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Véhicules historiques : nouvelles cibles des réseaux ?

Jérémie Morvan
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La dernière édition du salon Rétromobile, qui s’est tenu du 8 au 12 février dernier, à la Porte de Versailles à Paris, a mis en lumière l’intérêt grandissant des professionnels de l’entretien-réparation pour les «vieilles bagnoles». Au-delà de la passion qu’ils suscitent, les véhicules historiques en effet représentent une manne économique qui aiguise les appétits des réseaux…
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Le salon Rétromobile vient de fermer ses portes. L’événement a été l’occasion d’officialiser la naissance de la 22e branche métier du CNPA baptisée «Véhicules Historiques». L’organisation professionnelle rappelle que ce segment de marché occupe plus de 2 000 entreprises françaises qui fabriquent et/ou vendent des produits et services, soit pas moins de 10 000 emplois. De quoi légitimement créer une 22e branche métier au sein du Conseil National des professions de l’Automobile, emmenée par Michel Loreille, et qui s’est assignée pour objectif non seulement de défendre ces entreprises mais aussi (et surtout) d’assurer la nécessaire transmission de ce savoir-faire aux plus jeunes générations.Autre organisation présente sur le salon : l’association Diéséliste de France. A la pointe sur les sujets d’actualité liés au diesel (et à ses détracteurs toujours plus nombreux), son président Fabrice Godefroy explique cette présence sur un salon grand public : ses adhérents ont toute capacité pour l’entretien des youngtimers, lesquels embarquent les premières générations d’injecteurs et dont certains fonctionnent au… diesel !
Autosur aussi !
Alors bien sûr, l’enseigne de centres de contrôle technique Autosur était de la partie. Il s’agit certes de contrôle technique, mais Autosur est chronologiquement le premier réseau à s’être positionné sur ce créneau des véhicules historiques, il y a une dizaine d’années, avec le label Autosur Classic. Développé en interne sur la base du volontariat, Autosur Classic réunit les passionnés du réseau pour les véhicules anciens et agrège environ 450 des 960 centres de contrôle technique que l’enseigne compte sur le territoire !Et sa présence se justifiait d’autant plus cette année que le flou demeure encore quant aux véhicules mis sur le marché avant 1960, et qui devraient se voir retirer la carte grise dédiée aux véhicules de collection. Des véhicules qu’il faudra de toute façon entretenir ; et contrôler ! Aussi, l’enseigne s’est-elle rapprochée de la FFVE pour préciser les contours d’un contrôle technique pour ces véhicules, fondé sur le volontariat de leur propriétaire.Mais la manifestation a aussi été l’occasion du lancement officiel du réseau d’entretien-réparation Bosch Classic Service en France. Et ce, quelques mois seulement après l’annonce par Top Garage du lancement de son label Classic dans le cadre du Rendez-Vous Groupauto, en novembre dernier…A l’heure où l’on ne parle (presque) plus que de calculateurs, de capteurs, d’électronique, de connectivité et de véhicules autonomes, les véhicules de collection seraient-ils en passe de devenir une nouvelle poule aux œufs d’or ?
Une clientèle… Top !
Probablement, car la France compte un patrimoine automobile encore important. Selon l’organisation professionnelle, la France compterait ainsi plus de 2 millions de véhicules historiques, y compris les «youngtimers», détenus par plus de 400 000 propriétaires. Selon le premier équipementier mondial, s’appuyant sur une étude réalisée par la FIVA/FFVE (Fédération Internationale des Véhicules Anciens/Fédération Française des Véhicules d’Époque), le parc de véhicules historiques représente 1,5% du parc roulant, avec 800 000 véhicules de collection et 230 000 propriétaires. Les écarts de taille quant à la cible varient très vraisemblablement à l’aune de la définition même de véhicule ancien (youngtimers compris ou non). De la même manière, lorsque Bosch estime le marché à quelque 4 milliards d’€, Groupauto, plus prudent, avance le chiffre de 500 M€.Reste qu’à des niveaux pareils, le terme de «niche» devient tout relatif. Parce que les propriétaires sont des passionnés d’automobile, ils regardent beaucoup moins à la dépense qu’un conducteur de véhicule récent de grande série. Ils souhaitent bichonner leur «joujou» qui, s’ils ne parcourent que très peu de kilomètres par an, ont d’autant plus besoin d’entretien que les périodicités d’entretien sur les véhicules anciens peuvent s’avérer (très) rapprochées ! Ainsi, selon Denis Regard, directeur pièces et service chez Bosch, «ils dépensent environ 6 190 euros en moyenne chaque année, dont les deux-tiers pour l’entretien et la restauration»...Autre donnée intéressante fournie par Vincent Congnet, directeur des réseaux chez Groupauto : ces mordus d’automobiles sont pour certains de grands collectionneurs qui possèdent donc souvent plusieurs véhicules. Et d’avancer un ratio de 2,8 véhicules par propriétaire. En clair, fidéliser le collectionneur via son ou un de ses véhicules anciens peut aussi permettre de générer des entrées atelier supplémentaires avec les autres véhicules plus récents du foyer !
Être précurseur en étant... "Classic"
On ne peut donc que mieux comprendre pourquoi certains réseaux n’ont pas hésité à se positionner très clairement sur ce marché. Si Groupauto a tiré le premier en annonçant la création d’un label dédié, Top Garage Classic, à l’occasion du dernier Rendez-Vous Groupauto en novembre dernier, c’est Bosch qui a le premier communiqué auprès du grand public en annonçant le lancement en France de son réseau Classic Service à l’occasion du récent salon Rétromobile.L’équipementier peut certes s’appuyer sur une expérience de quelque dix années. Ce réseau est déjà solidement implanté sur son marché domestique en Allemagne, d'où il a essaimé en Autriche et en Suisse. Certes, l’annonce faite sur un salon grand public alors même qu’il ne dispose que de deux points de services sur le territoire a de prime abord de quoi surprendre. Mais Denis Regard a de solides ambitions en France pour ce nouveau réseau. Outre les Bosch Car Service qui sont des candidats naturels à cette "diversification", le panneau est ouvert à tous les professionnels désireux d’investir le créneau des véhicules historiques. L’enseigne ambitionne d’atteindre les 20 garages d’ici la fin de l’année, avant de tenter la conversion de 10% de Bosch Car Service en 2018 (NdlR : le réseau comptait plus de 530 points de service).
Pièces de rechange dédiées
Toujours est-il que, présence historique en première monte oblige, Bosch revendique une offre pièces de rechange particulièrement large. Et un solide accompagnement technique. Pour le premier en effet, Denis Regard a avancé le nombre de 60 000 références. Concernant l’accompagnement des professionnels, ceux-ci pourront s’appuyer sur une bibliothèque riche déjà de 50 000 fiches et autres documents techniques accessibles via le site web du réseau bosch-classic.comDe son côté, Top Classic (Groupauto) n'est pas en reste qui revendique un catalogue de 15 000 pièces. Un vrai travail de fourmi réalisé durant ces huit derniers mois. Il a nécessité l’apport des principaux fournisseurs du groupement de distribution. «A travers l’outil qu’ils utilisent au quotidien, Cattronic, les réparateurs ont ainsi d’ores et déjà accès à une collection complète de pièces pour les 140 principaux modèles de la fin des années 60 au début des années 90», précise le directeur des réseaux de réparation.
Réseau de compétences spécialisées
Ce n’est pas tout : le catalogue Top Garage Classic contient également toutes les compétences disponibles au sein des groupements d’Alliance Automotive Group. Elles vont du rééquilibrage de vilebrequin dont le distributeur Chambon est un spécialiste à la rectification d’une culasse dans les ateliers du distributeur Ragues en passant par la confection des flexibles de frein que propose Durand Services ! Enfin, troisième volet de l’offre : le référencement d’entreprises qui proposent tout ce dont le groupe ne dispose pas en interne (restauration de sellerie, spécialisation sur telle ou telle marque automobile, etc.). Une quinzaine d’entre elles figure au catalogue, mais Vincent Congnet annonce qu’à terme 25 à 30 partenaires référencés devraient figurer dans le catalogue.Annoncé en novembre dernier, Top Garage Classic compte déjà 109 points de réparation. Il devrait atteindre les 135 garages dans les semaines à venir.
Jérémie Morvan
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