Autodis Group (Autodistribution) dans le capital d’Oscaro?

Jean-Marc Pierret
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C'est le patron d'Oscaro lui-même qui l'a confié hier à notre confrère économique Les Échos tout en officialisant l'information sur son propre site : un mystérieux «partenaire industriel» a pris 5% du capital de Oscaro Holding contre un apport de 30 millions d'euros. Une opportune communication alors que les réseaux sociaux relaient depuis 48 heures une «fake news», dénonce Oscaro, qui claironne son dépôt de bilan imminent. Et bien sûr, le nom d'Autodis Group en profite pour réapparaître...Voir aussi notre plus récent article du 21 septembre.
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L'article de notre confrère Les Échos, publié hier soir, cite nommément Pierre-Noël Luiggi, patron-fondateur du site leader de la pièce en ligne, qui s'apprête à officialiser aujourd'hui à l'assemblée générale d'Oscaro.com l'entrée d'un «partenaire Industriel» porteur d'une «augmentation de capital» de 30 millions d'euros. Un partenaire qui, à cette occasion, prendra 5% du capital de Oscaro Holding qui contrôle l'entreprise. Cela permettra au site «de renforcer [ses] fonds propres pour financer la poursuite de [son] développement», a lâché P.-N. Luiggi au journal économique. Que du bonheur...
Un contrefeu d'Oscaro ?
Au milieu du déferlement de twits annonçant hier le dépôt de bilan d'Oscaro, les efforts du site (cerclés de rouge)pour endiguer le flux préjudiciable (cliquez sur l'image pour l'agrandir... Au milieu du déferlement de twits annonçant depuis deux jours le dépôt de bilan d'Oscaro, les efforts du site (cerclés de rouge) pour endiguer le flux préjudiciable (cliquez sur l'image pour l'agrandir)...Mais le contexte semble plus sombre. Car cette communication positive d'Oscaro sur cette spectaculaire levée de fonds ressemble aussi à une aussi opportune qu'urgente contre-attaque. Ce que l'on peut comprendre aisément : elle intervient alors même que les réseaux sociaux se repaissent depuis deux jours d’une rumeur croissante sur un prétendu dépôt de bilan imminent.Une bien vilaine «fake news», dénonçait le site hier après-midi (cliquez sur l'image ci-contre pour l’agrandir), qui s'affole légitimement de l'impact mortifère immédiat qu'elle peut avoir sur son business model auprès d'internautes-automobilistes pouvant retenir leurs actes d'achat en découvrant l’avalanche d'alertes...
Et revoilà Autodis Group !
Certes, Pierre-Noël Luiggi n'a pas encore révélé le nom de ce bienfaiteur et utile partenaire, même dans son communiqué d'hier mis en ligne sur son site. Mais en fait “d'industriel”, des sources dites “proches du dossier” exhument à nouveau, comme l'a fait les Échos, le nom d'Autodis Group (Autodistribution).On se souvient que le distributeur, en fin d'année dernière, avait déjà dû sortir du bois pour démentir les rumeurs croissantes sur le sujet (voir «Démentis Autodis-Oscaro : laconique Autodis, tonitruant Oscaro»). A l'époque, beaucoup de bruits alarmants sur la santé du site rendaient effectivement crédible un tel rapprochement avec Autodis Group, l'un de ses fournisseurs majeurs. On imaginait dès lors assez aisément que le distributeur puisse faire partie des principaux créanciers supposés.D'autant plus que le démenti alors finement ciselé par Autodis Group n'avait pas vraiment levé tous les doutes. Après avoir rappelé que ses deux filiales ACR Group et Doyen alimentent Oscaro, le distributeur avait utilisé une tournure quasi-conditionnelle. Il écrivait ainsi que, «à ce jour (Ndlr : le gras souligné est ajouté par nous), Oscaro demeure un partenaire commercial de Autodis Group», même s'il concluait en affirmant ne pas envisager «de modifier la nature des relations qui unissent les deux sociétés».
Apport porteur ou dette sécurisée ?
Dans ce contexte, si Autodis Group est bien devenu actionnaire d'Oscaro, l'avenir précisera la nature exacte de l'opération. Déjà, quelques fins observateurs se demandent si Autodis Group n'aurait pas d'abord converti une créance en actions, ce qui mettrait plus l'entreprise en situation de “bon père de famille” exigeant une réassurance que dans la position d'un prédateur cynique et opportuniste...Et la thèse est tout à fait crédible. Car depuis ce communiqué de fin 2007, en dépit des saillies conquérantes dont Pierre-Noël Luiggi a décidément l'incomparable secret, les rumeurs sur les difficultés d'Oscaro n'ont pas désenflé. Des équipementiers nous ont même confié que le groupe Coface, spécialiste référent en matière d'assurance-crédit, a dégradé la note du site de vente en ligne. Et des articles comme celui de notre confrère En-Contact sont allés jusqu'à révéler, début juin dernier, qu'un fournisseur important d'Oscaro avait obtenu devant le tribunal de Commerce d'être enfin réglé, séquestres à l'appui.Contacté par les Échos, puis par nous, Autodis Group en reste pour l'heure à cette seule formule ambiguë : «nous ne confirmons ni n'infirmons l'information». Ce que précisera le patron d'Oscaro devant son assemblée générale de ce jour pourrait bien éclairer ce dossier. Tout comme ce que devra tôt ou tard répondre Autodis Group à ses distributeurs et réparateurs adhérents si son rôle “d'investisseur”, volontaire ou forcé, venait à se confirmer...Et comme d'habitude, nous vous tiendrons au courant...
Jean-Marc Pierret
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