Exclusif : FARAL Automotive renaît

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Après deux années de fortes turbulences et un redressement judiciaire fin 2019, l’entreprise historique et presque centenaire, pilotée par la famille Hunaut, passe dans les mains de deux repreneurs, dont un ancien salarié. Leur dossier de reprise a été validé par le tribunal de commerce de Laval (53). Ils sauvent 49 emplois sur les 61 postes que compte le spécialiste en reconstruction moteur diesel sur les trois sites du groupe. Hubert Pothier était le directeur opérationnel, chargé de transformer l’outil industriel de FARAL dès 2018. Aujourd’hui, il en assume la présidence. Accompagné de Sébastien Le Rendu, son associé, également issu du monde industriel notamment en logistique, il explique les raisons de cette reprise et les orientations que doit absolument prendre la nouvelle entité. Entretien à deux voix.

FARAL a subi une perte de 30% de son activité sur deux ans, avec un passif monté à 1,3 M€, trop important pour être absorbé par son actif disponible. Quelles sont les raisons qui ont conduit Faral à un déclin si rapide ?

Hubert Pothier : Il y a eu plusieurs facteurs. D’une part, son axe historiquement consacré au reconditionnement des moteurs diesel de PSA et Renault. Donc très peu de diversification à proposer à nos clients distributeurs ! D’autre part, l’effet conjugué du DieselGate en 2015, suivi du Dieselbashing ambiant et les fortes incitations gouvernementales pour jeter son véhicule doté de cette motorisation. Effet domino : FARAL a perdu 20% de son CA entre 2017 et 2018 et autant en 2019 – pour atteindre 7,3 M€ - avec une agressivité commerciale de PSA sur l’échange standard de ses moteurs. Or cette même année, l’entreprise espérait rebondir en gagnant l’appel d’offre de PSA sur un nouveau contrat (FARAL était en lice avec les hollandais VGE et MRT), jusqu’en octobre 2019 où nous avons appris que nous n’étions pas retenus. Et ce malgré un investissement de 400 K€ réalisé en amont pour transformer l’outil industriel – et pour lequel j’ai été recruté – et qui devait répondre au cahier des charges du constructeur dans le cadre de cet appel d’offre. Le dossier de redressement judiciaire a été déposé fin novembre par l’ancien président, Eric Hunaut, qui y a cru jusqu’au bout, mais en vain….

Ce qui vous a motivé pour la reprise ?

Hubert Pothier : FARAL Automotive est réputée pour sa qualité. Il n’était pas question de laisser cette entreprise à l’abandon. Il fallait sauver l’outil industriel car nous avons immédiatement vu son potentiel, au-delà de l’affect. Je cherchais des repreneurs potentiels avec des investisseurs privés, et Sébastien Le Rendu que je connais par ailleurs s’est montré intéressé. Nous avons construit ensemble le dossier de reprise. Il faut également noter que pendant cette période trouble, aucun fournisseur ni client n’a lâché FARAL. Ce qui est très important ! Désormais, nous avons un business plan à trois ans, une feuille de route claire et millimétrée pour identifier les actions dans le temps et les quantifier.

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Quels sont vos plans de développement justement ?

Sébastien Le Rendu : Nous avons analysé chaque strate de la société, presque poste par poste, pour établir notre stratégie d’approche. Un certain nombre de corrections avaient déjà été entamées mais nous sommes allés plus loin encore. Par exemple, les achats et la logistique ont été revus et corrigés. Les niveaux de stocks étaient incohérents et pouvaient grimper jusqu’à six mois. Les achats pouvaient représenter jusqu’à 58% du CA ! Il fallait revoir ces ratios industriels. Notre analyse nous conduit désormais à mieux travailler par anticipation, pour que le stock arrive en corrélation avec la planification de production. L’objectif est d’assurer les 20/ 80 sur stock et de travailler le reste en flux tendu. En production, le réagencement des ateliers initié en 2018/ 2019 fait que nous récoltons peu à peu les fruits avec 40% de gain sur les temps gammes. Et nous en avons encore sous le pied. En commerce, nous devons travailler sur le taux de transformation de commande qui n’atteint que 15% (prix, rapidité, stock…), et notre taux de pénétration chez les clients. Certains ont des flottes et des ateliers sur lesquels nous ne sommes pas assez présents. Nous allons être plus « Push » vers ces derniers afin de susciter leurs intérêts avec des campagnes marketing par exemple, ce que nous ne faisions pas jusqu’à présent. Il faut développer le catalogue avec de nouveaux produits, travailler sur les injecteurs, sur de nouvelles boîtes, se diriger vers l’Essence... Autre piste, l’export, mais cela viendra dans un temps donné.

Cette reprise intervient en plein confinement anti Covid-19, comment gérez-vous cette situation inédite ?

Huber Pothier : Nous devons la gérer comme toutes les PME : Il faut communiquer vers les clients. Si le confinement dure, nous nous mettrons entre parenthèse avec le soutien de l’État et des partenaires bancaires, en attendant la reprise. Qui viendra c’est sûr, et qui viendra fort, nous en sommes convaincus !

Sébastien Le Rendu : Ce qui se passe me conforte dans l’idée que des mouvements de balancier vont se faire, notamment pour faire revenir de la production locale qualitative. Le « Tout pas cher » montre ses limites. Du Made In France et de l’économie circulaire qui est notre ADN depuis toujours. Et tout cela, nous allons le faire-savoir !

Muriel Blancheton