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Recalibration ADAS sous-traitée : partie pour durer ?

Romain Thirion
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DigitalCar en intervention

Bien que constituée de peu d’acteurs d’envergure nationale, l’activité de recalibration ADAS itinérante a toutes les raisons de perdurer selon la principale entreprise du secteur, DigitalCar. Parce que le secteur de la réparation-collision reste très en retard en la matière…

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Notre Focus consacré à la recalibration des ADAS dans le numéro 33 de Zepros Après-Vente Carrosserie a fait réagir les professionnels de la sous-traitance. Et non des moindres, puisque DigitalCar, leader du secteur et seul réseau d’ateliers mobiles à être présent sur plus de la moitié de l’Hexagone (60 % du territoire couvert et une vingtaine de camions atelier), a tenu à rappeler que l’activité n’avait rien à voir avec celle des spécialistes de la recharge de climatisation dans les années 2000.

Pour ceux qui ne l’auraient pas lu, dans l’article intitulé "Les calibreurs volants ont la cote", le directeur commercial équipements d’atelier de Bosch, Franck Dupuis, rappelait qu’à l’époque, « les pros considéraient qu’ils ne recevaient pas assez de véhicules climatisés, hésitaient à s’équiper et faisaient venir des ateliers mobiles équipés par des sociétés tierces ». Il relevait en outre que « le déclic d’acheter le matériel et de se former se fait en général côté comptabilité : lorsque les factures de sous-traitance deviennent importantes ». Sauf qu’au contraire de la climatisation, qui ne constituait en rien un équipement de sécurité, les ADAS contribuent à la sécurité active du véhicule. Et le niveau d’équipement des nouveaux modèles ne cesse de croître, boosté par la législation européenne. Ce qui oblige à mettre à jour régulièrement son matériel de recalibration et de se former.

Une inertie forte du secteur

Or, l’inertie dont fait preuve le secteur de l’après-vente au sujet des ADAS reste importante, en-dehors des réseaux de vitrage qui ont pris le sujet de la recalibration des caméras avant lors du changement de pare-brise. Jusqu’à porter, pour certains d’entre eux, leur taux d’équipement au-delà des 70 % voire de 90 % pour les plus structurés. Reste que le taux d’équipement des carrossiers, lui, est très inférieur à ce qu’il pourrait être compte tenu du parc roulant embarquant au moins une caméra et un radar. Les principaux équipementiers spécialisés dans les bancs de calibration reconnaissent sans mal que les ateliers multimarques comme les ateliers constructeurs sont, dans leur ensemble, équipés à moins de 50 %, au bas mot.

Et surtout, tous les réparateurs ne considèrent pas avec la même importance la recalibration dans les situations où caméras et capteurs ne sont pas directement touchés. « Sur le terrain, au quotidien, je me bats contre des discours de réparateurs qui nient qu’il faut recalibrer lorsque l’on change une face avant, par exemple. Nous expliquons tous les jours ce que le pro est censé faire et ce qu’il doit dire aux experts car en-dehors de la procédure VE, certains d’entre eux font l’autruche sur la nécessité de recalibrer un radar frontal en l’absence de défaut, parce qu’ils ont une forte pression sur le coût moyen de réparation ou ne s’appuient que sur des temps barémés constructeurs qui ne sont pas à la hauteur », regrette Jean-Christophe Canavesio, fondateur de DigitalCar.

Une forme de sous-traitance pérenne

Quid des ateliers qui s’équipent pour répondre aux besoins d’une zone de chalandise entière et pratiquent la sous-traitance pour leurs confrères réparateurs du secteur ? Une pratique vertueuse selon les équipementiers spécialistes mais qui, selon Jean-Christophe Canavesio, se heurte à plusieurs réalités : les délais, les coûts et le manque de main-d’œuvre disponible. « En cas de gros choc, le coût et la disponibilité des pièces pèsent déjà lourd sur la facture, à laquelle s’ajoute le prêt du véhicule de remplacement. Et si le délai de restitution s’allonge en cas de calibration en concession ou dans un autre atelier, c’est problématique pour le pro, et in fine, pour l’assureur, pour qui la satisfaction de son client assuré prime. Par ailleurs, les ateliers manquent déjà de bras et ne génèrent pas suffisamment d’argent pour mobiliser une personne entière sur la recalibration ADAS », insiste Jean-Christophe Canavesio.

Aussi l’entrepreneur justifie-t-il la pertinence du modèle de recalibration itinérante. « En carrosserie, les applications des ADAS touchent de multiples domaines et nous allons au-delà de la simple recalibration : nous apportons des solutions électroniques aussi, avec reprogrammation de calculateurs par exemple. Or, pour cela, il faut les accès constructeurs et nous les avons. Nous intervenons en moins de 72 heures dans les ateliers indépendants mais aussi dans les ateliers constructeurs. Cette promesse de délai est essentielle car si le garage n’est pas équipé, il peut attendre jusqu’à deux semaines un RDV chez le constructeur. Lequel implique des déplacements du véhicule, des personnes, de l’attente, bref : de la déperdition de ressources humaines et matérielles. »

Un panel de services élargi

En effet, outre le recalibrage des ADAS, pour lequel ses équipes sont formées par CESVI France, et le codage des calculateurs neufs lorsque ceux-ci sont remplacés, DigitalCar propose du conseil et de l’accompagnement, notamment dans la relation avec l’expert. L’entreprise fait valoir le respect du cahier des charges constructeur mais a développé une grille tarifaire conforme à la technicité de ses interventions et à même de faire générer « quinze à vingt points de marge nette au professionnel sans qu’il ait besoin de s’équiper », précise Jean-Christophe Canavesio.

Un double calibrage des caméras et radars avant en cas de remplacement d’élément et/ou de réglage de géométrie est ainsi proposé à 300 € HT en refacturation client. Mais il comprend le déplacement chez le réparateur, le scan avant intervention et l’effacement des défauts enregistrés, le calibrage lui-même suivi de la remise d’un rapport spécifique, puis d’un scan post-intervention. Il s’agit bien sûr du niveau de prestation le plus élevé mais aussi de celui qui permet la marge la plus importante sur une activité où le taux de main-d’œuvre reste encore très flou et pour lequel beaucoup, dans le métier, réclament l’instauration d’un T4. « La remise accordée au réparateur dépend évidemment du volume qu’il sollicite auprès de DigitalCar », affirme Jean-Christophe Canavesio.

Une ambition nationale

Si plusieurs acteurs locaux ou régionaux disposent déjà de camions-atelier spécifiques pour la recalibration ADAS, peu ont une ambition nationale comme DigitalCar. Organisé sous forme de licence de marque, le concept est proposé aux entrepreneurs désireux de développer cette activité et de se doter d’un camion-atelier tout équipé. Objectif à fin 2024 : couvrir l’ensemble de l’Hexagone. Pour ce faire, l’entreprise cherche encore des candidats dans plusieurs régions et notamment le Grand Est. « Sur certaines régions, nous permettons aussi au réparateur de développer l’activité vitrage car nous savons faire aussi, si besoin. Nous nous positionnons comme une boîte à outils », conclut Jean-Christophe Canavesio.

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