Incognito : Alors ta boîte auto, tu la vidanges ou pas ?

Publié le 25/02/2021

Muriel Blancheton

C’est la grande question : faut-il vidanger sa boîte automatique ? Et si oui, tous les combien ? OK, on n’atteint pas la dimension du vieux débat « Beatles ou Rolling Stones ». Mais la question chauffe les esprits. La preuve, les fans de la boîte auto squattent les forums en ligne. Et là, on se croirait au déjeuner dominical chez les beaux-parents parce qu’il y a toujours un rigolo pour lancer un thème qui peut vous plomber l’après-midi : pour ou contre se faire vacciner, pour ou contre les chaussettes dans les tongs… mais ouh là là je m’égare ! Mauvais souvenir. Bon, je n’ai toujours pas de réponse à ma question. Je vais sonder le terrain moi-même, foi d’incognito.

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Donc, j’amène mon Scenic BVA flambant neuf (non je plaisante) chez des pros du sud nantais. Pas besoin d’avoir fait l’Actors Studio pour jouer les ignorants sur ce coup. J’avoue tout. Je ne sais rien. D’autant que le manuel du constructeur ne dit pas un mot de l’affaire. Espérons que mes interlocuteurs seront plus prolixes (bavards si vous préférez).

NORAUTO : du conseil et un prix

Je commence par un centre Norauto d’une zone commerciale. Il y a foule mais l’organisation maison régule les flux. Dès mon entrée, on me demande ce que je veux et on me dirige vers la file d’attente des bornes d’accueil de l’atelier. Premier indice : oui, on fait bien les vidanges de boîte auto ici. Bruno – parce que c’est écrit sur son badge – prend le relais. Et tout son temps pour me renseigner. Il prend ma carte grise et m’apprend qu’il n’y a pas de préconisation constructeur. Mais il me conseille de faire la vidange « tous les 100 000 km maximum » quand même. À ma demande, il me sort un devis à 177,65 €, à valider par le chef d’atelier. Bruno, qui bosse aussi le week-end, me dit que l’émission auto de RMC le dimanche préconise cet entretien. Bah, si Saint-RMC le dit, alors… Surtout, il m’explique comment l’huile s’altère, vu l’humidité ambiante (il pleut sur Nantes, ce n’est pas qu’une chanson !). De l’info claire, un prix raisonnable, je sors guilleret et je m’apprête à rentrer chez moi.

Etoile : 5/5

AD : un brin alarmiste

Pas convaincu, je décide de creuser un peu. D’abord dans un petit garage AD du secteur. L’expression « garage de ville » tient sa promesse : on se demande presque comment il respire coincé entre les deux maisons qui l’encadrent, façon bodyguards ! À l’intérieur, la secrétaire prend mon problème au sérieux. Quitte à le dramatiser : elle me raconte le triste sort de cette C-Max dont la boîte a lâché à 65 000 km alors que, même les concessionnaires Ford le disent, la vidange est nécessaire tous les 60 000 km. Elle s’emballe un peu, me dit qu’il faut vidanger la boîte tous les ans ! Euh, et si je ne roule pas beaucoup, m’interroge-je avec une fausse naïveté. Après un rétropédalage très digne, mon interlocutrice prend mon numéro de téléphone pour se renseigner auprès d’un contact chez Renault et me rappeler. J’attends toujours…

Etoile : 2/5

AGENT RENAULT : entretien express

Et puis je me rappelle de ma mission ! Je file droit chez l’agent Renault situé sur la même zone. Vu de l’extérieur, le bâtiment aurait besoin d’un petit coup de neuf. Mais bon, on ne va pas chipoter. À la réception atelier, mon interlocuteur connaît son sujet et m’assure que le constructeur met dans la boîte de l’huile dite « à vie ». Par acquis de conscience, il vérifie avec l’immatriculation. Confirmation. Pas d’intervention ! Je lui demanderais bien si une petite vidange ne ferait pas de mal à la boîte mais n’ose pas déranger davantage, même s’il n’y a pas foule. En trois minutes chrono, mon problème est réglé ! Circulez…

Etoile : 2/5

POINT S : « C’est compliqué »

Je décide de filer voir un autre centre auto, un petit Point S caché pas très loin. À l’intérieur c’est le capharnaüm. Il y a bien un atelier, mais les vidanges de boîte auto « c’est compliqué, on ne fait pas. Il y a des procédures bien particulières. » Cette franchise me rassure, moi qui m’attendais à voir peu de garages effectuer ces vidanges, réputées délicates sur certains modèles. Lorsque je demande au mécano qui aller voir sur le secteur, il me dirige vers l’atelier du distributeur AD local plutôt que la concession Renault voisine. C’est pourtant là que je me rends en premier.

Etoile : 3/5

CONCESSION RENAULT : pas de préco, pas de boulot

Trois minutes, c’est le tarif maison qui ne fait pas mal au porte-monnaie mais me laisse sur ma faim. J’ai passé plus de temps à comprendre où étaient les places de parking pour les clients de l’atelier qu’à son accueil ! Le réceptionnaire m’annonce illico que le constructeur ne préconise aucun entretien. Après vérification, il me demande quand même si ma boîte a des hoquets. Je dis non. Il me dit « soyez tranquille ». Et met fin à l’entretien dans les deux sens du terme.

Etoile : 2/5

APA : la touche technique

Dernière étape de mon périple, l’atelier du distributeur APA. Niveau maîtrise technique et clarté du discours, même derrière un plexiglas, c’est le top. Et sans exagération : il préconise une vidange de 80 000 à 120 000 km. Deux options sont proposées, l’une sans rinçage de la BVA, l’autre avec. Deux jours plus tard, les devis étaient dans ma boîte mail. Avec des prix 2,5 à 3 fois supérieurs au tarif affiché par Norauto… De quoi prolonger de quelques milliers de kilomètres la réflexion. Mais bon.

Etoile : 5/5

Conclusion

Alors tu la vidanges ta boîte auto, oui ou non ? Le camp des Oui m’a plutôt convaincu. Avec un nombre de BVA sur les routes en augmentation, on sent bien que les ateliers s’y sont mis et ont bossé le sujet. Au point de décrédibiliser le réseau constructeur ! Sa capacité à laisser filer un client prêt à réaliser cet entretien chez lui laisse perplexe. Ou alors ils privilégient, comme le susurrent certains, le remplacement de la boîte voire de la voiture une fois la casse venue ?

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