Roberto Caravati, Brembo : « La concentration apporte de la discipline au marché »

« 2022 a de nouveau été une très bonne année pour le Groupe Brembo, malgré l'environnement macroéconomique complexe que nous vivons. Dans l'activité IAM, nous n’avons pas trop souffert des pénuries de produits dues aux matières premières et au fret maritime car nous produisons la plupart des disques que nous vendons, contrairement à nos concurrents. Bien sûr, nous avons connu quelques ruptures liées aux coûts de transport et énergétiques. Mais nous avons pu maintenir notre rentabilité en rééquilibrant et en mutualisant la production entre nos huit sites mondiaux (OE/IAM) dont seulement deux en Chine; le reste est en Europe et en Amérique du Nord. »

« Elle n’en est qu’à ses prémices en Europe. Nous sommes encore loin du modèle américain où quelques consolidateurs ont acquis une présence importante sur le marché (Autozone, O’Reilly et GPC/NAPA entre autres). Pour les équipementiers, c’est une opportunité car les grands distributeurs cherchent des marques fortes et connues. Entre distributeurs et fournisseurs, tout l’enjeu réside dans l’équilibre des relations. Aujourd’hui, en Europe, nous servons de grands groupements (PHE, LKQ, SAG, Mobivia, etc.). Pour accompagner la distribution, nous disposons d’une équipe de Regional Account Managers afin d'assurer la coordination et d’apporter du contenu marketing, du support technique, des tournées… La concentration apporte de la discipline au marché, un pricing harmonisé, de meilleurs services aux consommateurs… Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir des prix différents entre l’Italie et la France, la Pologne ou la Belgique par exemple. Les frontières sont tombées et nous vendons sur un véritable marché paneuropéen. »

« Les données macroéconomiques sont anxiogènes : il suffit de regarder le taux d'inflation en Europe (+ 10 % environ au cours des douze derniers mois) avec une perspective pour 2023 de + 6 % environ. Avec ces chiffres, on peut s'attendre à ce que la contraction de la demande prenne forme. La vraie question est « le consommateur final, qui supporte le poids de l'inflation, peut-il le prendre entièrement sur ses épaules ? Et si oui, pour combien de temps ? » Néanmoins, je reste positif pour 2023 pour nos développements en Asie-Pacifique et aux Etats-Unis, les crises énergétiques actuelles et les fortes inflations impactant surtout l’Europe. Le secteur auto au sens large a subi également les grandes tendances que nous connaissons comme l’électrification et la conduite autonome, la digitalisation et les nouvelles réglementations européennes pour réduire les émissions. Mais ces sujets ne sont pas préoccupants pour Brembo, ils représentent même une opportunité. Nous sommes déjà les fournisseurs des plus gros constructeurs de véhicules électriques. Et nous aurons l'opportunité de transférer ces pièces et le savoir-faire associé vers l’aftermarket. »