Pirelli Calendrier Pirelli 2016 : moins de formes et trop de fond?

Le “Pirelli 2016” se défait presque complètement... de ses nus. Faut-il être déçu(e) par ce nouvel avatar du mythique calendrier ? D’un strict point de vue moderniste, évidemment pas. Encore moins en ces temps où le respect des femmes recule dans un monde dégoulinant d’une testostérone gavée par le sang et les armes.On peut donc a priori se féliciter que le plus célèbre des calendriers, au service presque exclusif de créatures fantasmatiques depuis 42 éditions, s’attache dans cette 43^ème livraison à mettre en valeur le fond plutôt que les formes féminines. Voilà qui, à contre-courant des traditions calendaires, peut pour une fois éveiller les parties nobles de nos cerveaux et mettre au repos leurs replis les plus reptiliens.Pour ce choix atypique, ce calendrier 2016 a d’ailleurs été unanimement salué par le féminisme mondial. Mais la cause féminine est-elle aussi bien servie qu’il y paraît par cette approche sommes toute très convenue ? Ces peu émoustillantes photos en noir et blanc s’éteignent dans d'inattendues “nuances de grey” qui ne prétendent, pour l’essentiel, que fixer les âmes de femmes endurcies ou transcendées par leurs actions ou leurs trajectoires.

Ce calendrier Pirelli manque de glamour mais surtout, d'humour

Cette approche doit-elle pour autant définir le nouveau territoire d’expression du nécessairement artistique certes, mais théoriquement ludique catalogue Pirelli ? Au risque de passer pour des fossiles phallocrates ou des lubriques frustrés, vous aurez compris que nous ne sommes guère convaincus par cette édition 2016. D'ailleurs, le calendrier semble s'effrayer lui-même de son audace, en concédant dans son “teasing” à destination de la presse les deux seules photos presque dénudées de la tenniswoman Serena Williams et de l'actrice Amy Schumer. Pour nourrir à contre-cœur, même frugalement, les appétits des habituels (a)mateurs machos ?Ce n'est certes pas la première fois que le calendrier envoie ainsi les voyeurs se rhabiller. La colorée escapade brésilienne de l'édition 2013 nous avait déjà pré-sensibilisés à d'autres codes et sujets photographiques. Mais la sensualité, la féminité, la luminosité, la magie du mouvement, elles, y demeuraient intactes. Pour rester objectif et moins focalisé qu’il n’y paraît, reconnaissons qu’il n’y a plus cette fois... photo. Si ce calendrier 2016 nous est si frustrant, ce n’est pas tant parce que nous regrettons son manque de charme(s), mais surtout parce que nous y subissons son absence revendiquée de glamour et surtout, d’humour.A ces deux derniers titres au moins, ce «Cal 2016» comme il aime à se faire appeler, en devient décevant. Aussi mondialement connu et reconnu soit-il, il n’arrive même pas aux musculeuses chevilles du moins célèbre mais plus drolatique calendrier Berner. Fort de ses Chippendales olympiens même aussi peu avenants que ces égéries “Pirelliennes” de 2016, Berner a au moins le mérite du sourire potache et, lui, sans autre prétention que de venir venger les épouses et collaboratrices que les réparateurs ont trop longtemps cernées de ces nus exclusivement féminins placardés dans les ateliers.Pour résumer ? Ce calendrier du pneumaticien n’est pas seulement et indiscutablement gonflé. A trop vouloir se fondre ainsi dans l’air sinistre et politiquement correct du temps, il en devient tout aussi tristement... gonflant.Pour retrouver nos articles sur les précédents calendriers Pirelli, cliquez ici. Avril - Serena Williams  Décembre - Amy Schumer  "Avant-propos" : Yao Chen  Novembre - Patti Smith