« Gazelle un jour, Gazelle toujours ! »

Racontez-nous votre rencontre et votre décision de partir ensemble ?

Heidi : On s’est rencontrés sur le Rallye 2023, auquel j’ai participé avec ma sœur. Clairement, on n’avait pas suffisamment travaillé la navigation et on avait du mal à passer tous les check points. La veille du dernier marathon, au bivouac, Véronique, qui participait de son côté avec une amie, a pris le temps de me réexpliquer toutes les clés de la navigation sur le terrain. J’ai trouvé ça génial de sa part. Le lendemain, j’ai réussi à taper tous les points de contrôle pour la première fois depuis le début de l’épreuve. On a terminé la course sur une note positive, je savais enfin où j’allais et c’était vraiment grâce à Véro. C’est comme ça qu’on s’est connues et que nous sommes devenues amies !

Véronique : Oui, et on a aussi bien fait la fête ensemble à la fin de l’aventure ! Pour ma part, en revenant, je ne pensais pas refaire un Rallye. Ma pilote ne souhaitait pas renouveler l’aventure. Mais, un mois à peine après notre retour, Heidi m’appelle et me dit : « tu ne veux pas repartir avec moi ? ». En une semaine, j’ai réussi à convaincre mon mari et mes enfants, et c’était décidé ! Ce 2ᵉ Rallye, on va le savourer, car il n’y a plus d’appréhensions. On sait qu’on est capables d’aller au bout.

Quelle cause allez-vous défendre cette année ?

Heidi : Cette année, nous partons pour l’Institut Gustave Roussy. C’est le 1ᵉʳ centre européen de lutte contre le cancer, et c’est une chance inouïe pour les patients d’être suivis dans cette structure. C’est l’hôpital dans lequel je suis d’ailleurs suivie au long cours, car j’ai développé une mutation génétique qui me rend très sujette au cancer. Nous avons pour marraine, la directrice médicale de Gustave Roussy, Françoise Rimarex, la première personne que j’ai rencontrée là-bas. Cette chirurgienne est extraordinaire, elle s’est notamment battue pour que la reconstruction après les cancers du sein fasse partie du parcours de soins, sans reste à charge pour les patientes.

Véronique : Je suis très heureuse de rouler pour la lutte contre le cancer, pour la cause d’Heidi et de mettre en lumière sa doctoresse, celle qui l’a suivie durant son traitement. 

Faire partie de la team BCS, qu’est-ce que ça apporte et qu'en attendez-vous ?

Heidi : J’en ai fait l’expérience l’an dernier, en appartenant à la team BCS, on se sent entourées et soutenues. Quand on a un coup de mou, Ludivine est là pour nous remonter le moral, en amont, mais également sur le terrain. Cette année, il y a aussi Paulo qui va nous préparer le véhicule comme aucun loueur ne le ferait. Toute cette énergie-là donne une dimension différente au Rallye.

Véronique : C’est ce que j’attends et qui me réjouit, cette appartenance à cette équipe : on fait le Rallye ensemble, on porte des valeurs communes, on se retrouve chaque soir… Je suis aussi très fière de représenter une marque très masculine, qui est sponsor du rallye.

Paulo Monteiro - Diag Auto Services, s’occupe cette année de votre véhicule ?

Heidi : Oui, j’avais rencontré Paulo sur le coaching l’an dernier, puis, je l’ai revu sur le rallye au départ et à l’arrivée : quand j’ai décidé de repartir, comme on avait un bon feeling, j’ai demandé à Ludivine, « est-ce que tu penses que je peux partir avec un véhicule de Paulo ? » J’en ai discuté avec lui et il m’a dit pas de problème. Il m’a proposé le KZJ90 (Toyota Land Cruiser, ndlr) c’est un petit 4×4. J’ai eu un petit peu peur au départ, car l’an dernier, notre Patrol qui fait deux fois sa taille, était blindé. D’un autre côté, c’est ça l’expérience, on sait que les trois quarts des choses qu’on avait emmenées ne nous ont pas servi. Là, on va avoir un véhicule beaucoup plus maniable, moins sujet à s’ensabler, moins lourd, qui sera top pour le franchissement des dunes, avec un châssis plus court qui passe plus facilement partout. Ça va vraiment nous aider pour franchir les deux jours de dunes. Nous avons aussi la chance immense de récupérer le véhicule en janvier, 4 mois avant le Rallye, ce qu’aucun loueur n’accepterait !

Véronique : C’est important d’avoir confiance en son véhicule, c’est notre 3ᵉ gazelle, c’est elle qui va nous emmener où l’on veut aller. On doit en prendre soin, c’est essentiel qu’elle soit aussi bien préparée, et que nous, nous soyons prêtes à la chouchouter, à être capables de la réparer si besoin pendant la journée. C'est pourquoi je me réjouis de la formation mécanique qui va nous permettre de gagner en confiance. Savoir que l’on peut régler seules certaines pannes, sans appeler l’assistance, c’est sortir de notre zone de confort ! Et là, on va avoir la chance de suivre le coaching sur notre propre véhicule.

Paulo : Accompagner des équipages, ce sont avant tout des rencontres. Ce que je dis aux Gazelles, c’est que leur voiture est leur 3ᵉ équipière. Notre travail commence par la sélection du véhicule, en fonction de l’usage, des pièces qui pourront être remplacées sur place, etc. Ensuite, on prépare le véhicule en fonction d’un cahier des charges, que l’on améliore au maximum grâce à notre expérience. Enfin, on entre dans le « vrai » avec les coachings, les préparations. C’est là qu’on partage nos connaissances, on leur apprend à réparer leur véhicule, pour ne pas paniquer si elles sont face à une panne ou un accident. L’idée est qu’elles puissent se concentrer uniquement sur leur navigation !

Ce que vous retenez du Rallye des Gazelles ?

Véronique : L’impact du Rallye sur nous-mêmes, le dépassement de soi, mais surtout les répercussions pour la cause des femmes. Quand tu reviens, tu as l’impression d’être la reine du monde, de pouvoir tout faire : ça révolutionne souvent les vies personnelles et professionnelles, mais également, plus largement, la société. Beaucoup de participantes réalisent qu’elles ne sont limitées par rien ni personne, c’est fabuleux, ça donne une force à la gent féminine. 

Heidi : Pour ma part, lors de la première édition, j’étais à peine à un an de la fin de mes traitements cancer, donc physiquement atteinte. J'ai d’autres maladies chroniques qui sont génératrices de symptômes et de douleurs au quotidien, donc je ne savais même pas si physiquement, j'allais être capable de faire le rallye. Pourtant, de manière très étonnante, l’adrénaline a fait que je me suis sentie mieux en neuf jours de course que je ne l’avais été depuis dix ans ! J’avais une pêche incroyable ! Puis il y a aussi ce sentiment de communauté, d’appartenance très fort : on se le dit souvent et c’est vrai : Gazelle un jour, Gazelle toujours !