Le Gan fait aussi de l’expert son arme anti-libre choix!

Romain Thirion
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Décidément, la fièvre anti-libre choix agite même les assureurs qui, jusqu’ici, n’avaient pas encore pris part à la bataille. Le Gan faisait, en effet, profil bien bas par rapport à AXA et aux compagnies du groupe SFEREN. Pourtant, la filiale de Groupama n’y va pas par quatre chemins pour essayer de contourner la "loi Hamon" : elle le suggère directement à ses assurés, en leur conseillant l’expert qui va bien ! Tout en leur confirmant, toutefois, le « régime de libre concurrence » auquel « évolue désormais » la réparation automobile. Comme si ça n’avait jamais été le cas…
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Une info venue de nos lecteurs-correspondants!Les initiatives des compagnies d’assurances pour restreindre à leurs clients le libre choix de leur réparateur, pourtant entériné par la "loi Hamon", prennent la forme de messages plus ou moins frontaux. La Matmut, par exemple, préfère n’en rien dire à ses assurés et instrumentaliser purement et simplement l’expert pour leur "prouver" que "son" réseau de réparateurs agréés est moins cher que les garages non agréés, quitte à saborder la qualité de réparation. Le Gan, lui, préfère suggérer directement à ses clients de s’adresser à un expert tout désigné en vue d’une remise en état rapide, et surtout à moindres frais, du véhicule. En tout état de cause, le point commun entre les deux méthodes réside en l’instrumentalisation de l’expert en automobile. Une fois de plus…
L'assuré caressé dans le sens du poil...
C’est ce que prouve ce document, sobrement intitulé « Précautions à prendre avant réparation de votre véhicule », envoyé par la filiale de Groupama à l’un de ses assurés du nord de la France. Avec ce courrier ô combien sibyllin, Gan offre tout simplement à l’assuré sinistré le service d’un de ses experts agréés pour « évaluer les dommages subis par [son] véhicule », tout en lui rappelant que « la réparation automobile évoluant désormais dans un régime de libre concurrence, il est souhaitable que vous vous rapprochiez de ce technicien qui vous fournira tous les conseils utiles ».Bien entendu, les conseils auxquels fait référence cette lettre sont davantage d’ordre tarifaire que d’ordre technique, l’assuré ne maîtrisant pas, en règle générale, les débats contradictoires entre l’expert et le réparateur. D’où l’idée de lui suggérer rapidement, par «précaution» donc, l’aide d’un expert validé par Gan. Un expert surtout capable de jouer le rôle de régulateur économique entre les différents carrossiers du secteur et de savoir réorienter l’assuré si le chiffrage du réparateur s’avère trop élevé au goût de la compagnie d’assurance. Prendre les devants pour ne pas se retrouver devant le fait accompli, c’est un peu le credo du Gan avec ce courrier.
...mais tenu en laisse
Pourtant, l’assureur exige bien de son client, en capitales dans le texte, de «S’ASSURER AUPRÈS DU RÉPARATEUR DE SON ACCORD sur l’estimation de l’expert». Comme pour préserver les formes de la «libre concurrence» et ménager la sensibilité de celui-ci. Mais surtout pour enjoindre l’assuré à bien se ranger du côté de l’expert, garant d’une réparation moins onéreuse, quitte à aller voir ailleurs si le carrossier se montre trop gourmand.Car la prise en charge de la réparation est à ce prix, comme le prouve l’avant-dernière phrase du courrier. «Si vos garanties et les conditions du sinistre le permettent, vous n’aurez rien à débourser, Gan prendra en charge le coût de la réparation de votre véhicule», assure-t-elle. Quelles garanties ? Quelles conditions du sinistre ? Mystère… Deux points que le Gan se réserve, sans doute, le soin de définir a posteriori. Histoire de garder la main sur le véritable choix de son réparateur par l’assuré, finalement plus si libre que ça.

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Romain Thirion
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