussée à 2025. J’ai donc attendu quelque temps pour voir si une autre Gazelle se trouvait dans une situation similaire. C'est là qu’est arrivée Nadia, c’est un joli concours de circonstances !
Nadia : Tout à fait ! J’aime nous appeler un « équipage recomposé » ! Pour ma part, le rallye, c’est un rêve de petite fille et depuis 2010, je souhaite le concrétiser. Mais, j’ai été confrontée à des problématiques de budget, d’emploi du temps et de coéquipière avec des objectifs différents. Lors de ma dernière tentative, quand je me suis inscrite avec mon amie d’enfance, je me suis rendue compte au fil du temps que nous n’avions pas la même énergie. J’avais réussi à trouver la moitié du budget, mais le reste ne suivait pas. Nous avons donc arrêté et pour tout vous dire, j’avais perdu le punch et la motivation. J’ai appelé l’organisation pour les prévenir que je renonçais, car je n’y croyais plus… Là, on m’annonce qu’une autre Gazelle cherche aussi son binôme. Nous nous sommes donc appelées avec Cécile et très vite, j’ai réalisé que nos énergies étaient alignées ! Sans nous rencontrer physiquement, parce que j’habite à Casablanca et Cécile à Paris, nous avons décidé de partir ensemble cette année. Tout est allé très vite et de manière très spontanée. Je crois que chacune a trouvé dans l'autre ce qu’elle cherchait en sa coéquipière.
Quelles causes allez-vous soutenir ?
Cécile : Là aussi, nous partageons les mêmes valeurs. Je soutiens pour ma part l’association Africa Aid’Education. C’est une association qui se bat pour émanciper la femme par l’éducation, notamment au Togo, au Bénin et au Sénégal. Cela passe par des chantiers solidaires, du parrainage pour les fournitures scolaires et de la sensibilisation in situ auprès des chefs de villages ou de communautés. L’objectif est de leur faire prendre conscience que, de l’éducation de la fille, de la femme, découle l’éducation de toute la famille. C’est l’un des meilleurs chemins pour toucher l’ensemble de la société. Et, pour moi, c’est une réponse à l’ensemble des problématiques sociétales. C’est ainsi qu’on peut faire évoluer la société.
Nadia : En effet, nos causes se rejoignent. Depuis ma première inscription en 2023, j'ai eu à cœur de soutenir les femmes du Darfour, une région que j'ai découverte lors de mes projets professionnels. J’ai été marquée par la résilience et la force de ses femmes, qui jouent un rôle central dans la société. Ce sont des femmes actives qui s'occupent à la fois des enfants et de la maison, mais aussi qu’on retrouve dans différents domaines allant du pâturage et la collecte de l’eau et du bois, jusqu’à des activités professionnelles dans les secteurs industriels, médicaux, administratifs et autres. Malgré un accès moins équitable à l'éducation. Depuis mon voyage initial, une guerre a éclaté au Soudan, suivie de plusieurs conflits communautaires et tribaux au Darfour. Je suis retournée récemment au Darfour de l’Ouest, à la ville de Geneina, avec l’objectif d’évaluer la situation humanitaire et d’écouter les besoins de la population et particulièrement des femmes. J'y ai retrouvé des femmes déterminées à reconstruire la province et à restaurer la paix. J’ai découvert aussi une population qui manque affreusement de nourriture et où un grand nombre se déplace pour fuir la famine. Mon objectif est de les aider à mettre en œuvre de petits projets qui vont booster leur autonomisation et leur capacité à supporter leurs familles, à avoir accès à des ateliers de formation sur la coexistence pacifique, ainsi que d’encourager les organisations humanitaires à apporter du soutien en matière de denrées alimentaires et de support médical à la région. Surtout qu’avec la guerre, la région souffre d’une isolation terrible.
Comment a démarré votre aventure avec BCS et que vous apporte la team ?
Cécile : Tout simplement, par une connaissance de connaissance, mon dossier de sponsoring s’est trouvé dans les mains des équipes de Bosch qui ont accepté de me suivre. Très vite, cela a été un soulagement, car la team BCS fournit énormément d’informations sur le déroulement du Rallye, comment se passe concrètement une journée sur place, où et comment aller chercher des sponsors, etc. Dans la team, certaines Gazelles ont fait six fois le Rallye, d’autres font différentes courses de ce type, et il y a une super ambiance et une véritable entraide. Ludivine nous suit très régulièrement, avec des « call », cela va tellement plus loin qu’un simple soutien financier, ça donne une autre dimension au Rallye.
Nadia : Dans la préparation du Rallye, il y a beaucoup de moments de solitude, où on se pose des questions, et avec la team, on retrouve des futures Gazelles qui partagent les mêmes craintes, qui posent les mêmes questions. Il y a ce partage d’expérience aussi, notamment sur les aspects mécaniques du véhicule et enfin, c’est un vrai support psychologique. La team, c’est l’événement avant l’événement, c’est du palpable, du concret, grâce à cela, on se projette de manière encore plus forte !
Votre sentiment à quelques semaines du départ ?
Nadia : Je suis vraiment très sereine, j’ai vraiment hâte, je suis impatiente de partir et ça, c’est grâce à Cécile. Depuis notre rencontre téléphonique, c’est un changement à 180 degrés que je ressens dans mon énergie. Vivement le mois d’avril ! Mais, avant cela, nous allons nous rencontrer physiquement lors du stage de pilotage dans le désert. J’attends ces huit heures de trajet que nous allons vivre ensemble pour apprendre à nous connaître, pour échanger.
Cécile : Pour ma part, ça change d’une heure à l’autre, il y a des moments où je suis complètement flippée, et d’autres où je me dis que c’est une expérience absolument formidable, que ça va être exceptionnel. C’est un peu fatigant émotionnellement, même si je crois que ça fait partie de la préparation. Il faut dire aussi que je suis fondamentalement de nature angoissée. Cependant, depuis que je fais équipe avec Nadia, il y a eu comme un changement de mentalité de mon côté, avec la confiance qui s’est engagée. Je m'aperçois que l’équilibre est plus facile à deux et ça fait du bien. Nous sommes aussi deux aventurières, on aime vivre à fond. Nous sommes aussi passionnées par les sports extrêmes, en bref, on a la niaque d’y arriver !