La Feda souhaite plus de pragmatisme pour les mobilités

Philippe Lamigeon
Image
FEDA

La Fédération de la distribution automobile (FEDA) vient d’adresser un courrier à l’ensemble des députés français, les incitant à s’engager en faveur d’une mobilité durable accessible à tous. Elle fait plusieurs propositions pour une transition écologique plus réaliste que celle annoncée officiellement. 

 

Partager sur

Dans son courrier, la Feda alerte les députés sur le calendrier et les modalités de la conversion au véhicule électrique prévue d’ici à 2035. Elle souhaite une action de leur part afin que cette conversion ne soit pas un nouveau facteur de ségrégation spatiale et sociale. Ainsi, seuls les véhicules 100 % électriques ou à hydrogène seraient autorisés à la vente, excluant de fait les motorisations thermiques et hybrides. 2035, c’est aussi cinq ans d’avance sur l’échéance fixée en France par la Loi d’orientation des mobilités (LOM), qui prévoit cette interdiction seulement en 2040. « Cette accélération du calendrier n’est pas souhaitable et la Feda appelle les pouvoirs publics français à maintenir la date de 2040. Une telle trajectoire est d’autant moins soutenable sur le plan social qu’elle est conjuguée à la mise en place, d’ici 2025, de zones à faibles émissions (ZFE) dans 45 métropoles et agglomérations. Représentant le tiers de la population française, ces métropoles risquent de constituer, pour les populations vivant en périphérie de véritables zones d’exclusion », rappelle la Feda.

Pour une grande partie de la population, le passage à l’électrique sera très difficile ou impossible. En l’absence d’alternatives suffisantes en transports publics, celle-ci risque de se voir priver d’accès à l’emploi, à la santé ou à la culture par exemple. Passer le véhicule électrique de 8 % à 100 % des ventes en quatorze ans est un pari extrêmement risqué, laissant sur le bord de la route des millions de ménages. Dans ce contexte, la Feda fait sienne la déclaration de Carlos Tavares : « C'est la brutalité du changement qui crée le risque social. Sans transition progressive, les conséquences sociales seront majeures. » Et des conséquences, il en existe déjà aujourd’hui avec la hausse du prix des carburants, à laquelle s’ajoute l’inflation relative à l’entretien automobile : + 11 % en 2019, + 7,5 % en 2020. Le budget automobile actuel représente environ 17,5 % pour les ménages. 

Si la Feda n’est pas hostile à la transition écologique du parc automobile, elle estime en revanche que les modalités doivent impérativement être revues. Son courrier s’accompagne donc de propositions pour une transition plus réaliste et atteignable par tous les Français :
•    Intégrer les véhicules hybrides et hybrides rechargeables à la conversion du parc à l’électromobilité.
•    Investir massivement dans un réseau dense de bornes de recharge rapide et lever les freins réglementaires à leur déploiement.
•    Revoir le calendrier et les modalités de l’interdiction des véhicules dans les ZFE.
•    Renforcer et massifier les aides à la conversion, trop faibles et trop peu nombreuses, pour les particuliers et les professionnels.
« La Feda espère vivement que cette alerte et ces propositions seront prises en compte afin de concilier l’urgence écologique avec l’impératif d’une mobilité durable pour tous », conclut-elle. 
 

Philippe Lamigeon
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire