
PRE : bien sur le papier… et face à la réalité du terrain ?

Yann Deduyer est le patron d’une importante carrosserie à Lannion (22). Aujourd’hui, tout comme ses collègues, il est confronté à la question de l’utilisation de la pièce de réemploi. Avec heurs et malheurs. Témoignage.
Pendant une quinzaine d’années, l’entrepreneur a lui-même exercé la profession d’expert automobile dans le Grand-Ouest. Aujourd’hui patron de Lannion Carrosserie, c’est au cours de sa discussion avec l’expert devant le véhicule qu’est décidée la manière dont sera réalisée la réparation : redressage, remplacement par une pièce neuve, par une PRE… « En théorie, c’est au client de choisir », explique Yann Deduyer. En cas d’accord sur la pose de pièce d’occasion, le réparateur facture le transport des pièces, leur déshabillage et nettoyage intérieur ainsi que leur remise en état. La marge demandée par le réparateur est ainsi préservée.
Dans la réalité, le premier écueil concerne la disponibilité. Yann Deduyer cite l’exemple d’une porte de Twingo très récente : un seul exemplaire en réemploi disponible au niveau national, exigeant de surcroît une importante remise en état. Deuxième écueil constaté, celui du référencement. Les pièces sont référencées modèle par modèle sans tenir compte des options spécifiques ou de la date de production d’où un nombre d’erreurs croissant. Autre questionnement : le transport. « Son coût doit être pris en charge par l’assurance selon les termes de la charte experts-réparateurs », souligne Yann Deduyer. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas…

En ce qui concerne le prix d’achat, le carrossier affirme qu’il doit demeurer confidentiel et que l’expert ne peut le réclamer. « Or, un expert missionné par un important donneur d’ordres m’a récemment réclamé ma facture d’achat afin de contrôler la marge que je m’octroie. C’est formellement interdit, j’ai donc refusé et adressé une réclamation à la compagnie », confirme le réparateur. Dernier écueil : la préparation. Le professionnel relève que toutes les PRE qu’il reçoit nécessitent une remise en état avant la mise en peinture. Ce qui implique le démontage des garnitures et mécanismes, le nettoyage, la préparation.
« Toutes ces étapes sont photographiées et font l’objet de nombreux allers et retours avec l’expert. Les éléments de carrosserie arrivent rarement intacts et nous passons beaucoup de temps pour éliminer les défauts. Ce temps doit être pris en compte et payé. Nous devons souvent nous battre pied à pied avec les donneurs d’ordre pour que notre travail soit rémunéré à sa juste valeur », regrette Yann Deduyer.

Sur le même sujet




