Jérôme Kuentz fabrique des champions

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Quelle idée, lorsque l’on doit gérer son entreprise, de s’engager dans l’organisation et la formation des jeunes apprentis dans ces concours d’excellence ?Jérôme Kuentz : Par passion et un peu de frustration ! Je ne suis pas passé par la filière de l’apprentissage mais pour celle de l’Éducation nationale (bac pro et BTS MAVA). Je n’ai donc pas eu l’opportunité d’entrer dans la compétition. Je vis mon rêve à travers mes apprentis. Être coach de ces jeunes compétiteurs prend du temps. Tous les samedis sont consacrés à leur entraînement. Parallèlement, comme je suis référent national MAF en mécanique auto depuis 2006 et pour les Olympiades depuis 2016, je dois monter les épreuves.
Quand avez-vous commencé ?J. K. : En 2003 [N.D.L.R. : il avait 24 ans], avec notre premier apprenti méca médaille d’or du Meilleur Apprenti de France, Yannick Schumacher. Puis en seize ans ont été formés chez nous quatre meilleurs apprentis de France et deux jeunes ayant participé aux WorldSkills, dont le dernier en date Kevin Muller qui s’est classé sixième au niveau mondial. Et ce sont trente-deux médaillés qui sortent du CFA de Mulhouse.
Comment « fabrique »-t-on des champions ?J. K. : Ma méthode est un peu virulente ! Sans cesse, je les fais monter, démonter, j’ajoute des pièces, je retire ou déplace des outils… En clair, je les sors de leur zone de confort. Je ne veux pas en faire des robots juste capables d’effectuer des gestes maintes fois répétés, je veux qu’ils réfléchissent, et vite, car dans ces épreuves le temps est compté. Tant qu’ils n’ont pas craqué chez moi, c’est qu’ils ne sont pas encore aller au bout [N.D.L.R. : Jérôme Kuentz a été professeur de judo pendant 15 ans, CQFD !].
Quel est l’intérêt d’être médaillé pour un jeune apprenti ?J.K. : Ces concours sont de véritables révélateurs de talents. Ils s’y forgent un mental de sportif de haut niveau, de combattant, y gagnent la précision du geste, montrent leur travail et leur détermination. Être distingué par une médaille est un vrai plus en termes d’employabilité. Cela fait une belle ligne sur le CV et peut faire la différence lorsqu’un patron hésite entre deux jeunes.
Quelles sont les étapes pour ces compétiteurs ?J.K. : Cela commence avec le MAF, il faut être apprenti et avoir moins de 21 ans. Ensuite, ils poussent plus loin avec les Olympiades des Métiers pouvant amener les médaillés d’or nationaux aux WorldSkills, avec un âge maximum à 23 ans.
Et après cet âge, cela s’arrête pour ces athlètes de la mécanique ?J.K. : Oui, c’est pourquoi j’espère qu’un jour nous réussirons à créer la division Maintenance VL au concours du Meilleur Ouvrier de France, qui n’est pour l’instant ouvert qu’aux carrossiers. Car c’est la troisième étape, avec une compétition qui n’est ouverte qu’au plus de 25 ans. Le MOF est vraiment la filière de l’excellente, le Graal pour les compétiteurs.

• Sa carte de visite

Jérôme Kuentz a repris l’agence familiale et est spécialiste Renault Sport et expert véhicule électrique. Sa carte de visite est longue comme le bras et à la hauteur de son engagement dans la formation des jeunes vers l’excellence. En 2016, il a été promu Chevalier dans l’ordre des Palmes Académiques. Il est formateur au CFA, responsable Formation de la Corporation de l’automobile Sud Alsace, expert Métier France du concours « Un des Meilleurs Apprentis de France », expert métier aux WorldSkills France en technologie automobile.

• 45 % des 34 819 jeunes ayant choisi la filière maintenance de véhicules particuliers ont opté pour l’alternance.
• + 3,8 % c’est la progression des effectifs de la filière maintenance VP en 2017.
• 47 % des jeunes en CAP ont opté pour l’alternance (14 % en statut scolaire).
• 1/3 des apprentis ayant obtenu leur CAP poursuivent vers le bac pro.
• 69,4 % des apprentis sont en emploi sept mois après leur sortie de formation (+ 4,4 points). C’est 48 % pour les lycéens et 88 % pour les CQP.

Source : ANFA