Le retard des constructeurs VI menace Toutenkamion Group
« Nous avons des commandes à honorer mais sans les châssis des camions, on ne peut rien faire ! Jusqu’à maintenant, nous n’avons pas de visibilité sur les approvisionnements. On nous parle de délais de cinq mois. C’est ce qui nous inquiète le plus pour les deux sites de carrosserie du Loiret et de l’Ain », déclare Stéphane Girerd, président de Toutenkamion Group à notre confrère La lettre Valloire. Alors que le carrossier industriel s’est battu pour se réorganiser et maintenir son activité en mode dégradé pendant le confinement, il n’a reçu aucun signe des fabricants de VI qui ont interrompus leur activité pendant deux mois. Il regrette d’autant plus amèrement l’interruption prolongée de leurs livraisons de poids lourd qu’ailleurs en Europe – Allemagne en tête – elles ont rapidement repris, voire ne se seraient jamais entièrement arrêté…
Conséquence directe pour la holding regroupant les 240 salariés de Brevet Carrosserie, Euro-Shelter et Toutenkamion : le risque de fermeture forcée de deux de ses usines pendant plusieurs mois, à commencer par celle de Viriat (01), spécialisée dans la transformation de cabines... Avant celle de Ladon (45), qui produit aussi des semi-remorques. Seule celle de Rennes (35), fabricant des shelters, maintien son activité. Le comble, s’est que ce spécialiste de la conception de véhicules complexes sur-mesure a répondu à l’appel d’offre pour construire des porteurs-laboratoire mobiles Covid-19, pour lesquels elle dépend des livraisons de châssis des constructeurs.
Un fleuron industriel orienté export
Autre sujet d’inquiétude : la baisse possible du budget de la Défense à la suite de la crise sanitaire, alors que 30 à 40 % des 27 M€ de CA du groupe en dépendent, via la fabrication de PC mobiles, plateforme radar, hôpitaux de campagne, etc. Tandis que les autres marchés de niches de ce fleuron de la carrosserie industrielle sont aussi menacés : événementiel, sport, animation et cinéma mobile…
L’automne dernier, le groupe avait ouvert son capital à BPI France et au Crédit Agricole pour accélérer son développement, notamment à l’export. La vente de véhicules spéciaux dans le monde entier représente déjà plus de la moitié de son CA. Début mai, certains de ses véhicules de don du sang livrés au Koweit ont ainsi récemment été transformés en unités de dépistage du coronavirus.
Ironie de cette situation : depuis de nombreuses années les temps de livraison à rallonge des carrossiers constructeurs faisaient l’objet de reproches récurrents des constructeurs de poids lourd…