Purflux Group en conquête
Depuis sa sortie de Sogefi Group en juin dernier, le spécialiste de la filtration joue désormais sa partition en toute indépendance. Alliant une expertise de plus de 40 ans à une ambition débordante d’un jeune groupe fraîchement émancipé, Purflux Group dénote dans un écosystème où certains misent plutôt sur la défensive…
« Un non-événement » : telle avait été la réaction de Julien Grange, CEO de Purflux Group, interrogé sur Automechanika Francfort – première apparition internationale du jeune groupe désormais indépendant de Sogefi. Un non-événement dans le cadre duquel le spécialiste de la filtration a misé sur une transparence totale avec ses clients : « Une transition sans heurts, permise par une parfaite continuité de l’offre produits, de l’outil industriel et des équipes sur le terrain », avait-il précisé. Mieux : la structure s’est étoffée pour s’orienter encore davantage vers les clients, avec une chaîne de décision plus courte – et donc plus agile – que par le passé.
Le premier bilan après six petits mois est donc plutôt solide : « La dynamique est bien là en IAM comme en OE, malgré la morosité ambiante et un certain attentisme dû à de multiples incertitudes économiques et/ou géopolitiques, mais nous gagnons des parts de marché ! », confirme Pierre-Henri Tinet, directeur marketing et communication de Purflux Group. Une dynamique d’autant plus rafraîchissante à l’heure où se multiplient les annonces de fermetures d’usines, que l’équipementier envisage plutôt d’en ouvrir de nouvelles et ce, après avoir déjà augmenté ses capacités de production avec de nouvelles lignes sur ses sites existants !
Bien campé sur ses marchés
Cette dynamique est permise par une ventilation de son activité assez également répartie entre OEM, OES et IAM. Un savant équilibre faisant office de filet de sécurité face aux à-coups de marché actuels sur les ventes de véhicules. Car à l’heure où les volumes de production sont plutôt orientés à la baisse, les équipementiers trop dépendants à l’OE sont particulièrement exposés dans cet environnement très incertain. « On ne parle plus de développement de nouveaux moteurs thermiques – du moins en Europe –, tout bascule sur l’électrification ; les investissements réalisés par les équipementiers deviennent alors très difficiles à amortir… Et à l’autre bout du spectre, les acteurs exclusivement IAM risquent, s’ils n’anticipent pas suffisamment, de ne pas pouvoir suivre une rupture technologique qui va avoir à terme un très fort impact sur leur activité. » Et cette fragilité chez certains peut potentiellement créer une situation propice à une phase prochaine de consolidation, selon le directeur marketing. Après DRiV ou le rapprochement de Faurecia et Hella donnant naissance à Forvia, certains acteurs du marché pourraient ainsi se rapprocher en vue de s’offrir une taille critique qu’imposent les mutations actuelles du marché. « Considérer l’IAM comme un pilier de développement à part entière est un axe stratégique fort pour Purflux Group, tout comme garder un pied en première monte pour conserver un leadership technologique qui, en aval, légitime notre position sur les marchés de la rechange (OES et IAM) », réaffirme ainsi Pierre-Henri Tinet. Solide financièrement et en phase de conquête commercialement, le spécialiste de la filtration ne s’interdit rien en matière de croissance externe, qu’il s’agisse de son cœur de métier comme de nouvelles gammes de produits.
L’Inde, un marché porteur
Si l’Europe est un marché mature, il reste solide et Purflux Group demeure l’un des leaders sur le marché de la filtration en continuant d’enregistrer de la croissance, « notamment en France, notre marché domestique, mais également en Scandinavie, ou encore l’Europe de l’Est où la croissance du groupe est à deux chiffres », note-t-il. Des résultats toutefois davantage synonymes de performance commerciale que d’un marché de la filtration en plein essor… Purflux Group continue également de se développer sur la région Afrique et Moyen-Orient, même si les marchés sont très disparates. Les marchés sont en outre en train de se structurer et donc avec encore un fort potentiel de développement.
Sur la région Asie, Pierre-Henri Tinet note en revanche une très belle dynamique en Asie du Sud-Est ainsi qu’en Inde, où l’équipementier pousse ses pions avec trois sites de production et fournit les constructeurs locaux (deux et trois-roues notamment). « L’Inde est clairement un marché d’avenir et devrait rapidement devenir majeur. D’ailleurs, Purflux Group a lancé cette année l’activité aftermarket dans ce pays », précise-t-il.
L’électrification, nouvelle arme pour le SAV des constructeurs ?
Face à la chute généralisée des ventes VN, le parc thermique va non seulement vieillir, mais ce vieillissement devrait s’accélérer, selon le directeur marketing et communication Purflux Group. « En Europe par exemple, l’âge moyen du parc devrait prendre trois voire quatre ans de plus d’ici 2035, pour atteindre 15/16 ans voire davantage selon les pays ! » L’aftermarket pourra ainsi vivre à travers l’entretien de ce parc toujours plus âgé.
Mais on assiste à des initiatives des constructeurs sur ce même marché : Distrigo depuis dix ans, plus récemment l’accord BMW-AAG en France… Cela a pu rebattre les cartes en décloisonnant les segments OES et IAM. Ils essaient de reprendre la main sur l’entretien au-delà de la période de garantie. Dans ce cadre, l’un des leviers pour les réseaux de marque sera vraisemblablement l’arrivée dans le parc des véhicules électriques : « La marche technologique étant haute, cela pourrait les mettre un peu à l’abri des réseaux multimarques indépendants. Et ce sera l’un des principaux enjeux du marché de demain : qui des RA1/RA2 ou réparateurs indépendants seront les mieux armés pour intervenir sur ce parc nouveau ? Et au niveau supérieur, le challenge sera le même : à l’heure où les frontières deviennent de plus en plus poreuses, qui de la distribution des constructeurs ou de la distribution indépendante sera capable de capter les commandes de ces clients-là ? On voit bien que les réparateurs, qui seront en première ligne sur ce sujet, sont fortement incités par les distributeurs et leur tête de réseau à se former à ces nouvelles technologies ! La rechange indépendante ne peut ni ne doit passer à côté de ce virage ! », estime Pierre-Henri Tinet.
Purflux Group avance donc sur ce dossier et dispose d’une offre de filtration sur diverses fonctions telles que le refroidissement de la batterie ou la filtration de la pression d’air contenu dans la batterie ; pour la technologie hydrogène, Purflux Group propose également la filtration de la charge ionique de la pile à combustible, la filtration lors de la séparation d’eau… Mais quelle que soit la motorisation, des fluides doivent être filtrés, avec une exigence croissante des performances. Et s’il est encore un peu tôt pour connaître les véritables retombées de ces technologies en aftermarket, un “systémier de la filtration“ comme Purflux Group a encore, en IAM comme en OE, de beaux jours devant lui !