SsangYong : Korando et l’optimisme retrouvé
[ez-toc]Avec Hervé Collignon à sa tête depuis le 1er avril 2019 -il est également président de la marque Subaru- SsangYong boucle cette année avec un peu plus d’optimisme qu’il y a quelques mois. «Le bilan de ces huit premiers mois à la présidence de SsangYong France est plutôt satisfaisant car de nouveaux produits sont arrivés au catalogue. Et dans la distribution VP, c’est le nerf de la guerre», reconnaît le dirigeant. Un Tivoli récemment restylé, un Korando tout neuf : deux raisons suffisantes pour se réjouir, d’autant que «le nouveau Korando représente un bond en avant à tous les niveaux», se félicite Hervé Collignon.
Design extérieur et intérieur, mécanique, niveau d’équipement : le SUV familial a de quoi se rendre attractif, comme notre essai (voir ci-dessous) nous l’a confirmé. «C’est un véhicule très bien accueilli par notre réseau et qui est bien perçu par les vendeurs : la plateforme de départ est solide et les concessionnaires parviennent à créer la surprise auprès de leurs clients lors des salons régionaux ou des essais, d’autant que son positionnement prix est excellent», souligne le président de la marque coréenne, distribuée dans l’Hexagone par le groupe Emil Frey, par ailleurs propriétaire du groupement de distribution Flauraud.
L’attrait retrouvé du Diesel en coup de pouce ?
Le Korando 2019 a convaincu Euro NCAP.Il faut dire qu’à 22 990 euros pour la version essence de base à deux roues motrices et 25 990 euros pour son pendant Diesel, le Korando est l’un des plus compétitifs du segment sur le plan tarifaire. «Le positionnement de la version Diesel est pertinent et devrait trouver un écho auprès de nos clients en province, où l’attrait pour le Diesel reste élevé», affirme le dirigeant. Et ce, fort logiquement car le gazole reste financièrement plus attractif au-delà d’un certain kilométrage parcouru, tout en se montrant plus vertueux en termes d’émissions de CO2. Avec ses 133 g/km en cycle NEDC, protocole certes remplacé le 1er mars 2020 par la norme WLTP, le Korando est loin de faire partie des plus mauvais élèves.
En termes de sécurité, aussi, le SsangYong Korando permet à la marque de gagner ses galons, le véhicule ayant obtenu 5 étoiles au crash-test Euro NCAP, même si Hervé Collignon tient à relativiser l’impact d’une telle notation sur les éventuelles ventes. «C’est une notation qui rassure le client surtout en fin de parcours d’achat, en réalité : c’est avant tout la garantie 7 ans ou 100 000 km assortie au véhicule qui le rassure le plus», insiste-t-il. Car, comme son compatriote Kia, SsangYong est l’une des seules marques à proposer, de base, une garantie constructeur aussi longue. Un argument commercial savamment mesuré car la marque a sérieusement progressé question fiabilité depuis ses premiers pas en France il y a une quinzaine d’années.
L’image de SsangYong se dépoussière
Au fil des années, le profil des clients SsangYong a un peu changé : de l’initié fidèle à la marque contre vents et marées au client d’opportunité actuel, de l’eau a coulé sous les ponts. «Il n’y a plus beaucoup de clients de première intention, confesse Hervé Collignon. Mais il y en a qui se laissent convaincre au cours de leur période de prospection, qui trouve dans nos modèles davantage d’équipements pour le même prix qu’ailleurs, par exemple : nous bénéficions d’un phénomène d’aubaine et de surprise auprès de cette clientèle de conquête.»
Si l’image ancienne de véhicules tout-terrain et robustes, quoique rustiques, persiste, elle a été sérieusement bousculée lors de la sortie du Tivoli en 2015, qui a permis de rajeunir et de féminiser la clientèle de SsangYong. Ajouté à cela l’arrivée, en 2020, d’une version électrique du Korando, baptisée EV, et SsangYong sera enfin dans l’air du temps. «Il est trop tôt pour prédire les volumes de vente de 2020, sur ce modèle comme sur les autres, d’autant que l’évolution de la fiscalité auto des prochains mois génère beaucoup d’incompréhension et d’inquiétude chez les distributeurs, avec pour conséquence un attentisme accru, mais nos produits ont les arguments pour réussir», estime le président de la marque.
Communiquer sur le produit et ses origines
Aussi, SsangYong va continuer de communiquer sur le produit, sexy, plutôt que sur la marque, qui l’est moins de par son étrange orthographe et sa prononciation singulière pour le commun des automobilistes. “Korando, made in Korea, by SsangYong”, en somme, afin de remettre dans l’esprit de tout le monde l’origine coréenne, donc supposément fiable. «Nous allons aussi continuer sur l’anagramme “Tivoli : I love It” afin de jouer sur le côté pétillant du véhicule : c’est un non-sens d’imaginer se démarquer de véhicules du même segment sans une communication de ce genre», reconnaît Hervé Collignon.
Par ailleurs, le dirigeant espère dupliquer, avec SsangYong, la stratégie de placement de produits qui réussit depuis plusieurs années à Subaru. Les véhicules de la marque japonaise se sont fait remarquer notamment dans les épisodes de “Candice Renoir” et de “2 Flics sur les docks”, deux séries diffusées sur France 2. «Ceci a un effet bénéfique sur la visibilité de la marque et cela valorise le client, tout en le rassurant», évoque le président.
La marque redéployée pour une distribution et un SAV plus proche
Requinqué par l’arrivée de ses nouveaux modèles, la direction de SsangYong poursuit son plan de redéploiement de la marque en France, malgré sa confidentialité. «Plusieurs dossiers sont en cours avec des distributeurs et il est important de cultiver une proximité avec le client, surtout pour une petite marque comme la nôtre, confesse Hervé Collignon. Nous partons du principe qu’il faut un distributeur et/ou un réparateur agréé par département, ne serait-ce que pour le service après-vente.»
Selon Tony Boyadjian, directeur après-vente de SsangYong, «même si la réputation de fiabilité de SsangYong ne se dément pas et que la garantie 7 ans rassure le client, être plus proche de lui pour l’entretien de von véhicule est nécessaire». Au siège de la marque, à Saint-Ouen-l’Aumône, dans le Val-d’Oise (95), SsangYong dispose de l’intégralité des consommables et des pièces de grande vente stockées sur place et «toutes sont livrables du jour pour le lendemain pour toute commande passée avant 15h», confirme Tony Boyadjian, qui revendique un taux de service supérieur à 90%, à J+4 comme à J+7.
En outre, le siège dispense des préconisations de stock tampon de pièces destinées à l’entretien courant à l’ensemble de ses distributeurs et ateliers agréés.
Montée en compétences des hommes d’atelier
«En tant que marque de niche, la difficulté est de conquérir de nouveaux clients et les techniciens, à l’atelier, ont une importance toute particulière dans la fidélisation des clients : un client bien traité en après-vente revient plus facilement à la marque et aux produits», souligne Tony Boyadjian. Pour rassurer encore davantage le client, le site web de SsangYong permet à celui-ci, en renseignant le numéro de châssis de son véhicule, de savoir s’il est concerné ou non par des procédures de rappel, somme toute rares pour les modèles de la marque.
Côté compétences, le réseau monte en gamme à mesure que l’offre produit se modernise. Bien garnis d’ADAS, les récents Korando et Tivoli nécessitent d’ailleurs que les ateliers agréés soient équipés. Heureusement, les concessionnaires du réseau, qui comptent souvent plusieurs marques à leur portefeuille et notamment Subaru, disposent de bancs capables de prendre en charge les prestations de recalibrage. D’ailleurs, le système d’aide à la conduite maison de Subaru, EyeSight, a rendu les techniciens du réseau particulièrement attentifs aux conditions de recalibrage des ADAS.
Les habilitations hybride et électrique à venir
Quoi qu’il en soit, chaque année, en fonction de l’actualité produit de la marque, le directeur après-vente de SsangYong définit un plan de formation à destination de ses équipes, délivrées en présentiel et à distance. «Nous sommes très favorables aux formations en ligne car avec notre petit réseau, il n’est pas évident de faire sortir le technicien de son atelier, reconnaît Tony Boyadjian. Cela part d’une volonté de proximité avec le technicien sans compromettre l’attente du client.» Bien évidemment, tout nouvel entrant dans le réseau devra passer par une session en présentiel au siège de la marque. Un lieu où les marques d’Emil Frey France forment, par exemple, leurs équipes à la maintenance des batteries des véhicules hybrides et électriques.
Avec l’arrivée prochaine du Korando EV, d’ailleurs, le plan de formation 2020 de la marque va décliner l’ensemble des habilitations dédiées. «Nous avons la chance d’avoir déjà, chez Subaru, les formateurs et les bonnes pratiques associées depuis la sortie du groupe propulseur e-Boxer, explique Tony Boyadjian. Les techniciens SsangYong attendent donc avec impatience le Korando EV, surtout ceux employés dans des concessions SsangYong depuis l’origine.»
SsangYong Korando 2019 : l’essai haut en couleurs
En amont de notre rencontre avec le président de SsangYong et le directeur après-vente de la marque, nous avons pu prendre en mains le nouveau Korando dans sa version Diesel 1.6 E-XDI 2WD de 136 chevaux avec boîte automatique 6 rapports signée Aisin.
Un véhicule au look extérieur effectivement pétillant dans sa livrée Orange Pop, et tout autant à l’intérieur, avec son BlazeCockpit, l’ordinateur de bord –officiellement dénommé combiné d’instruments– à écran 10,25 pouces hautement personnalisable, permettant entre autres d’afficher la navigation, diverses fonctions multimédia et d’enjoliver l’ambiance de l’habitacle, puisque c’est depuis celui-ci que l’on peut déterminer la lumière d’ambiance affichée sur la planche de bord et les garnitures de portes. Rouge, bleu, vert, gris, jaune, violet, voire toutes en alternance : de quoi rendre plus gai chaque déplacement, même dans les bouchons parisiens.
Le Lane Keeping Assist System pour le maintien de ligne est très efficace.Fonctionnel et habitable, le Korando 2019 offre une multitude d’espaces de rangements plutôt bien pensés, comme le plancher amovible du coffre, et un niveau de confort élevé. Les sièges chauffants sont au rendez-vous à l’avant et toutes les commandes de ceux-ci sont électriques, permettant de trouver aisément la meilleure position de conduite. Une fois le véhicule lancé, ce qui frappe, c’est la présence des outils d’aide à la conduite. Plutôt directifs, d’aucuns les jugeraient même intrusifs, qu’il s’agisse de l’aide au maintien dans la file avec alerte de franchissement de ligne, de l’alerte de distance de sécurité de l’alerte de vigilance du conducteur, du système d’alerte de démarrage du véhicule en amont… Mais n’est-ce pas ce qu’on demande à des ADAS, de nous contraindre à être vigilants ?
Après un petit temps d’adaptation, on se laisse donc volontiers guider, d’autant plus rassurés que l’on sait le véhicule bien équipé côté sécurité avec ses 7 airbags, dont l’airbag protège-genoux côté conducteur et son système d’aide au freinage d’urgence avancé (AEBS), avec caméra et radar. Côté conduite, on apprécie l’agrément de la boîte auto 6 vitesses Aisin, qui garantit des passages de rapports souples et plutôt silencieux.
Dans les virages, la sensation de poids du Korando se trouve sensiblement allégée par le contrôle actif de prise de roulis (ARP), minimisant l’inconfort dans les courbes, même serrées. En ce qui concerne la consommation, difficile de juger pertinemment l’appétit de la bête, compte tenu des distances parcourues durant notre essai. Mais dans cette version, SsangYong annonce son Korando à 6 litres en cycle urbain, 5,2 litres en extra-urbain et 5,5 litres en cycle mixte. Certainement pas l’un des plus gourmands de sa catégorie.
La finition Orange Pop du Korando est l'une des plus pétillantes.