Gateway / Passthru : nouvelle clé du business

Le télécodage n’est pas une nouveauté en soit : lorsqu’un réparateur doit remplacer un injecteur haute pression ou remplacer une pompe de sérine, la pièce en question est "vierge" de toute information. Il lui faut télécharger un software sur le serveur du constructeur pour qu’elle puisse être reconnue par les calculateurs du véhicule et qu’elle fonctionne correctement. Ce qui est nouveau, c’est la tendance à une généralisation du procédé. Apparu sur les modèles du groupe FCA, le gateway est une clé informatique permettant de déverrouiller l’accès aux données du véhicule ; le passthru un moyen de reprogrammer une pièce en accédant aux informations techniques du constructeur, disponibles sur un serveur dédié.

Le vitrage ou la réparation-collision sont des activités déjà fortement touchées par le phénomène : « Le recalibrage des ADAS, et donc la nécessité de se connecter aux serveurs constructeurs, représente d’ores et déjà 20 % des entrées atelier », indique à cet égard Olivier Hélore, responsable national du développement des services à la réparation pour Autodistribution.

L’entretien-réparation mécanique n’en est qu’à ses débuts en la matière. Mais ça avance très vite. Pour les ateliers mécaniques, les chiffres sont variables : selon Pascal Sigrist, directeur technique IDLP (Alternative Autoparts), près de 30 % des entrées atelier demandent déjà une connexion au serveur du constructeur, tandis que le gateway s’impose dans 50 % des cas ! Des proportions plus mesurées selon Bosch : « Savoir utiliser le passthru ne représente encore que 2 à 15 % des entrées atelier. Mais le développement d’accords-cadres avec des clients grands comptes, dont les flottes sont composées de véhicules très récents, va immanquablement faire augmenter cette proportion », avertit d’ores et déjà Franck Dupuis, directeur commercial Équipements de garage Bosch Automotive Aftermarket.

Même si ce procédé ne concerne que les véhicules récents, les réparateurs indépendants doivent se pencher dès aujourd’hui sur ce qui sera leur quotidien dans un futur proche. Car la norme passthru concerne tout type de prestation, des opérations les plus simples (vidange, freinage... même la pose d’un attelage !) aux plus complexes (reprogrammation, optiques de phare, calibration des radars et caméras).

« Le diagnostic et l’accès aux informations techniques des véhicules – problématiques dont font partie intégrante le gateway et le passthru – ainsi que l’accompagnement dans les nouvelles mobilités seront deux dossiers capitaux pour le groupement de distribution dans les mois et années à venir », déclare ainsi Stefan Bornauw, manager support pour la région France et Benelux LKQ Europe.
 

Pour effectuer des opérations en passant par le gateway, il faut d’abord disposer d’un outil de diagnostic à la page. Bosch a par exemple passé ses troupes Bosch Car Service (BCS) en revue l’an dernier, en visitant chaque adhérent afin de s’assurer qu’il dispose d’un équipement à jour. Autodistribution fait de même. Et pour répondre à cette problématique naissante, les fabricants d’outils de diagnostic se positionnent en facilitateurs. « Pour limiter au maximum la partie administrative (inscription du réparateur sur le serveur), Bosch a conçu la plateforme digitale SDA, ou Secure Diagnostic Access, où le professionnel s’inscrit une fois pour toute sur un serveur sécurisé Bosch pour accéder à l’ensemble des serveurs des constructeurs disponibles dans SDA », déclare Franck Dupuis. Une approche également déployée par les autres grands noms du diagnostic : Actia, Hella Gutmann, Texa…