Il aura fallu un peu plus de dix ans pour que les enseignes MRA créées par les constructeurs en appui de leur marque privée assument leur multimarquisme et se lancent dans un travail de montée en gamme et en puissance. Car, si gonflés par les transfuges de leur réseau de RA2, les maillages ont rapidement été spectaculaires, la réalité d’une politique réseau était moins évidente. Résultat : au fil des ans, les désertions se sont multipliées. Ainsi, sur les dix dernières années, Motrio (Renault) affiche un solde négatif de 296 sites et Motorcraft (Ford) de 72.A contrario, Euro Repar Car service sort à + 183 adhérents. L’enseigne a aujourd’hui clairement une longueur d’avance. Il faut dire que PSA a décidé d’y mettre les moyens dès 2014 suite à la décision de Carlos Tavares d’élargir son champ de conquête à la rechange indépendante dans le cadre de son plan « Push to Pass ». Le déploiement d’une stratégie logistique ouverte aux marques équipementier avec les 38 plaques Distrigo en France, la fusion des réseaux Eurorepar (Citroën) et Motaquip (Peugeot), mais aussi un gros investissement dans les outils et une réelle volonté de conquérir le terrain, ont fait la différence. « Aujourd’hui, il faut nous catégoriser aux côtés des enseignes de la rechange indépendante et non plus des multimarques constructeurs », insiste-t-on chez ERCS. Sa montée en flèche de ces deux dernières années a, semble-t-il, réveillé les deux autres réseaux qui jouaient les belles endormies. Pourtant, dès 2011, Motrio affichait sa volonté d’arrêter la course à la quantité – avec un maillage à un millier d’ateliers – pour privilégier le recrutement qualitatif. Il aura fallu attendre 2016 pour que ce mot d’ordre soit appliqué. Résultat, un réseau qui passe sous la barre des 850 ateliers. Mais pas question de repartir à la course aux ouvertures, Motrio a plutôt utilisé sa sortie des radars pour gonfler son offre aux réparateurs. L’enseigne aurait donc aujourd’hui tous les attributs pour redécoller.Le cas Motorcraft est tout aussi significatif d’un sentiment diffus du constructeur de devoir aller sur le terrain de la conquête d’ateliers multimarques, mais d’une grande timidité à y gagner des parts de marché. Réactif et non proactif ! Pourtant, chez Ford également on semble vouloir changer de braquet en donnant aux équipes aftermarket les moyens d’une stratégie. Face à des enseignes de la rechange indépendante super-actives pour gagner des parts de marché – et d’ailleurs dominer l’aftermarket – les constructeurs ont (enfin) compris que la seule aura de leur logo n’était pas suffisante à conquérir les garagistes indépendants. Il fallait donc y associer des services de qualité. C’est chose faite.Caroline Ridet