Le CNPA plaide pour un plan de relance responsable

Romain Thirion
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A l'occasion de son point presse hebdomadaire depuis le début des mesures de confinement, le CNPA a évoqué le plan de relance de l'après-confinement, qu'il veut responsable mais qui doit, pour permettre à la filière des services de l'auto de faire face, être assorti de mesures suspensives de normes telles que l'accès aux données techniques, la responsabilité élargie du producteur et les objectifs de la norme CAFE.
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Après avoir bataillé comme un beau diable, depuis bientôt trois semaines, pour la clarification et l'accélération des mesures administratives mises en place par le gouvernement pour permettre aux entreprises de la filière des services de l'auto de résister la crise économique générée par l'épidémie de Covid-19, le CNPA est revenu, ce jeudi 2 avril, sur les trois axes de son action actuelle en faveur des professionnels du secteur.

Mais c'est surtout sur l'axe économique et social qu'a porté le discours du président du CNPA, Francis Bartholomé, et de son délégué général, Xavier Horent. «Nous avons interrogé les représentants de chacun de nos métiers et la chute de chiffre d'affaires qu'ils connaissent actuellement est brutale, allant de 60% à 100% pour certaines professions, déplore le premier. Nous devons continuer à œuvrer pour les protéger.»

Un plan de relance baptisé R³ : Relance Rapide Responsable

Ainsi, après avoir obtenu des clarifications du gouvernement sur la continuité de l'activité des dépanneurs-remorqueurs, des entreprises de transport PL et des loueurs, c'est sur le plan de relance post-confinement pour la filière des services de l'auto que le CNPA se concentre à présent.

Un plan évoqué avec les autres acteurs du secteur de l'automobile lors du Comité stratégique de filière qui a eu lieu le 25 mars dernier. «Nous travaillons dessus avec la Plateforme de la filière automobile (PFA) et avons demandé, en application notamment de la Loi d'orientation des mobilités (LOM), des adaptations vis-à-vis des normes européennes, car les entreprises du secteur ne pourront certainement pas assumer le coût de mise en conformité compte tenu des difficultés engendrées par la crise», explique Francis Bartholomé.

Et le président national du CNPA d'ajouter : «nous demandons ainsi le report de la libéralisation de l'accès aux données des véhicules connectés (NdlR : ce qui risque peut-être de faire tousser les indépendants qui, eux, en auraient besoin pour se relancer), la suspension de la responsabilité élargie du producteur (REP) ainsi que celle des objectifs de la norme CAFE», (Corporate Average Fuel Economy), réglementation destinée à améliorer la consommation de carburant moyenne des automobilistes et camions légers.

«Il y aura forcément des lenteurs considérables au redémarrage et il faudra des efforts sans précédent pour renflouer la trésorerie des PME», ce qui nécessite de leur faciliter la tâche lors de la reprise d'activité. Mais un tel plan de relance devra s'accommoder d'une bonne dose de responsabilité. «C'est pourquoi nous avons choisi le logo R³ pour désigner les trois lettres de ce plan : Relance Rapide Responsable», souligne Xavier Horent.

Une prime à la conversion réclamée pour écouler les stocks

Au-delà des textes sur l'accès aux données des véhicules connectés, de la REP et de la norme CAFE, le CNPA, via la PFA, a listé d'autres textes qu'il souhaite voir suspendre ou geler. Mais selon l'organisation professionnelle, il est encore trop tôt pour rendre publiques toutes les pistes du plan de relance.

«Nous en sommes encore à la remontée d'idées de chacun de nos métiers, il serait irresponsable d'en dire davantage aujourd'hui, cela irait à l'encontre des 3 R de notre plan de relance, relève Xavier Horent. L'idée n'est pas d'établir une liste de courses intenable, car nous aurons en face de nous un État exsangue, une Union Européenne désunie, et il faut que nous fournissions des propositions qui tiennent la route et soient ancrées dans la réalité.»

Ainsi, parmi le genre d'idée responsable, Francis Bartholomé évoque-t-il d'emblée une solution éprouvée : la prime à la conversion. «Pour que l'on puisse relancer la machine, en effet, il va falloir que les distributeurs VN/VO puissent écouler les stocks de véhicules, car ceux-ci ne correspondent pas forcément aux textes qui doivent entrer en vigueur, insiste le président du CNPA. Aussi, nous demandons au gouvernement l'institution d'une nouvelle prime à la conversion, afin de redonner de la fluidité au stock pour permettre d'amorcer la relance.»

Autre idée évoquée par le dirigeant : demander la suspension des pénalités liées à la norme de limitation des émissions de CO2, fixées à 95 g/km. «C'est une proposition qui sera formulée par l'ACEA au niveau européen», précise Xavier Horent.

Un guide de bonnes pratiques sanitaires à venir

Outre l'axe économique et social, c'est aussi l'axe sanitaire qui préoccupe le CNPA au moment d'envisager la relance. «Nous travaillons sur des actions de santé avec tous nos métiers pour assurer la continuité économique de nos entreprises, explique Francis Bartholomé. Du côté d'IRP Auto et Solidarité Prévention, un guide de bonnes pratiques est en cours de réalisation, qui se présentera sous forme de fiches de recommandations métier par métier. Elles seront validées et parachevées par le Ministère du Travail et nous espérons une parution en début de semaine du 6 avril.»

Dans le même temps, les discussions avec les partenaires sociaux se sont poursuivies afin que soient mises en place de nouvelles actions pour préserver la santé des collaborateurs. Par exemple, l'idée d'une distanciation de 2 mètres entre deux collaborateurs au lieu d'un mètre a été émise.

«Nous travaillons également à une collecte de masques pour la filière une fois sortis du confinement, souligne Francis Bartholomé. Nous ne savons pas encore de quel type de masque il s'agira car le gouvernement est encore flou à ce sujet, mais nous cherchons à anticiper les besoins avec différents partenaires pour s'en procurer, comme 3M, par exemple. Il s'agit aussi de penser aux autres équipements de protection, comme des blouses, du gel hydroalcoolique, etc.»

En attendant, le CNPA n'oublie pas qu'un certain nombre d'ateliers restent ouverts, ne serait-ce qu'a minima, pour répondre aux besoins d'urgence des automobilistes autorisés à circuler malgré le confinement, qu'ils soient professionnels ou particuliers.

Raison pour laquelle il recense, sur son application Roulons Zen, les entreprises en alerte opérationnelle. «A ce jour, 2 500 entreprises ont été identifiées et nous actualisons en permanence la liste et leur localisation, rappelle Xavier Horent. Nous travaillons avec Vroomly, membre de notre Alliance des Mobilités, à ce sujet.»

Romain Thirion
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