B. de Maynadier (Fog): <em>« Comment refaire du commerce sans hôtels ni restaurants? »</em>

Jean-Marc Pierret
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L'après-vente est au service de la mobilité depuis le début du confinement. Mais si on doit en sortir à partir du 11 mai, c'est la mobilité qui va devoir se mettre au service de l'après-vente. Un secteur où commerciaux et techniciens sont grands consommateurs de nuits hôtelières. A condition bien sûr que, parallèlement au début du déconfinement, les hôtels et restaurants rouvrent sur la route de ces itinérants, vient de souligner Benoît de Maynadier, CEO de Fog Automotive...
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C'est une sacrément bonne question qu'a posée Benoît de Maynadier, CEO de Fog Automotive (groupe Base) sur les réseaux sociaux.

«Pour relancer après le 11 mai nos entreprises et nos activités, aller voir vos adhérents, il est indispensable que les hôtels puissent ouvrir pour accueillir nos salariés itinérants... Comment lancer sur les routes, nos commerciaux, nos techniciens de maintenance, sans leur donner la possibilité de trouver un hôtel ? Merci de votre aide et soutien sur ce point aussi.» Avant d'interpeller, pour que cette nécessité ne soit pas oubliée, Claude Cham, président de la FIEV, Gérard Polo, président de la FNA, le CNPA... et même nous !

2 000 nuitées par an pour les seuls commerciaux et techniciens Fog

Il suffit de se souvenir des difficultés qu'ont rencontré et rencontrent encore les chauffeurs routiers en mal de restauration et d'aires de repos pour prendre conscience du défi à relever, souligne-t-il.

En tant que fabricant d'équipement de garage, Fog déploie une équipe de 35 collaborateurs, commerciaux et techniciens. Par définition, ils sont sur les routes et, souvent, obligés de dormir sur place. Benoît de Maynadier estime logiquement qu'il lui faudrait au moins le double d'effectif pour que chacun puisse rentrer chez soi chaque soir.

«Quand nous allons commencer à déconfiner et que le business va redémarrer, ils vont tous devoir reprendre le volant. En temps normal, ils représentent l'équivalent d'au moins 2 000 nuitées par an hors de chez eux. Comment vont-ils pouvoir se déplacer si les restaurants et les hôtels ne sont pas, eux aussi, déconfinés parallèlement ?»

Il ne parle évidemment pas des hôtels luxueux, mais de ces Ibis, Première Classe et autres B&B qui accueillent quotidiennement tous ces itinérants. D'autant que «ces établissement sont souvent modernes et faciles à sécuriser sanitairement. Et ils sont essentiels au business de tout l'après-vente

Tout ne peut pas être digitalisé

«Nous faisons environ 6 000 interventions en dépannage d'équipement de garage par an. Il faut évidemment être sur place», rappelle-t-il. Et même des mises à jour de logiciels nécessitent souvent une présence physique. «C'est le cas par exemple de la visite de conformité de l'anti-pollution en matière de contrôle technique. On peut certes mettre à jour à distance ; mais qui posera la petite étiquette verte certifiant obligatoirement la conformité ?», explique-t-il. Même chose pour un banc de freinage : «Le calibrage nécessite des manipulations qui ne peuvent se faire à distance».

Bref, le voudrait-on que tout ne pourrait pas se “digitaliser”. En lançant ce débat, il ne pense d'ailleurs pas qu'à lui. «Les équipementiers de pièces ont des équipes qui, elles, sont parfois 4 nuits sur 5 hors de chez elles».

Dans cette période inédite où les solutions s'inventent au fil de l'émergence de nouveaux défis, prévoir une réouverture des hôtels pour garantir la mobilité des métiers de l'après-vente -mais aussi d’innombrables autres secteurs- va devoir se poser vite.

Et ce ne sont pas les professionnels de ce secteur sinistré qui le contrediront...

Jean-Marc Pierret
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