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Entretien avec Bénédicte Damour et Peter Lukassen

Bénédice DAMOUR et Peter LUKASSEN
Sustainability
Bosch Mobility Aftermarket France
Image
Bénédicte et Peter

« Le développement durable est dans l’ADN de Bosch depuis toujours »

« Une gestion honnête et juste des affaires sera toujours la plus profitable à long terme », exprimait déjà Robert Bosch en 1921. Un siècle plus tard, ses représentants sont toujours restés fidèles à ce principe transposé sur toute la chaîne de valeur de la fondation allemande devenue internationale. Et c’est bien cette culture de la transparence que l’on retrouve en matière de développement durable. Faire ce que l’on dit et dire ce que l’on fait ! Un sujet pris à bras le corps par l’équipementier depuis des années. Un ancrage dans la « Sustainability » que Bosch promeut par les voix de Bénédicte Damour et Peter Lukassen, respectivement channel marketing manager VL Mobility Aftermarket France Benelux et directeur Sustainability au sein du groupe. Interview croisée pour une philosophie commune…

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Le Développement Durable est un terme largement utilisé dans le monde par les entreprises, mais que signifie-t-il précisément chez Bosch ?

Bénédicte Damour : Nous reprenons souvent les propos de Stefan Hartung, notre président, qui souligne qu’aucune entreprise ne devrait avoir à choisir entre rentabilité et protection de la planète, et que ces deux objectifs vont de pair dès lors que l’on choisit la bonne voie ! Le développement durable est implanté dans les racines de nos organisations au niveau mondial avec une gouvernance dédiée, et des coordinateurs chargés d’appliquer sur le terrain les décisions prises, de gérer la conformité des matériaux utilisés, d’analyser le cycle de vie des produits (service Design For Environment).

Au sein de Bosch Mobility, notre mission est d’apporter nos preuves d’engagement à tous nos clients, quels qu’ils soient. Le développement durable est plus qu’un simple process, c’est une culture et toutes les parties prenantes (recherche, production, logistique, marketing, commerce…) sont intégrées dans la chaîne de décision. Nous avons six domaines d’intervention identifiés : le climat, l’eau, la diversité, les droits de l’homme, la santé, l’économie circulaire.

Peter Lukassen : Au quotidien, nous agissons pour augmenter notre efficacité énergétique, en produisant nous-même notre énergie à partir de sources renouvelables, en achetant de l'électricité verte et, en dernier recours, en utilisant des crédits carbones pour compenser nos émissions résiduelles de CO₂. Nous nous sommes mis en ordre de marche pour diminuer nos consommations d’énergie en électricité de 1,7 TWh (terawatt heure), de 2018 à 2030. Nous parlons de plus de 400 implantations dans le monde entier, en Asie, en Europe, sur le continent américain… en première monte comme en Aftermarket ! C’est très engageant et chaque site doit revoir son propre mode de production énergétique, en basculant vers de l’énergie renouvelable, dont le solaire fait partie ou de l’électricité verte. Nous avons mis en place des process pour réduire nos consommations d’eau dans les pays où l’eau est rare de 25% entre 2017 et 2025. Un objectif déjà atteint en 2021 ! Nous sommes très transparents et nous le prouvons via notre rapport annuel accessible à tous (lien ci-dessous). Il montre clairement nos objectifs, nos évolutions, nos critères et nos exigences !

🔗 Faits et chiffres sur la Sustainability (Rapport annuel public)

 

Quels sont les investissements consentis pour atteindre ces objectifs ?

Peter Lukassen : Le groupe a prévu d’investir 1 Md€ depuis 2019 jusqu’en 2030 rien que pour les économies d’énergies. D’ores et déjà, cet engagement est rentable et ce montant sera dupliqué d’ici 2030. Nous sommes entrés dans une période de crise conjoncturelle post-Covid avec un prix de l’énergie prohibitif. Nos investissements sur des machines de production de dernière génération par exemple, habituellement énergivores, nous ont permis d’amortir ce choc énergétique, et à très court-terme.  

Bénédicte Damour : Il y a une somme de petits changements qui provoquent de grandes choses ! Remplacer les ampoules consommatrices par des Leds peut paraître anodin, mais cela permet à grande échelle de moins consommer donc de moins dépenser. Bosch est un laboratoire international à ciel ouvert en matière de développement durable.

 

L’échange standard est une activité quasi historique chez Bosch !

 

Quelles sont vos avancées sur les Scopes (1, 2 et 3) ?

Peter Lukassen : Nous sommes Scope 1 et Scope 2 depuis 2020*. Les économies de CO2 scope 1 et 2 réalisées entre 2018 et 2023 s’élèvent à 82%. Le Scope 3 est le plus long car il impacte toute la chaîne amont et aval. Il est très engageant et demande du temps dans sa mise en place avec tous nos fournisseurs. Nous sommes d’ailleurs très exigeants avec eux car toutes les entreprises de la chaîne doivent réduire leur empreinte carbone en étant totalement transparentes sur les volumes d’émissions émises par chacune. C’est pour cela que nous invitons chaque acteur à faire partie du mouvement en se ralliant à plusieurs initiatives mondiales auxquelles nous participons comme le Science Based Targets initiative (SBTi). Sur le Scope 3, Bosch s’est engagé à réduire ses émissions de 15% absolus d’ici 2030. Et nos efforts ont payé car nous avons déjà dépassé ce palier pour atteindre les 23% actuellement, en réduisant nos émissions de 100 millions de tonnes d’émissions carbone. Je ne connais aucune entreprise mondiale qui peut annoncer un tel niveau !

Bénédicte Damour : Nous avons entamé un vrai travail de fond dans notre chaîne logistique pour atteindre le Scope 3 : nous avons ainsi augmenté les livraisons directes, réduits l’aérien, favoriser le fluvial, accéléré la transition vers la mobilité électrique de nos flottes internes (PL et VL) … Cette évolution n’est pas une mutation profonde pour Bosch qui s’y attelle depuis des années. C’est son ADN depuis toujours ! Et nous le répétons, il n’y a pas incompatibilité entre développement durable et rentabilité d’une entreprise. Nos engagements dans ce sens se transforment rapidement en profits, pour la planète comme pour les 430 000 personnes du groupe et nos clients.

*Scope 1 : émissions directes de gaz à effet de serre par l'entreprise : chauffage, émissions des véhicules… Scope 2 : émissions indirectes liées à l'énergie.

 

L’échange standard dans l’automobile est une pratique de longue date chez Bosch ?

Bénédicte Damour : Cette activité est quasi historique chez nous ! Nous avons toujours privilégié la réparation plutôt que le remplacement depuis plus de soixante ans. Nous avons un programme d’échange standard pour conserver les pièces inaltérées et réparer les autres, ce qui alimente notre propre économie circulaire. Nous avons ainsi acquis une solide expérience en la matière sur les machines tournantes ! Cette gamme reconditionnée a permis une économie de 3 100 tonnes de métaux différents, soit l'équivalent de 8 600 tonnes de CO2. Nous emballons nos pièces avec du carton recyclé pour ne plus utiliser de plastique. Et nous sommes d’ailleurs en recherche permanente pour élargir notre offre en pièces recyclées.

 

Notre meilleur prescripteur restera toujours le réparateur

 

Quel type de nouvelles pièces peut entrer dans le champ du recyclage justement ?

Peter Lukassen : Dans notre scope, entrent toutes les pièces à fortes valeurs comme les moteurs électriques ou les calculateurs, les alternateurs-démarreurs, les pièces de direction, les étriers, les pompes, les injecteurs Diesel… Le choix est vaste ! L’offre en échange réparation représente aujourd’hui 16 000 références, issues de 30 familles, et incluses dans notre programme dédié baptisé Bosch eXchange qui lui-même date de 1970 ! Une antériorité qui nous permet d’avoir une expérience indiscutable dans ce domaine.

Bénédicte Damour : Nous avons une offre ultra calibrée pour chaque client quel que soit l’âge de son véhicule ! Et notre meilleur prescripteur restera toujours le réparateur, et particulièrement celui de notre réseau Bosch Car Service. Les clients finaux sont demandeurs pour ce type de pièces de qualité et à moindre coût, tout comme les assureurs d’ailleurs. Le thème des pièces issues de l’économie circulaire est dans l’ère du temps. Bosch est dans ce schéma depuis longtemps.

Nous souhaitons aussi réduire l’empreinte carbone par exemple des balais d’essuies glaces AeroTwingrâce à leur emballage 100% recyclable 100% carton, certifié FSC. Ce nouveau conditionnementnous permet d’économiser 350 tonnes de plastiques chaque année ! C’est très concret. Nous nous sommes fixés l’an passé des objectifs ambitieux pour réduire notre empreinte carbone sur ce sujet. Un vrai pari mais nous sommes en ordre de marche.

 

Comment promouvoir le développement durable au niveau européen ?

Peter Lukassen : En étant actif au sein de différentes associations comme le Forum Automotive Aftermarket Sustainability (FAAS), initié il y a deux ans par l’Association Européenne des équipementiers (CLEPA) et la Fédération européenne des distributeurs indépendants de pièces (Figiefa). Une plateforme d’échanges et de bonnes pratiques, pour réduire les émissions carbones. Le FAAS permet d’échanger, de débattre et d’adopter les bonnes idées, comme le reconditionnement par exemple… Cet engagement au plus haut niveau complète nos propres actions quotidiennes au sein de Bosch.

Bénédicte Damour : L’univers de l’automobile est effervescent en matière de développement durable et investit massivement en R&D… Chez Bosch, nous échangeons aussi bien avec les constructeurs (Stellantis, BMW, Volvo…) que les fournisseurs et distributeurs ou techniciens de pièces. Des échanges fournis permettant des avancées incroyables de la part de cette industrie en mouvement. C’est vraiment un secteur bouillonnant. Le grand public n’a pas encore conscience de la somme d’efforts colossaux et d’engagements concrets lancés pour réduire l’empreinte carbone tout au long de la chaîne de valeur tout en garantissant sa mobilité. Nous devons tous nous mobiliser pour partager nos convictions avec le grand public.. C’est un devoir d’utilité publique et c’est notre mission au sein de Bosch !

 

Bosch en chiffres

91,6 Md€ de chiffre d’affaires en 2023 dont 56,2 Md€ pour le secteur Mobilité (+6,9%)

468 sites dans 60 pays

430 000 collaborateurs

20% de femmes dans le management

581 000 tonnes de CO₂ compensées par des crédits carbones en 2023

Neutre en carbone scope 1 & 2 depuis 2020.

 

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