Exclusif : vingt-six pros sur les pistes de la relance [table ronde Zepros Après-Vente]

Girault Nicolas
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Les participants à la table ronde en ligne organisée par Zepros Après-Vente Carrosserie (le 2 mars dernier) esquissent un panorama de l'actualité des carrossiers. Cet état des lieux 2021 marque d’importantes disparités structurelles et géographiques... et livrent quelques pistes de redémarrage d’activité.

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« On sent un vent de restructuration, avec la multiplication probable d’opérations de cession-reprise. Certains carrossiers veulent profiter du contexte pour élargir leur maillage par des rachats », observe Patrick Cléris. Le président de la FRCI émet cette déclaration à l’occasion de la table ronde en ligne organisée sur le thème de la relance du marché carrosserie.

Tous les intervenants s’accordent sur le contexte énoncé par les représentants de PHE et AAG : baisse d’activité en 2020 et ralentissement au début de cette année, avec des variations selon les spécialités et les régions. Ainsi, du point de vue des experts, « l’activité redémarre très doucement et fluctue, chaque semaine, voire chaque jour. On assiste parfois à des sursauts apportant un peu d’optimisme… puis des baisses significatives », indique François Mondello, président de l’Anea.

Meilleure résilience pour les petits ateliers que les gros ?

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Tandis que chez les distributeurs de peinture, « certains ont mieux tenu le coup que d’autres, notamment dans l’ouest de la France où on s’en est mieux sorti que dans l’Est », souligne Philippe Leroux, président de Centaure. Ceux-ci en ont aussi profité pour réduire leurs stocks. Cette hétérogénéité est confirmée par les réseaux et les syndicats de carrossiers. Si leur situation n’est pas rose, les enseignes alignent globalement de meilleurs résultats que ceux indiqués par l’étude Solware-CNPA sur l’activité en janvier*. « 27% des carrosseries ont recours au chômage partiel », précise Yves Levaillant, président de la branche Carrossiers du CNPA.

Cependant, beaucoup de petites et moyennes carrosseries souffrent proportionnellement moins que les grandes structures supportant des coûts de fonctionnement plus lourds. « Car les petits ateliers sont souvent adossés à de la mécanique et bénéficient de synergies avec cette activité. Ensuite, le hors assurance et la carrosserie rapide sont des flux qui se reportent naturellement davantage vers les petites carrosseries », analyse Jean-Christophe Servant, président de Sherwin-Williams France. « Mais j’ai certaines grosses carrosseries parisiennes qui s’en sortent bien », tempère Vincent Belhandouz, président d’Aniel Marketplace (filiale du groupe Faubourg, propriétaire des carrosseries SereniCar).

Autour de la table ronde

Syndicats professionnels

• Yves Levaillant & Ouaiba Sardi (CNPA)

• Christophe Bazin (FFC)

• Marie-Françoise Berrodier et Aliou Sow (FNA)

• Patrick Cléris (FRCI)

• François Mondello (Anea)

Distributeurs

• Vincent Braud et Thierno Diallo (Renault)

• Vincent Belhandouz et Stéphane Colet (Aniel Marketplace)

• Auguste Amieux, Stéphane Holt et Christophe Sablone (PHE, Cora)

• Antoine Arcuri (AAG, Saint-Amand Service)

• Philippe Leroux (Centaure)

Réseaux

• Alexis Saccardo (Axial)

• Alain Bessin et Catherine Duyck (Five Star)

• Vincent Congnet (AAG)

 

Fabricants de peinture

• Jean-Christophe Servant (Sherwin-Williams)

• Redhwan Amine (Axalta)

• Arnaud Racapé (PPG)

• Fabien Boschetti (BASF)

• Sam Younes (General Paint)

 

Équipementiers

• André Courtois (Weinmann Technologies)

• Pauline Berthelot (SGI)

Investir à bon escient

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Dans ce contexte d’une année durant laquelle les trésoreries ont été mises à mal, la question de l'investissement apparaît de nouveau cruciale. Et contrairement à l'idée reçue selon laquelle une partie des investissements récents avaient été réalisés grâce au prêt garanti par l'État (PGE), les carrossiers étant « 55% à en avoir souscrit pour survivre à 2020 », selon Vincent Congnet, directeur des réseaux d'AAG, peu ont en réalité utilisé ces aides en ce sens. Reste que le parc roulant ne cesse de se complexifier malgré la baisse drastique du volume de véhicules neufs vendus en 2020. Et Auguste Amieux, DG développement carrosserie du groupe PHE, insiste sur la nécessité pour les distributeurs « d'accompagner le professionnel vers le bon investissement – qu'il s'agisse d'outils de diagnostic, de bancs de recalibrage Adas – et de l'aider à le faire en bon gestionnaire ».

L'investissement doit avant tout « se faire sur l'humain et sur le recrutement », tempère Vincent Congnet, qui met aussi en évidence le travail effectué par la FRCI et son partenaire Socca Conseils dans la mise en place de business plans chez les réparateurs. « Avant de penser investissement, nous avons œuvré aux économies réalisables immédiatement, comme sur le dégrèvement des taxes foncières, car il faut d'abord aider au redressement de la trésorerie du quotidien », précise même Patrick Cléris. Et retrouver de la valeur là où elle se trouve.

Équilibrer les flux et se réinventer

Ouaiba Sardi, secrétaire générale de la branche carrossiers du CNPA, l'affirme : « La baisse de volume dans les ateliers est structurelle, il faut donc anticiper le changement de la typologie de sinistres et prendre pour base l'état du parc autour de son entreprise », avant d'arbitrer. D'où l'importance de ne pas céder aux promesses de volume des agréments d'assurance sans les renier pour autant, le secret d'une bonne santé résidant en partie dans le bon équilibre entre flux provenant des assureurs et le hors assurance.

Raison pour laquelle, face à la crise née du Covid, le carrossier doit « se réinventer, être mieux organisé pour être plus performant et se former », selon André Courtois, président de Weinmann Technologies. Se diversifier, notamment, vers la mécanique, le vitrage, la restitution... En attendant que le marché lui-même se réinvente en partie, avec l'espoir de voir la libéralisation de la pièce de carrosserie au niveau européen revaloriser la main-d'œuvre. A condition, selon Ouaiba Sardi, « que soit consacrée la liberté absolue d'approvisionnement du réparateur ».

*-25% d’activité, avec -20,3% en pièces et -34% en main-d’œuvre.

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