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Procès? – La société Nobilas nous menace… et elle a tort !

Jean-Marc Pierret
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Nobilas nous menace de deux procès. Mieux qu’un long discours, il suffit de cliquer ici ou sur le document ci-dessous pour prendre connaissance de la longue mise en demeure que l'entreprise nous a adressée le 28 octobre dernier. Ce courrier fait suite à la publication de nos deux articles en date du 18 septembre dernier traitant du rapprochement d’AXA et de Nobilas. Mais si Nobilas veut vraiment attaquer tous ceux qui s’interrogent, ses avocats vont avoir un sacré boulot…
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Pardon de vous imposer ce long document qui nous reproche le ton de nos articles et des témoignages de nos lecteurs. Des lecteurs qui nous pardonneront sûrement d’avoir dû prendre la mesure conservatoire de suspendre leurs commentaires concernant Nobilas en attendant de mieux comprendre le contexte judiciaire dans lequel cette société semble vouloir nous pousser. Nos lecteurs pressés trouveront, en pages 6 et 7 de ce long document, le droit de réponse que la société Nobilas nous demande de publier. C’est maintenant chose faite.Sans savoir encore que nous allions recevoir cette menaçante missive parvenue en nos locaux le 4 novembre au matin, nous venions de refuser, le 31 octobre, une insertion publicitaire de Nobilas sur ce site, conformément à l’article 1, § 7, de nos conditions générales de vente en matière publicitaire et comme la pratique en autorise les supports d’information. Il nous était alors effectivement apparu qu’au vu de nos prises de position sur Nobilas et des nombreux avis négativement convergents de nos lecteurs à ce sujet, une bannière publicitaire vantant les mérites de la plateforme de gestion de sinistres serait contre-productive pour Nobilas elle-même.Loin de nous remercier de préserver ainsi l’efficacité de son investissement publicitaire en lui rendant la liberté de le proposer à des supports rédactionnellement plus neutres, Nobilas nous a alors menacés d’un second procès si nous ne publiions pas sa publicité. Nous sommes malgré cela restés sur notre position.Il est vrai qu’en règle générale, la presse professionnelle se donne pour mission d’informer le plus factuellement possible. Parfois toutefois, c’est en tout cas notre conviction, la connaissance des marchés que nous couvrons doit nous conduire à proposer des analyses engagées, à constater si nécessaire des dérives et s’il y a lieu, à prendre position.Nous ne prétendons pas pour autant "faire l’opinion", ni avoir toujours l’analyse juste et exhaustive. Nous pensons en revanche que notre mission est d’aider nos lecteurs pros à s’extraire ainsi de l’urgence quotidienne pour prendre avec nous un peu de recul sur les grands mouvements et les grandes tendances de leurs professions. C’est notre rôle de journalistes. C’est notre raison d’être journalistes. C’est notre liberté de journalistes. Et à en juger par le nombre de pages vues sur ce site chaque fois que nous nous employons à décrypter ainsi l’actualité, c’est ce que vous attendez de nous.A ce titre, notre ligne éditoriale est claire depuis plusieurs années en matière de réparation-collision. Il est évidemment nécessaire que le marché de la carrosserie s'optimise en matière de coûts, de prestations, de services, de compétences, de formations, d’organisation, etc. Mais c’est un fait que ce marché souffre de façon croissante du déséquilibre entre le pouvoir quasi-absolu des donneurs d’ordres, le poids croissant de leurs bras armés que sont certaines plateformes de gestion de sinistres et l’isolement, en bout de chaîne, des carrossiers. Des carrossiers soumis trop souvent au diktat du business à prendre ou à laisser, à des conditions aussi basses financièrement que hautes en matière de prestations exigées. A fortiori dans le cadre du douloureux recul structurel, année après année, du nombre de sinistres automobiles. Mais ce n'est pas nouveau : en 2010, notre appel à témoignages avait été, en la matière, particulièrement révélateur...Nous reconnaissons bien volontiers que Nobilas n’incarne pas à elle seule cette maladie qui frappe les carrossiers. Mais force nous est de constater, encore une fois grâce aux interpellants témoignages de nos lecteurs et aux documents parfois surprenants que nous avons reçus de nos informateurs, que Nobilas en est, à bien des égards, l’un des plus criants symptômes.Nous pourrions être seuls à nous inquiéter du poids que prend Nobilas, seuls à souligner ses appétits excessifs et maintenant dopée par sa reprise par l’assureur leader qu’est AXA. Nous serions alors effectivement suspects de vouloir caricaturer la situation. Mais c’est loin d’être le cas :
  • La FNAA le soulignait au détour d’une récente conférence de presse de fin septembre dernier (voir «la FNAA accuse les assureurs de tromperie!») : en même temps qu’elle dénonçait l’étonnante rentabilité des assureurs en matière d’assurances automobiles et l’injuste partage avec les carrossiers de ces quelque 3,5 milliards d’euros annuellement dégagés, l’organisation professionnelle expliquait le rôle coercitif des plateformes de sinistres quand elles concentrent  le business pour le redistribuer aux «moins exigeants».La FNAA a en outre transmis à ses adhérents, début septembre, une note d'information où elle précisait que «les professionnels doivent rester extrêmement vigilants quant au respect des délais de préavis précités [et] quant aux pratiques économiques de Nobilas» (pour télécharger la note, cliquez ici).
  • Une note confidentielle du CNPA à ses adhérents, en date du 13 septembre dernier, faisait elle aussi part de ses doutes sur les conséquences du rapprochement AXA/Nobilas. Elle précisait que «Le CNPA a (...) alerté AXA sur un certain nombre de non-conformités détectées dans les conventions N0BILAS par rapport à certaines dispositions légales et réglementaires». (pour la télécharger, cliquez ici).
  • Et c’est maintenant un courrier de la FFC Réparateurs à destination de ses adhérents carrossiers, en date du 31 octobre dernier, qui vient souligner les dangers de ce rapprochement en des termes guère moins virulents que ceux que nous reproche Nobilas : «Axa résilie tout son réseau de carrosseries agréés et confie leur destin à NOBILAS ! Un tournant vient d’être pris ; pour la FFC Réparateurs, c’est le virage de trop, celui qui risque de ne plus être contrôlable et de nous envoyer TOUS dans le fossé.» (voir "AXA/Nobilas: la FFC monte au front !")
Notons aussi qu’ensemble, ces trois fédérations doivent regrouper l’essentiel des quelque 14 000 carrossiers français...Et ce n’est pas tout : il semble bien que des réseaux de carrossiers –et non des moindres– aient récemment pris l’initiative d’encourager leurs adhérents à ne pas se rendre aux réunions d’information AXA/Nobilas qui se déroulent en ce moment dans toute la France. Et, surtout, les aient enjoints à refuser tout nouvel accord avec Nobilas dans les conditions actuellement proposées par la plateforme de gestion de sinistres. Au nom d'un principe : ne pas accompagner la mise en place de dispositifs pouvant mettre en péril la pérennité des entreprises de réparation-collision…On le voit : les avocats de Nobilas vont de toute évidence avoir du boulot s’ils doivent poursuivre tous ceux qui osent s’interroger sur les méthodes de cette société et sur l’impact potentiel que son rapprochement avec AXA peut avoir sur le destin des 1 900 carrossiers résiliés à cette occasion. Et par extension, sur celui des 12 000 autres…La rédactionSur le même sujet:
Jean-Marc Pierret
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