Etude CNPA: l’inédite fragilité de l’ensemble des services de l’auto

Jean-Marc Pierret
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Cette enquête du CNPA, menée du 7 au 12 avril auprès de 5 000 entreprises de la filière des services de l'automobile, confirme à la fois l'état de faiblesse inédit dans lequel le confinement a plongé l'ensemble du secteur et, espère le CNPA, apporte la preuve au gouvernement qu'il va lui falloir en accompagner les entreprises, grandes et surtout petites, bien au-delà du 11 mai prochain...
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C'est probablement l'enquête la plus complète publiée sur les conséquences de la crise sanitaire sur toute la filière des services de l'automobile. Elle a été menée du 7 au 12 avril par le CNPA auprès de 5 000 entreprises du secteur, donc une fois que tous les professionnels ont pu mesurer les impacts du confinement sur leurs entreprises, comprendre et activer les diverses aides mises à leur disposition. En partie au moins : si 92% des professionnels se considèrent bien informés des aides gouvernementales, ils ne sont plus que 38% concernant les aides régionales.

Et les résultats de l'étude sont particulièrement inquiétants, souligne le CNPA qui constate que «la chute d’activités est tout aussi brutale que préoccupante pour l’ensemble des services de l’automobile». Seulement 56% des entreprises restent ouvertes «avec une activité adaptée à a crise sanitaire», calcule le CNPA.

  • Pour la vente et de l’après-vente automobile, la baisse d’activités est respectivement de 66,5% et de 85%. «L’annulation des ventes, la chute du nombre de clients et de prestations, ou encore les fermetures d’établissements en sont les principaux facteurs», relève l'étude.
  • Les loueurs de courte durée, «bien qu’autorisés à continuer d’exercer leur activité à l’instar des métiers de l’après-vente, sont particulièrement exposés», avec une baisse d’activités de l’ordre de 95% depuis le début du confinement.
  • L’impact de la crise est également brutal dans la distribution de carburants. «Sur les 1 800 stations-service implantées en zone rurale, 77% d’entre elles voient leur vente de carburant diminuer de 80%».
  • Les écoles de conduite, «contraintes de fermer leurs établissements, sont également en première ligne avec une baisse de 100% de leur activité».
  • Enfin, le secteur du recyclage de véhicules est également impacté avec une baisse d’activité de 90%.
Des difficultés déjà chroniques
  • Difficultés d'approvisionnement : les services de l’automobile sont confrontés à d’importantes difficultés d’approvisionnement, notamment en pièces détachées, tout particulièrement dans le secteur de l’entretien et de la réparation (85%) et de la distribution automobile (76%), s'alarme le CNPA.
  • Retards de paiement : «ils sont conséquents de la part de leurs clients ou de l’administration, notamment dans le secteur de la location de courte durée (77%) et de la distribution (60%)».
  • Trésoreries : «il reste 45 jours de trésorerie aux entreprises, mais avec une forte variation selon les secteurs et les tailles d’entreprises». Le délai va d'un mois pour les très petites entreprises à quatre mois pour les plus grandes.
Des aides déjà largement activées

85% des entreprises du secteurs sont des TPE et des PME. Elles ont massivement activé les aides d'urgence déployées par l’État et ces demandent s'accroissent depuis début avril :

  • Activité partielle : en moyenne, 71% des entreprises du secteur y ont eu ou vont y avoir recours, dont 78% pour les entreprises de la distribution et 73% pour les entreprises de la réparation automobile ;
  • Prêts garantis par l’État : ils concernent 70% des entreprises du secteur qui ont aussi procédé au décalage des prêts existants;
  • Report des échéances sociales & fiscale : 58% ont activé le dispositif;
  • Fonds de solidarité : 38 % des entreprises l'ont sollicité, au premier rang desquelles les TPE ;
  • Perte d'exploitation : seulement 27% des entreprises ont sollicité les assureurs pour la prise en charge sur ce sujet.... et 100% d’entre elles ont essuyé un refus, le Covid-19 n’entrant pas dans la catégorie des risques couverts. Le CNPA en profite pour demander «un meilleur accompagnement du secteur des assurances dans cette période difficile» (voir «Les assureurs auto, grands gagnants du confinement ?»).
Accompagner le secteur au-delà du 11 mai

Ce constat renforce le CNPA dans sa demande d'un déploiement d'un plan rapide de relance, dont l'une des clés est «la prorogation de certaines aides jusqu’à l’été, l’exonération de charges sociales et fiscales ou encore le report de certaines réglementations complexes [qui] doivent appeler une réponse rapide de l’État

Car l'organisation professionnelle considère que, «au regard des résultats de cette enquête, force est de constater que les mesures d’urgence ne suffiront pas à sauvegarder un secteur qui était déjà très fragilisé, et qui sortira exsangue de cette crise si des mesures d’accompagnement spécifiques ne sont pas envisagées, notamment pour les TPE et PME qui font face à des problèmes de trésorerie considérables».

Jean-Marc Pierret
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