LKQ Europe : pas de latence opérationnelle pour Varun Laroyia
Moins d’un mois après avoir succédé à Arnd Franz à la présidence du leader européen de la distribution multimarque, Varun Laroyia s’est entouré d’une équipe resserrée d’experts « maison ». Objectif impératif : assurer la pérennité opérationnelle du groupe et gagner en agilité. Une transition rapide « à l’américaine » expliquée par Alex Gelbcke, le CEO Fource (France-Benelux).
« Une semaine après son arrivée, Varun Laroyia a réorganisé la gouvernance de la division Europe, la plus importante du groupe chez LKQ », explique Alex Gelbcke, le CEO Fource (France-Benelux). La première action du patron de LKQ Europe a été de retirer une couche du millefeuille managérial afin d’alléger la chaîne décisionnelle qui dérivait vers la centralisation dans le cadre du nécessaire plan d’intégration. L’axe principal : améliorer l’agilité des équipes en donnant plus de responsabilité aux managers des cinq régions LKQ Europe (Allemagne, Italie, Europe de l’Est, Benelux/France et Royaume-Uni).
Ainsi, exit le poste de directeur de la stratégie commerciale, la fonction est dispatchée entre des collaborateurs « ayant une bonne compréhension des marchés ». Outre leurs fonctions de CEO "Régions", Alex Gelbcke (Benelux/France) et Andy Hamilton (Royaume-Uni) assument dorénavant les fonctions supports, respectivement, BtoB et BtoC.
Cette nouvelle organisation ne changera pas le process de référencement centralisé des fournisseurs majeurs complété par des négociations régionales pour intégrer aux portefeuilles des collections spécifiques plus « locales ». Ensuite, la logistique a été intégrée jusque dans la filiale de distribution. Enfin, à peine centralisée, la communication est redonnée aux teams « Régions ». En clair, retour à la case décentralisation pour coller aux spécificités des marchés.
One LKQ, toujours mais par étapes
Pour autant, pas question d’abandonner le plan d’uniformisation One LKQ porté par Arnd Franz, « mais une sélection des projets prioritaires a été faite ». L’accélération en France en faisant partie ! « Le nouveau CEO a participé à la construction du projet européen, dont il a suivi chaque étape. Il fait partie des gens qui ont confirmé, modifié… le projet. Non seulement il y adhère, mais il en est aussi l'un des pères fondateurs ! Il a fait sienne la vision européenne. Donc il n’y pas de changement sur la stratégie. En revanche, de manière pragmatique, il regarde ce qui n’a pas pu être déployé pour s’y attaquer en allant plus vite que précédemment, d’où son approche sélective sur les chantiers de transformation. »
On comprend que tous les chantiers ouverts dans le cadre de One LKQ ne seront pas déployés concomitamment, mais que ceux qui le seront devront être rapidement opérationnels. En revanche, la liste des projets mis en sommeil reste encore pour l’heure sous embargo !
« Il était important que LKQ mette à la tête de la division européenne un professionnel rassurant pour les analystes financiers. Mais Varun Laroyia n’est pas qu’un financier, il s'est aussi toujours investi dans l'opérationnel ».
Alex Gelbcke
Vitale continuité opérationnelle
Le nouveau « patron » de l’Europe est donc allé vite. Une vélocité d’autant plus remarquée que le départ d’Arnd Franz a pris l’ensemble du marché de vitesse, les équipes y compris. Il n’y avait de toute façon pas de temps à perdre face à des marchés financiers habitués à réagir à la milliseconde. De fait, quatre jours après le départ surprise d’Arnd Franz, le titre LKQ perdait 9 % pour remonter aussitôt à l’annonce de l’arrivée de son successeur. « Il était important que LKQ mette à la tête de la division européenne un professionnel rassurant pour les analystes financiers. » Le directeur financier de LKQ Corp., Varun Laroyia, avait donc le bon profil pour rassurer les « inquiets » de la bourse.
Mais revers de la médaille : la crainte des équipes européennes engagées dans la mutation du groupe de gagner un patron uniquement piloté par des tableaux Excel ! Il ne devait pas rater son entrée en reprenant après Arnd Franz, plus constructeur que démolisseur. S’il démarre sur un mauvais signal de suppression de certains postes au management, il redonne également du jeu aux acteurs terrain. Ce qui est toujours apprécié des équipes. Il devra également repartir sur des croissances à deux chiffres. « Nous sommes dans le business plan. Et même les régions les plus en difficultés, l’Europe de l’Est pour cause de guerre en Ukraine et l’Italie où nous avons beaucoup perdu mais qui se redresse aujourd’hui, restent profitables », s’agace le patron BtoB Europe. « Varun Laroyia n’est pas qu’un financier. Il a une vraie habitude de l’opérationnel. Son discours est tout sauf financier. Il a défini trois priorités : croissance, valorisation des talents internes et accélération des chantiers sélectionnés », précise Alex Gelbke.
La prise de fonction rapide, avec la mise en œuvre de décisions pragmatiques, semble donner des gages à tous. Reste que Varun Laroyia devra faire la démonstration de son agilité de pilote dans une conjoncture d’instabilité géopolitique mais surtout de sur-inflation, avec une distribution qui va entrer d’ici la fin d’année dans des zones dangereuses pour la filière indépendante. Voir comment le nouveau patron de LKQ Europe va négocier le virage.