Vente d’équipements de garage : histoire et perspectives

Jean-Marc Felten
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Le GIEG (Groupement des Industries des Équipements de Garage) publie tous les ans pour ses adhérents une statistique qui reprend le cumul des équipements que ceux-ci déclarent avoir vendu. Sans offrir une valeur de marché très précise (les importateurs non adhérents au GIEG ne sont pas négligeables), ces chiffres permettent toutefois de mettre en relief l’évolution des besoins des ateliers d’entretien-réparation.
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Nous nous sommes livrés à un examen des chiffres issus du GIEG -division de la FIEV (Fédération des industries de l’équipement des véhicules) qui regroupe les fabricants de matériel de garage en France. Dans l’analyse qui peut en être faite des dix dernières années de vente (2006 à 2016), on prendra en compte la grave crise qui a marqué 2008 et les 2 années suivantes, mais aussi les évolutions des réglementations qui ont influencé certains équipements.
Pollution... polluée
En matière de pollution, c’est le contrôle technique qui dicte le tempo. De 1 300 appareils écoulés en 2006, en passant par une poussée de fièvre à 3 550 appareils en 2007, les ventes ont stagné autour de 700 appareils par an en se contentant du seul renouvellement. les ventes ont bondi à 1 200 / 1 300 analyseurs et opacimètres en 2015 avec l’arrivée de l’OTC LAN et les besoins de précision des nouvelles méthodes du contrôle technique. Une nouvelle procédure de mesure en 2019 doit amener les réparateurs à enfin s’équiper... même si le récent report de 6 mois a considérablement refroidit les investisseurs et agacé ceux qui avaient fait l'effort conséquent d'anticiper.
Indispensable diagnostic
Le diagnostic électronique est un bon indicateur de l’état de santé des garages. Cet équipement, fiabilisé depuis les années 2005 en couverture de parc comme en ergonomie d’utilisation, connaît des ventes relativement stables autour de 5 000 appareils/an. Les besoins sont persistants sur ce type d’équipement essentiel à l'entretien réparation de véhicules de plus en plus “électronisés”. Le remplacement favorise également la dynamique du marché, les systèmes de diag souffrant de l’obsolescence des équipements informatiques, avec une durée de vie de 3 à 10 ans maxi.
Climatisation mal acclimatée
Les stations de recharge de climatisation ont connu leur heure de gloire et les fabricants attendaient beaucoup du passage au fluide R1234. Mais celui-ci a tardé à venir dans la réparation et les chiffres se sont effondrés avec la réglementation sur le suivi des fluides et l’habilitation nécessaire aux manipulateurs. De 2012 à 2014, la clim a beaucoup souffert, mais cette période semble enfin passée, le marché pouvant compter sur un parc de plus en plus équipé.
Exponentielle géométrie
Stabilité également pour les appareils de contrôle de géométrie des trains roulants. Les principaux clients en sont les spécialistes du pneumatique, mais sur ce secteur, des acteurs de la vente en direct sont très présents. Les chiffres annoncés sont donc loin de la réalité et ne donnent qu’une indication. La technologie y évolue rapidement, et les besoins des véhicules exigent des matériels toujours plus performants.Le contrôle de géométrie devrait être porté par l’arrivée massive des ADAS (aides à la conduite avec radars, caméras et lidars) qui se démocratise. Comme le rappelle clairement cette vidéo du SESVI, la bonne règle veut qu'un réglage de géométrie précède un calibrage ADAS. Pour que le freinage autonome soit performant, ses ADAS doivent être en effet calibrés selon l'axe effectif de poussée du véhicule et non pas selon le très théorique axe de symétrie (sauf bien sûr si le matériel de calibrage tient compte des défauts de la géométrie).Les ADAS doivent être calibrés après chaque intervention sur le vitrage, la carrosserie, ou les trains roulants dès le moindre coup de trottoir. Et le marché est déjà là : 30 % des VN sont déjà équipés d'ADAS ; ils seront 80 % en 2022 et peut-être même les ADAS deviendront-ils obligatoires en Europe vers 2023-2025...
Équilibreuses et monte/démonte pneus
Les machines à pneus et équilibreuses sont également impactées par l’évolution technique. Les roues de 20 pouces ne sont plus l’exception et les jantes en aluminium requièrent des protections et une précision d’équilibrage que seules les machines de dernière génération apportent. Sans compter que les réseaux traditionnels, indépendants comme constructeurs, se donnent les moyens en offres comme en prix de reconquérir ce produit d'appel qui constitue l'une des entrées-atelier dominantes dont plus personne voulant entretenir du trafic atelier ne peut se passer…
Levage en baisse
Les ponts, investissement à long terme mais aussi marché de grande concurrence, a vu ses volumes lourdement chuter. Bien équipés, les garages sont dans un marché de renouvellement. Les nouveaux sites ne suscitent pas un volume très important. Les équipements d’ateliers poids lourds subissent une forte baisse ces dernières années. L’équipement qui souffre le plus est le pont à 4 colonnes. Ce modèle, longtemps choisi pour accueillir les bancs de géométrie et pour sa robustesse, est d’un prix très élevé et maintenant victime de la concurrence du pont ciseaux long. Le chouchou des garages est toujours le 2 colonnes qui affiche la plus grande polyvalence avec le « ciseau » court. Et il reste le moins coûteux !Si l’on excepte les périodes de crise économique (2008-2010) et les évolutions réglementaires (climatisation, nouveau contrôle technique), le marché de l’équipement du garage s’avère in fine plutôt stable. Les grandes évolutions technologiques sont passées et les réparateurs doivent tenir leurs équipements à niveau pour accueillir les nouvelles générations de véhicules.La tendance reste néanmoins sur une baisse de la dépense moyenne de chaque réparateur, doublée d'une diminution du nombre de garages. Ajoutez une fréquentation des ateliers en baisse, des voitures qui sont toujours plus fiables et des conditions d’utilisations moins exigeantes et vous aurez compris à quel point ce marché est hyper-concurrencé…
Quelles tendances 2019?
Deux tendances se dessinent dans les demandes des garagistes : d’une part les marques premium qui assurent une efficacité et une durée de vie pour l’atelier. D’autre part un choix dicté par une rentabilité à court terme, voire un pari sur le meilleur coût. En cela, les groupements répondent avec des marques de distribution telle Isotech à l’Autodistribution.En matière d’innovation, la distribution est en veille perpétuelle. Elle mise aujourd'hui sur les appareils de reparamétrage des ADAS qui devraient marquer l’année 2019. Les kits sont prêts chez les principaux fabricants qui draguent prioritairement les réseaux de vitrage. Il faut encore expliquer l’importance et la facilité d’utilisation de ces systèmes pour que les ateliers les adoptent. Mais aussi clarifier les différents types de réglages (statique ou dynamique) que les constructeurs inventent en laissant leurs ingénieurs faire fi des réalités terrain.Quel atelier en effet peut trouver à coup sûr et immédiatement un trajet diversifié (route-autoroute), sans bouchon pour garantir une vitesse constante et bien sûr sans pluie, le tout pendant 30 mn à une heure ?Enfin, 2019 devrait également voir le retour en grâce des analyseurs de gaz et opacimètres, pour répondre au nouvelles mesures du contrôle technique, qui fera passer de nombreux diesels dans les ateliers avec des problèmes de pollution. Mais là encore, entre mise en application différées et dérapages rusés de certains fabricants quant à l'interprétation des nouvelles procédures de contrôle, il va falloir clarifier rapidement...
Jean-Marc Felten
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