Bruxelles relève ses droits de douane jusqu’à 48 % pour les véhicules électriques importés

Muriel Blancheton
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BYD

La Commission européenne annonce des droits de douane massifs sur les véhicules électriques importés sur son sol. La Chine, avec sa vague de modèles à prix réduits, est la première impactée par cette décision, avec des taxes grimpant jusqu’à 38 %. Une stratégie anti-dumping implacable après plusieurs mois d’enquêtes. L’application démarre le 5 juillet.

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Tous les modèles électriques importés en Europe sont dans le viseur de Bruxelles. Une riposte pour freiner la vague de véhicules à bas prix inondant le marché européen. Conséquence immédiate : le VE ultra-subventionné en Chine sera dès le mois de juillet ultra-taxé en Europe ! Cette décision se cale après plusieurs mois d’enquête antisubventions et arrive en frappe chirurgicale car ces droits de douane se calent selon les subventions publiques que perçoit chaque marque. En clair, BYD devrait se voir appliquer un taux de 17,4 %, Geely de 20 % et SAIC de 38,1 % (maison mère de MG). Leapmotor, récemment alliée avec Stellantis, serait taxée à 21 % tout comme BMW et MINI. Pour les autres, un taux moyen de 21 % devrait être posé (Nio ou Xpeng par exemple…). Les marques étrangères qui détiennent des usines locales sont également visées, comme Renault avec sa Dacia Spring et BMW, avec un taux de 21 %, ou encore Tesla. Enfin, les constructeurs qui n’auraient pas coopéré avec l’UE pour son enquête seront d’office soumis aux 38,1 % de taxe. Ce droit de douane s’ajoute aux 10 % que paient déjà ces constructeurs lorsqu’ils entrent sur le sol européen. Les hybrides et hybrides rechargeables ne sont pas impactées. Le bénéfice calculé frôle les 2 Md€ au global selon les volumes d'importation actuels. En 2023, la Chine a ainsi vendu pour 10 Md$ de véhicules électriques à l'UE, soit 40 % des importations de l'Union. 

Un temps pour la négociation

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Valdis Dombrovskis

Ces droits de douane sont temporaires jusqu’en novembre, en attendant le taux définitif qui sera renouvelable pendant cinq ans. D’ici là, les autorités et constructeurs chinois peuvent négocier pour tenter d’alléger ce taux. « La concurrence doit être loyale, nous n'avions pas d'autre choix que d'agir face à la montée en flèche des importations de véhicules électriques lourdement subventionnés en provenance de Chine. Notre industrie risque de subir un préjudice. Les marques chinoises ont vu leur part de marché passer de 1,9 % en 2020 à 8,8 % au troisième trimestre 2023 (et de 3,9 % à 25 % pour tous les véhicules fabriqués en Chine) et elle pourrait atteindre 17 % en 2025 », a ainsi justifié Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission européenne, commissaire au Commerce.

Une décision qui n'est pas collégiale

Cette décision pourrait réduire les importations de véhicules électriques de 25 % selon certains experts. Reste à savoir si les prix de ces modèles chinois seront réévalués – de plusieurs milliers d’euros par VE – pour faire face à ce surcoût. Reste à connaître également la décision de chaque État membre avant le 15 juillet, selon leur propre position : la France et l'Espagne, grands producteurs en Europe, devraient approuver, mais pas l'Allemagne avec BMW, Mercedes, Porsche et Audi, ni la Suède ou encore la Hongrie, gros vendeurs de voitures en Chine. Ces derniers craignent déjà les mesures de rétorsion que devrait prendre le gouvernent chinois en représailles. Déjà face à ce mur qui se dresse de toute part – les Etats-Unis ont annoncé le mois dernier des droits de douane jusqu’à 100% – la riposte de la Chine ne s’est pas fait attendre : les autorités ont annoncé des hausses sur des produits d’importation dans l'agriculture, l'aviation, l’automobile et le luxe.

Muriel Blancheton
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