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ECall / bCall : les assisteurs en embuscade d’un joli marché ?

Jean-Marc Pierret
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le "eCall" est appelé à devenir obligatoire en Europe sur VN et VUL neufs à partir de 2018 en France. La gestion de ces futurs appels de détresse pourraient être confiée aux assisteurs et assureurs, afin de filtrer les vraies urgences des seules avaries mécaniques qui, sinon, embouteilleront les services de secours. D'accord, mais quelles garanties contre les excès de centralisation des entrées-atelier issues de ce eCall quand il ne s'agira, à 90% en effet, que de “bCall”, c'est-à-dire d'une prestation simplement mécanique ?
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On en parle depuis longtemps dans nos colonnes : si tout se passe comme prévu, le eCall («Emergency Call» ou «appel d’urgence») se généralisera dans toute l’Europe sur les voitures et utilitaires neufs dès mars 2018. Pour mémoire, le eCall est un système embarqué d’alerte des secours avec géolocalisation du véhicule concerné qui se déclenche automatiquement en cas d’accident, même si l'activation manuelle est aussi possible.Mais derrière cette salutaire alerte automatisée se cache un paradoxal risque de sécurité publique. Les divers services de secours européens s’inquiètent en fait légitimement de voir ainsi les alertes automatiques se généraliser, avec à la clé, des déplacements inutiles synonymes de saturation de leurs moyens et d’indisponibilité pour de réels besoins concomitants. Alors que le eCall peut ainsi sauver plus de vies sur les routes (2 500 par an estime la Commission européenne), il peut aussi en menacer ailleurs…
Ce eCall à 90% bCall...
Car bien sûr et heureusement, tout choc déclenchant le eCall n’impliquera pas nécessairement un besoin de secours aux personnes. D'après notre confrère L’Argus de l’Assurance, on en est même loin, à en croire les statistiques concernant le petit 1% de véhicules déjà équipés en Europe : «90% [des appels déclenchés par eCall] ne concernent pas directement une situation à proprement parler d'urgence réelle», souligne-t-il. De fait donc, le flux des appels eCall à venir sera, dans les 9/10èmes des cas, avant tout un “bCall”, un message d’alerte demandant une assistance strictement mécanique.Il y a des pays comme l’Allemagne où les automobiles-clubs, puissants et structurés, se savent et se disent organisés pour recevoir tous les appels eCall et les gérer en fonction des urgences. Mais d’autres pays n’en sont pas là. C’est le cas de la France où, a priori, ces appels débarqueraient pêle-mêle sur les numéros d’urgence habituels.En toute logique, les compagnies d’assistance et les assureurs se proposent de régler la question du tri des appels en amont, en prenant en charge cette délégation de service public. Ces acteurs disent leurs plateformes d’appel en mesure de filtrer les réels besoins d’assistance physique parmi tous les appels potentiels et de ne transmettre aux services de secours que ceux les impliquant réellement. Cette solution semble avoir actuellement la sympathie de nos pouvoirs publics.
Quel avenir pour les réparateurs concernés ?
Mais projetons-nous dans un avenir proche : quand il équipera totalement le parc automobile (dans un délai de 15 à 20 ans après le début de sa systématisation sur les VN), le potentiel d’entrées-atelier “automatiquement” géré par ce “eCall/bCall” ne sera donc guère anodin. Et celui qui aura la délégation de service public aura, de fait, la main sur l’amont d’un sacré paquet d’entrées-atelier classiques…Difficile d’en évaluer le volume futur : combien de ces appels eCall seulement synonymes de tôles froissées ou de pannes mécaniques arriveront chez les assisteurs sur cette moyenne actuelle de 9 millions de sinistres et de 2 millions de pannes en France, sans oublier les quelque 5 millions d'assistance recensés sur 12 mois ? Et ces assisteurs qui se sont déjà organisés pour mettre le marché du dépannage en coupe réglée (la FNAA s’en plaint assez régulièrement, voir «Dépanneurs/assisteurs : la FNAA menace d’une guerre totale»), se mettront-ils à recruter des réparateurs sur le modèle parfois excessif des agréments de dépanneurs et de certaines plateformes de gestion de sinistres notoirement trop gourmandes ?A suivre…
Jean-Marc Pierret
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