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Escroquerie aux VGE (suite) : l’ANEA veut laver plus blanc que blanc
Publié le 16/07/2015
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Philippe Ouvrard, président de l'ANEA, affirme que l'organisation professionnelle représentative des experts se portera partie civile face aux experts incriminés dans l'affaire...
Suite aux révélations du Parisien sur le scandale des faux VO mais vrais VGE et après les sollicitations des principales chaînes de télévision nationales, l’ANEA a participé à la réunion d’urgence de la DSCR avec les représentants des réparateurs et des assureurs et annonce vouloir se porter partie civile contre les experts incriminés dans l’affaire, réclamant par là même leur interdiction d’exercer… qui aurait déjà dû être prononcée depuis longtemps.
L’affaire de trafic de VGE transformés illicitement en VO révélée la semaine dernière par Le Parisien a beau concerner plus de réparateurs que d’experts en automobile –du moins à ce stade de l’enquête– les deux professions n’ont certainement pas la même approche concernant les suspects. Selon Francis Bartholomé, président national du CNPA, fédération représentative des réparateurs, «si certains de nos adhérents figurent parmi les professionnels incriminés, nous laisserons la justice faire son office».Mais du côté de l’ANEA, principale organisation professionnelle représentative des experts, on attaque : «vis-à-vis des experts impliqués, et si leur responsabilité est avérée, ANEA, garante de la déontologie et du code de bonne pratique de l’expertise en automobile, mettra tout en œuvre pour que les personnes soient sanctionnées lourdement et interdites d’exercer dans les plus brefs délais. Dans ce cadre, ANEA a décidé de se porter partie civile», a annoncé le président de l’ANEA, Philippe Ouvrard, à ses adhérents dans un bulletin d’information en date du 10 juillet. Logique, quand on sait que la profession d’expert est réglementée et que chacun d’eux obtient le droit d’exercer une fois son numéro d’agrément obtenu (et non pas “l’agrément” d’assurance).
Question de probité
Quoi qu’il en soit, l’affaire a eu le mérite de faire ruer dans les brancards l’establishment de l’expertise automobile française. Même s’il ne fallait pas être grand clerc pour savoir que le métier subirait un sérieux coup en matière de crédibilité –profession réglementée et de faible effectif oblige– et comprendre que le Landerneau de l’expertise s’agiterait rapidement, il paraît positif de voir l’ANEA se mobiliser réellement pour l’image de la profession.Philippe Ouvrard lui-même le reconnaît : «Le scandale en Ile-de-France du trafic de véhicules VGE dévoilé par la presse mercredi matin (NdlR : le 8 juillet) a mobilisé immédiatement les forces vives de notre organisation professionnelle avec pour objectif de préserver l’image de l’expertise et de tout faire pour que les actes irresponsables des experts incriminés dans ce dossier (et dont certains sont déjà identifiés comme étant en marge de la profession depuis plusieurs années) ne ternissent pas l’intégrité et l’engagement professionnel quotidien de chacun d’entre vous».La CFEA en chien de garde ?
S’il semblerait, selon l’aveu de Sylvain Girault, vice-président de l’ANEA en charge de la communication que nous avons joint par téléphone, que des tentatives de déchoir les experts fautifs de leur agrément aient déjà été menées, nulle n’aurait abouti jusqu’ici, la justice leur ayant permis de continuer à exercer. Une procédure judiciaire à leur encontre dans le cadre de cette affaire pourrait enfin débarrasser l’expertise automobile de ces brebis galeuses. Car il est regrettable que, si des manquements à la déontologie imputables à ces professionnels ont déjà été constatés, ni le ministère des Transports ni, aujourd’hui, le ministère de l’Intérieur, n’aient pu leur retirer définitivement leur droit d’exercer. Si les experts –du moins l’ANEA et le BCA (plus l’UPEAS) réunis dans la CFEA– avaient en charge la fameuse liste nationale des experts en automobile, nul doute qu’ils auraient déjà “remédié” à ce problème… A leur façon à eux, bien sûr, donc sans doute biaisée.Et sans doute à d’autres, mais sans la nécessaire impartialité de leur ministère de tutelle, cependant. En tout cas, si cette prérogative ne semble pas encore près d’échoir à la CFEA (Confédération française des experts en automobile), celle-ci semble en avoir récupéré d’autres du ministère. «En accord avec le ministère, il a été décidé que les réflexions, les actions et la communication de la profession sur le sujet [de cette escroquerie à grande échelle] seront placées sous l’égide de la CFEA afin de démontrer la totale solidarité de l’ensemble des instances de représentation de notre profession qui se doit d’assurer pleinement sa mission de service public et d’accompagnement des automobilistes mis en difficulté.»Une mission de service public et d’accompagnement des automobilistes en difficulté qui, pourtant, est largement mise à mal par l’exercice quotidien d’expertises “d’assurance” où prime avant toute chose le respect du “coût moyen sinistre” dicté par l’assureur, et plus vraiment l’intérêt de l’automobiliste en lui-même. Car, n’en déplaise à Philippe Ouvrard et à l’ANEA, sur ce point précis, contrairement à ce qu’il avance en conclusion de son bulletin d’information, «tous les experts en automobile» ne sont pas «totalement irréprochables».Sur le même sujet
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