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Pièces captives : libérer n’est pas gagner

Muriel Blancheton
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Qui va tirer les marrons du feu allumé par le gouvernement ? Le prix des pièces en tôlerie peut-il avoir un effet sur le panier de la ménagère ? Les constructeurs vont ils encore imposer des grilles de référence ? Si les indépendants saluent une libéralisation salvatrice – une concurrence saine sur un marché sain –, l’expérience les incite à la prudence et les questions s’empilent sans forcément trouver de réponses. Les plus perplexes évoquent un effet d’annonce et attendent la riposte du constructeur qui, pied sur le frein, va jouer sur l’aspect sécuritaire. « Il ne faudra laisser aucune faille, notamment avec des acteurs qui vendraient tout et n’importe quoi car cela leur donnerait raison », estime Alain Bessin (Five Star). En clair, la pièce devra être issue de fournisseurs OE avec une traçabilité identifiée.
Les plus circonspects soulignent un jeu de dupes et un marché faussé depuis des années, avec une remise reposant sur l’équilibre du taux horaire, alors qu’il repose sur la valeur ajoutée du compagnon. « Casser ce monopole signifie des prix tirés vers le bas en diminuant le coût du choc, mais n’oublions pas que pour un carrossier, 20 % de 200 € ou de 400 €, cela change tout. Moralité : la rentabilité des entreprises va encore souffrir », selon Jean-Pierre Ricaud (Axial). Certains entrevoient les opportunités tout en soulignant qu’en effet, les vieux réflexes ont la vie dure… et les grilles constructeurs également. « Du coup, les prix ne baisseront pas. De nouveaux acteurs vont arriver sur le marché. Cela va créer des opportunités pour les plus rapides », selon Alexandre Cervini (Innovation Group). Quand d’autres prédisent une réaction en chaîne inattendue avec à terme jusqu’à 60 % des pièces libérées, mais avec des risques, comme le tatouage des pièces (brand naming) – à l’instar des phares – et une redevance à payer pour l’équipementier. « Ne peuvent-ils pas trouver demain un artifice pour interdire aux plateformes indépendantes la vente de pièce d’origine ? Pourquoi ne pas décider que seuls les garages agréés peuvent intervenir sur leurs véhicules, comme le font déjà Tesla et bientôt Porsche ? », craint Vincent Belhandouz (Aniel).Pour arriver au consensus et faire en sorte « que ce ne soit pas encore une fois le carrossier qui laisse des plumes », la filière va devoir s’assurer que l’effet de ruissellement arrive bien jusqu’aux réparateurs. « Je vous assure qu’avec la libéralisation, les remises sur les PR équivalentes vont augmenter. Je pourrai être plus agressif. Et libre ensuite au réparateur de garder tout ou partie de cette marge. Alors vive la concurrence », conclut Vincent Belhandouz.Muriel Blancheton
Chiffres :
  • 49,6 % C’est le poids du poste pièces dans le panier d’une réparation-collision. Il a prix deux points sur dix ans. La MO pèse 39,7 % et la peinture 10,7%. (source : SRA)
  • + 36 % C’est la hausse du prix des pièces d’une réparation-collision sur dix ans.
  • -10 % de remise moyenne sur les pièces de peau de marques françaises, contre - 20 % sur les étrangères peu concurrencées mais – 5% sur les asiatiques.
  • 2 % C’est le poids des PRE sur le marché français. Il est de 20 % aux USA.
  • 10 % des dossiers traités par les assureurs compteraient au moins une PRE. Dans le réseau AD, on estime cette part à 5 %.
Muriel Blancheton
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