A. Gruzdev : « L’heure est plus que jamais aux solutions digitales »

Sentez-vous une reprise des ventes de véhicules ?

Alexander Gruzdev : Elles augmentent de nouveau, mais pas aussi rapidement que prévu. En 2020, elles ont naturellement chuté avec le Covid de presque trois millions d’unités pour 14,8 millions d’immatriculations. Elles devraient cependant se stabiliser à presque 16 millions d’ici la fin de l’année, soit + 5 %. Mais le marché a été confronté à une pénurie de véhicules et le client s’est reporté sur le marché de l’occasion. Une demande explosive qui a fait flamber les prix des secondes mains de 20 % ! Enfin, si les ventes de véhicules électriques augmentent également, et plus rapidement que la moyenne, leur propagation n’est pas aussi rapide qu’en Europe ! La part de marché cumulant VE + VHE sera ainsi inférieure à 4 %. Le VE est à seulement 2,6 %, soit environ 394 000 unités.

Que dire du marché de la réparation ?

A. G. : Il est toujours beaucoup plus stable que celui de la vente et beaucoup plus évolutif également. La part de l’IAM est toujours stabilisée autour de 70 %. Les ateliers indépendants augmentent lentement avec encore un nombre important de petits ateliers et de distributeurs traditionnels (les « brick and mortar »). Mais les choses vont aller plus vite avec l’apparition de nouveaux services digitalisés, comme le « Vermin Club », une appli web de mécaniciens mobiles se déplaçant à domicile.

Quelles tendances avez-vous relevées cette année ?

A. G. : L’heure est aux solutions digitales, logicielles et CRM ! Les acteurs du marché de l’IAM recherchent tous des systèmes à racheter ou à intégrer à leurs outils existants. C’est la tendance principale, et nous verrons bientôt les résultats de ces transactions apparaître sur le marché. D’ailleurs, toujours sur le pan du digital, le e-commerce a grimpé de 15 % l’an dernier, tandis que l’ensemble du marché a baissé de 5 %.

Ateliers en manque de ressources

Selon Alexander Gruzdev, la carence en personnel qualifié aux États-Unis se fait déjà ressentir dans les ateliers pour entretenir le parc circulant actuel. Pire, il deviendra « aigu » dans les prochaines années, avec la technologie croissante. Et cette problématique d’attractivité des métiers de l’automobile se répand comme une traînée de poudre à l’échelle mondiale, a-t-il pu constater, lors d’une conférence internationale qu’il a organisée en milieu d’année, avec des experts issus de Chine, Allemagne et Russie (en partenariat avec le réseau Fit Service). Ces trois pays ont confirmé les symptômes identifiés par le cabinet Gruzdev-Analyze sur le sol américain : « Le manque de mécaniciens qualifiés, électroniciens, spécialistes du diagnostic, est vraiment le problème numéro un ! La formation ne suit pas non plus, alors que nous prenons tous un virage technologique fort. La pénurie va très vite s’imposer comme un problème majeur que le marché automobile va bien devoir traiter très vite. »

Muriel Blancheton

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