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Les équipementiers réclament un “made in Europe”

, mis à jour le 21/07/2025 à 14h11
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Affaiblie par les coups de boutoir répétés d’une concurrence chinoise désinhibée et une faible politique locale, l’industrie automobile européenne est au bord du gouffre, prévient le Comité de liaison des industries fournisseurs de l’automobile, qui réclame un contenu local européen. 

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Les six organisations du Clifa* brandissent une filière structurellement et conjoncturellement malade, en transition forcée vers l’électrique, jetant les équipementiers dans des investissements à plusieurs milliards d’euros pour changer leur outil industriel. Des fournisseurs, toujours à l’origine de 85 % du prix de revient d’un véhicule, mais priés de muter industriellement, technologiquement et socialement… bien avant 2035 ! Pire, alourdis par ces investissements non digérés, 63 % des fournisseurs européens disent subir une pression croissante des importations chinoises (sondage Clepa/McKinsey), 70 % considèrent ainsi qu'une partie de leur production en France et en Europe est menacée (sondage Fiev/Clifa) et 55 % ont déjà identifié un risque de “dessourcing“ (ne pas être sélectionné) par des constructeurs préférant s’adresser à des concurrents basés dans les pays à bas coûts. D’où la demande de la filière d’un contenu local européen. Une règle d'origine avec un seuil de 80 % de contenu local par VL par pièce de rechange, tous deux estampillés “Made in Europe”, et une règle spécifique pour les batteries, avec 50 % minimum de valeur ajoutée le long de la chaîne de valeur des unités fabriquées en Europe d'ici 2030. Une manière d’exclure les voitures et les pièces fabriquées hors Europe de la libre circulation des marchandises au sein du territoire, de mettre en action un plan d'achat européen sur les marchés publics, de stimuler la demande de véhicules zéro émission par du leasing social, et les programmes de décarbonisation des flottes d'entreprise…

* FIEV, FFC, FIM, Fédération Forge Fonderie, Groupement Plasturgie Automobile et Elanova (représentant de la filière du caoutchouc).

Sortir de la naïveté…… pour sauver le soldat français

« Il faut sortir de cette naïveté européenne qui nous fait perdre en attractivité et compétitivité », lance Jean-Louis Pech, le président de la Fiev. La filière automobile est malade par l’absence de tactique de la part des politiques. La flexibilité annoncée sur trois ans pour atteindre l’objectif de 2025 prévu par la réglementation CAFE et la préparation de la discussion sur la clause de révision ne sont que des pansements sur une jambe de bois.

Au milieu du champs de bataille européen, la France a « dérapé en termes de coûts, taxes et compétitivité ». Le pays se retrouve dans une situation compliquée voire « catastrophique car nous sommes loin des moyennes européennes », poursuit Jean-Louis Pech.
Dans ses préconisations, la décarbonation du transport routier en soutenant la vente de véhicules électriques, le soutien à la fabrication de batteries en Europe, l’allègement des prélèvements obligatoires sur les salaires et les impôts de production, toujours les plus élevés (4,5 % du PIB) que dans la moyenne européenne (2,4 % du PIB) ou comparés à l’Allemagne (0,9 % du PIB). Le contexte actuel rend difficile la prise de décision structurelle des politiques, qui ne font pas forcément preuve d’agilité et de courage.

Une situation dégradée

Sur 221 équipementiers sondés par le Clifa, seuls 17 % se situaient en 2023 au-dessus des 10 % minimum requis d’après le ratio EBE/CA (excédent brut d’exploitation/chiffre d’affaires) pour pouvoir financer leurs emprunts, la R&D, leurs investissements… et 60 % sont bloqués sous les 5 %, « ce qui signifie que ces derniers sont dans une situation grave, avec des banques qui ne suivent plus », assène le Clifa.
En France, entre 2024 et le premier trimestre 2025, 7 300 emplois ont été supprimés ou sont menacés par des restructurations ou fermetures de site. En dix-huit ans, la filière française a perdu 51 % de ses effectifs, soit 56 000 emplois actuellement, contre 114 000 en 2007 (le CA France est de 16 Md€ en 2024).
Sur 90 millions de VL fabriqués en 2024 dans le monde, la part de la production européenne est de 9,1 % (vs 20 % en 2005). La production française est tombée à 1,36 million de véhicules en 2024, soit un effondrement de 63 % depuis 2002 et de 38 % depuis 2020.

Muriel, rédactrice en chef Zepros Auto, couvre l’après-vente, VO, équipementiers et suit les révolutions auto : électrification, digitalisation, IA. Elle pilote aussi les événements Zepros.
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