« Nous travaillons d’abord l’urgence, puis viendra le plan de relance »
Les pros de l’auto sont clairement mobilisés pour prouver leur solidarité et soutenir l’activité économique du pays, frappé par le Covid-19. Exemples ? La FFC invite tous ses adhérents carrossiers-réparateurs à faire l'inventaire des stocks de masques qu'ils utilisent au quotidien pour leur activité, et à les mettre à disposition des hôpitaux. L'ensemble des masques collectés doivent être neufs et emballés, puis être amenés dans les pharmacies des CHU bientôt à court. Du côté du CNPA, son président Francis Bartholomé, et le délégué général Xavier Horent préviennent : « Nous sommes tous en alerte opérationnelle et tous prêts à se mettre à la disposition des services en cas de besoin ! » Dans la cohue des annonces et des textes qui se bousculent depuis quelques jours sur la mise en place du chômage partiel, du droit de retrait des salariés, des fermetures en cascades… la fédération a enclenché son plan d’urgence pour ses 21 branches : « Nous menons des actions sur le terrain pour avoir des remontées précises sur les difficultés de nos adhérents et établir des analyses économiques sur leur situation, leur livrer toute l’information sur les mesures d’accompagnement réglementaires… » Autre levier, la réactivation de l’appli Roulons Zen de la fédération, afin de permettre à tous les pros de s’y inscrire pour indiquer aux français, pros comme particuliers, qu’ils sont ouverts. Utile. Car si beaucoup d’ateliers ferment, ils sont également nombreux à se tenir à disposition pour ouvrir en cas d’urgence. Sur le pont malgré tout avec la conviction de l’importance de leur mission de mobilité.
Réquisitions ou volontariat ?
L’absence de clients et de conditions de sécurité sanitaire maximum – interactions sociales entre les services - a conduit les concessions, les agents, les indépendants à fermer et s’orienter vers le chômage partiel. Mais Francis Bartholomé souligne que le secteur est confronté à une situation paradoxale, celle de limiter ses interactions sociales au maximum – confinement oblige- tout en évitant l’effondrement de l’économie. Kafkaien. « Il est vital de ne pas interrompre l’activité nationale », lance le président. Alors va-t-on vers la réquisition des ateliers pour entretenir les véhicules d’urgence ou médicaux ? Non, plutôt vers de l’organisation au niveau des préfectures selon les besoins. Il faut seulement clarifier les textes. Non seulement à propos du chômage partiel (pour les cadres, non cadres…) mais également sur les termes « pouvoir ouvrir » et « devoir ouvrir ». A ce titre, le CNPA demande des précisions de la part des autorités sur cette notion en particulier pour les ateliers VL/ VUL. Les camions ont pour leur part l’obligation de rouler pour assurer la chaîne logistique alimentaire, les pièces… les contraintes comme l’interdiction de rouler le dimanche sont levées pour fluidifier la chaîne et la simplifier. Idem pour le dépannage-remorquage et les stations-services.
Vers un plan de relance
Francis Bartholomé se dit « relativement rassuré » par les mesures prises par le gouvernement pour soutenir les grosses entreprises comme les petites (aides de 1500€ pour les indépendants ). Il reste conscient et préoccupé par les difficultés qui vont inévitablement survenir pour certaines d’entre-elles, mais indique déjà travailler sur un plan de « reconquête massif avec le Comité Stratégique de la Filière Automobile. Il faut être coordonnés entre nous tous, industriels et services de l’auto, afin d’être le plus efficace possible et anticipateurs. » Pour Xavier Horent, la situation est encore très instable et brouillée, à tout point de vue. « Le manque de visibilité est réel, et sans esprit de polémique d’ailleurs car nos métiers sont au croisement de plusieurs ministères à la fois. Accorder les textes réglementaires n’est pas évident. D’autant que les choses changent vite. Nous y verrons plus clair dans trois ou quatre jours. » Pour ce dernier, une chose demeure certaine : il y aura un avant et un après Covid-19. « Pour l’heure, nous gérons l’urgence la plus absolue. Mais tout sera radicalement différent. Il faudra repenser nos modes de fonctionnement et les interactions entre tous. »
Muriel Blancheton