E. Macron, France 2030 : l’automobile fait toujours partie du plan
Alimentation, agriculture, énergie, santé et automobile : dans son plan France 2030, présenté ce mardi 12 octobre devant 200 chefs d’entreprises et un parterre d’étudiants, Emmanuel Macron a dicté la ligne de conduite du pays pour reprendre sa souveraineté industrielle et le chemin d’une croissance à long terme. Le pari sur l’avenir que fait le Président de la République est tout de même estimé à 30 Md€, et le secteur automobile qui doit produire deux millions de véhicules électriques et hybrides d’ici 2030 en France, doit faire partie du plan. Mais si E. Macron ouvre de nouvelles voies pavées par l’innovation, la rupture technologique, il tire à bout portant sur les constructeurs français, responsables du déclin du secteur selon lui, et demande fermement leur engagement dans la ré industrialisation française...
Objectif décarbonation pour le secteur auto et l'aéronautique, les deux secteurs au cœur de l'avenir industriel français puisque 4 Md€ seront débloqués. « Nous avons trop peu investi sur l’offre industrielle. Camions, bus, trains, avions seront alimentés par l’hydrogène vert. Deux Gigafactory (électrolyseurs) seront construites », a ainsi expliqué Emmanuel Macron.
L’actuelle pénurie des semi-conducteurs soulignent également le manque d’indépendance du pays en composants électroniques. Près de 6 Md€ seront injectés pour doubler la production électronique sur le territoire. Puis est venu le temps d’une explication de texte sur la situation actuelle de l’industrie auto. Pour Emmanuel Macron, « les 30 dernières années ont été cruelles pour l’automobile française ! Elles sont le fruit d’erreurs dans la politique industrielle, de stratégies de non coopération entre constructeurs qui portent une énorme responsabilité, et du choix de la sous-compétitivité. Quand on décide de tout faire payer par le facteur travail, de ne pas rémunérer suffisamment le capital, que l’on sous investit et délocalise, on arrive 30 ans plus tard à un désert industriel et des emplois laminés », lâche Emmanuel Macron lors de la présentation des grandes lignes de son Plan France 2030.
Le Président de la République n’a pas mâché ses mots tenant dans son viseur les constructeurs français pendant plusieurs minutes ! Selon lui, le pays ne refera jamais de véhicules moyens et haut de gamme, « la bataille est finie. Nous nous sommes faits distancés ! » Pas d’autre choix plus porteur que le terrain de l’innovation et des technologies de rupture dont fait partie la batterie. Et l’objectif de deux millions de véhicules électriques et hybrides produits en France en 2030, annoncé dans son Plan, lui parait « tenable et préservera les parts de marché de la France en Europe. La révolution est déjà en marche et le développement de trois super usines de batteries (Gigafactory) en France accélère encore les choses », a indiqué E. Macron, en soulignant qu’il reverra tous les acteurs pour remobiliser les choses, sachant qu’il s’agit d’un changement culturel qui sous-entend d’investir massivement, avec une coopération volontaire des constructeurs.
« S’ils ne font pas leur part dans cette affaire, nous ne transformerons pas l’essai. Ce n’est pas qu’une partie jouée par l’Etat. Eux aussi doivent avoir une vraie stratégie d’investissement et d’achats sur le territoire et à l’égard de leurs sous-traitants. »
Ce passage aigre-doux a ensuite permis au Président de poser quelques jalons de son plan 2030 sur la mutation programmée de l’automobile :
- Les primes et les bonus de France Relance permettront de répondre à l’objectif des 2 millions de VE/ VH d’ici 9 ans,
- La conversion du parc auto doit se poursuivre, tout en maintenant une production française dans la fabrication de véhicules propres,
- L’investissement dans les batteries et le tissu industriel permettra une transition énergétique cohérente avec la production,
« Il faut investir plus d’argent public et privé, sortir de l’idée reçue consistant à dire qu’il y a une opposition entre start-up et industrie : il n’y a plus d’opposition entre start-up et industrie" », a-t-il martelé. Les investissements publics, créateurs de croissance et d’emplois, seront en accélération, avec une stratégie de croissance visant à créer un cercle vertueux, orientée vers l'emploi, la formation, l'exportation et la production permettant ainsi de financer le modèle social français. Surtout, il faut investir dans les talents. « 2,5 Md€ sont ainsi prévus pour accélérer les formations et créer de nouvelles filières. »