Yann Allain, AD Lannion : « On s’est pris un coup de poing, mais on n’est pas KO »

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Le patron à l’atelier et une collaboratrice à l’accueil : sur les trois premières semaines de confinement, Yann Allain, carrossier à Lannion (22) sous panneau AD, a « tenu la boutique ». « J’ai eu à traiter une voiture par jour : ambulance, taxi VLC, quelques médecins et infirmières. Mais ce n’était que de la mécanique, aucun travail de carrosserie. J’en ai donc profité pour faire du ménage, la maintenance des matériels… », explique le patron qui s’est mis en astreinte « dans l’atelier ». Il a donc mis ses dix salariés en chômage partiel. « Il a fallu attendre trois semaines pour obtenir les codes permettant de s’inscrire sur la plateforme. Nous restons tout de même encore dans le flou. »

Mais l’activité va reprendre plus sérieusement dès ce matin (mardi 14 avril) grâce à deux gros chocs qu'il vient de réceptionner. « Je reconstitue donc une équipe avec le mécanicien, un peintre et un carrossier. Ils ont du travail pour trois à quatre jours. Ensuite on verra. » Il a donc dû construire un protocole pour assurer la sécurité sanitaire de l’équipe. « Dans l’atelier, qui est grand, il n’y a pas de souci, mais c’est plus compliqué d’éviter les contacts pour les vestiaires, l’heure de déjeuner, la pause… Il faut tout prendre en compte. »

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La première quinzaine de mars avait été bonne, mais il sait qu’avril sera catastrophique. « J’ai encore de la trésorerie. Cela m’a permis de faire l’avance sur les salaires mais aussi de payer les fournisseurs. Certains ont eu un beau geste en m’appelant pour me proposer un report. C’est le cas du concessionnaire PR de PSA. J’ai beaucoup apprécié. Car il faut faire attention à la trésorerie, qui fond vite ! » Outre le chômage partiel, il a bénéficié des mesures de report des charges… Avec le soutien de sa banque, Yann Allain a fait une demande de prêt de trésorerie garanti par l’État, « car on n’a aucune visibilité et il faut tenir au maximum. Mais cela ne sert à rien de demander trop : après il faudra rembourser ! »

Quel soutien de son enseigne ? « AD nous aide, mais ne lâche rien sur les échéances. Je comprends : ils se sont engagés à payer leurs fournisseurs, à nous d’en faire autant. » En revanche, gros soutien logistique de l’enseigne. « Nous n’avons pas beaucoup de flux, et pourtant ils nous livrent deux fois par jour si besoin (contre quatre fois habituellement). Ils sont d’une efficacité redoutable. Ils ont tout en stock et c’est très agréable car cela nous permet de continuer sans nous inquiéter des pièces. L’engagement des équipes est notable. Le commercial de mon distributeur a assuré les livraisons alors que le livreur habituel était arrêté. En ces "temps de guerre ", on apprécie. »

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« Cette semaine, nous serons à quatre. J’en ferai peut-être revenir deux autres la semaine prochaine, voire passer à plein temps. Nous allons nous adapter. » Le patron d’AD Carrosserie Lannion est prudent. « Je ne veux pas précipiter les choses. En effet, si on ouvre les vannes trop vite, on risque de devoir refermer tout aussi vite. » Et la sortie de crise ? « Même si la sortie de confinement est prévue avant l’été, ce ne sera pas facile de demander à l’équipe de sacrifier leurs semaines de vacances, de les convaincre de ne prendre qu’une semaine sur les trois habituellement. Nous sommes dans une région touristique. Habituellement, août est un gros mois. Mais je doute que le gouvernement va lâcher tout le monde d’un coup. Il faut se préparer à ce manque à gagner. » Yann Allain mise donc tout sur septembre-octobre-novembre. « J’y crois et ça tombe bien car c’est la période où on remplit notre caisse ! » Vive l’automne pluvieux breton !

Caroline Ridet

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