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« Etre à la FNA, c’est être en famille, pas en concurrence »

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CAMPING-CAR PMR - HODDICE

Dans la famille Bastide, je demande d’abord le père, puis Didier, le fils, et bientôt, peut-être, la petite-fille. Le garage de Bastide Mécanique de Ceignac (Aveyron), créé en 1975, a su évoluer avec son temps, au gré des envies de développement portées par les ambitions de la sage familiale. Aujourd’hui, Didier Bastide, indéfectible membre du bureau départemental de la FNA, est à la fois mécanicien-réparateur et carrossier-constructeur. Son ADN : adapter les véhicules aux personnes à mobilité réduite. Un artisan qui répare les moteurs et les cœurs, en somme. 

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Pouvez-vous nous présenter votre garage ?

C’est mon père qui a créé le garage Bastide Mécanique en 1975. Moi, je suis tombé dedans tout petit puisque j’y passais mes vacances, mes mercredis après-midi… Il était presque logique que j’y travaille ! Je suis donc rentré comme salarié en 1993 et en 2001 je me suis associé avec mon père. C’était déjà une entreprise familiale puisque mon oncle et mon cousin faisaient eux aussi partis de l’aventure. Et puis, j’ai eu envie de voler de mes propres ailes. J’ai eu l’opportunité d’acheter un terrain à 18 km de la première entreprise, plus proche de Rodez. Et j'ai créé une autre entreprise, la SARL DBA qui est devenue, aujourd'hui, mon principal garage puisque j'ai vendu celui de mon père il y a quelques mois. Et je suis toujours agent Peugeot, comme l’a toujours été mon père. J’ai également créé, en 2018, une autre société baptisée Hoddice qui, elle, est spécialisée dans la fabrication de camping-cars et de fourgons pour les personnes à mobilité réduite

Vous avez donc la casquette de carrossier-constructeur pour cette entreprise-ci ?

Oui, c’est ça. Nous partons d'un plancher cabine que nous achetons chez Renault. Et nous faisons faire des moules pour la carrosserie. Nous faisons tout de A à Z, du montage de la carrosserie à l'installation intérieure (hayon pour faire entrer les fauteuils, lit médicalisé, douche à l'italienne, etc.) qui comprend de nombreuses options possibles. 

J’imagine que vous n’êtes pas nombreux sur ce marché de niche en France ?

Je me demande même si nous ne sommes pas les seuls au niveau européen… Il y a quelques constructeurs de camping-car tous publics qui s’y ont essayé mais qui ont abandonné parce que le marché est trop petit pour eux. D’autant que sur une base de camping-car existant, c’est impossible à réaliser car la structure n’est pas assez solide. Il faut donc tout faire sur-mesure pour que le plancher du véhicule accepte des charges très lourdes. 

Tout cela est vraiment très technique. Comment avez-vous songé à vous lancer dans cette activité ?

En fait, nous sommes deux. Je suis associé avec un ami qui est tétraplégique. A la base, c’est lui qui rêvait d’avoir un camping-car adapté à sa pathologie mais il ne trouvait rien sur le marché. Il m’a parlé de cela pendant 2 ans et un jour je lui ai dit : « Et bien puisque tu ne le trouves pas, on va te le fabriquer ! » … Puis nous en avons fait un deuxième. Et nous avons eu envie de créer une société pour en faire profiter le plus grand nombre.

Du coup la SARL DBA, elle, a une activité de réparation auto classique ?

Oui et non. Car quand j'ai créé DBA, je me suis lancé dans l'adaptation de véhicules pour les personnes handicapées. J’avais donc déjà cet ADN du véhicule adapté aux PMR. Et c’est d’ailleurs comme cela que j’ai rencontré mon ami Didier, associé d’Hoddice. Je lui avais équipé des voitures un peu sophistiquées. Et quand il a vu ce que l’on arrivait à faire, il s’est mis à rêver de camping-car. Puis nous sommes devenus amis et nous nous sommes lancés dans l'aventure. A vrai dire, mon histoire personnelle m’a confronté très tôt aux contraintes et aux difficultés du quotidien que soulève le handicap…J’ai donc voulu résoudre, à mon échelle, une partie de ces difficultés. 

« Résoudre les difficultés du quotidien », c’est votre définition d'un artisan réparateur auto aujourd'hui ?

Ma définition va peut-être paraître orgueilleuse, mais je pense que nous sommes comme des médecins. Nous sommes là pour réparer des voitures qui sont de plus en plus complexes et dont les pannes sont aussi variées que pour le corps humain. Le parallèle peut paraitre bizarre, mais je pense que nous avons autant d'importance vis-à-vis de nos clients qu’un médecin, parce que, notamment dans les campagnes, s’ils n’ont pas leur voiture, ils sont privés d’un tas de choses de leur quotidien. Notre métier c’est de trouver une solution à nos clients et de les rassurer sur le fait qu’ils peuvent continuer de travailler, de vivre, même si leur véhicule est en panne. 

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Hoddicé - Personne en fauteuil roulant montant dans le camping car

Pensez-vous que les nouvelles motorisations sont un enjeu d'avenir pour la profession ?

Oui parce que, quelque soit la technologie, il y aura toujours des pannes. Et cet enjeu technologique a fondamentalement changé notre métier. Même dans les garages comme les nôtres, qui ne sont pas de grandes concessions, nous sommes plus techniciens que mécaniciens, nos garages présentent mieux, nous faisons également de l’accueil client, de la commande de pièces… Nous ne sommes plus collés devant une voiture à faire une tâche répétitive avec les mains dans le cambouis. Notre métier nous oblige aujourd’hui à réfléchir davantage sur la recherche de panne et à avoir plus de relations humaines qu’auparavant. 

Vous qui vous êtes diversifiés avec la partie PMR, pensez-vous que la notion de diversification est aujourd’hui essentielle pour les artisans réparateurs ?

Bien sûr, oui. D’ailleurs, nous faisons aussi du dépannage, de la vente de VN et VO et nous proposons une vingtaine de véhicules en location courte durée, dont une bétaillère qui recueille un gros succès…

… Là encore, ça n’est pas banal !

Non, mais c’est surtout cohérent avec notre situation géographique. Il y a, ici, beaucoup d'agriculteurs et pour certains, ce type de matériel qui ne va servir que quelques jours dans l’année est un investissement trop lourd.

Donc c’est essentiel pour vous comme pour vos clients ?

Oui, d’autant que je pense que grâce à cela, parfois, nous attirons et fidélisons des clients qui ne seraient peut-être jamais venus s’ils n’avaient pas été attirés par la location, le PMR ou le dépannage. Je pense qu'aujourd'hui il n’y a rien à négliger !

Depuis combien de temps êtes-vous adhérent de la FNA ?

Tout comme mon père, je l’ai toujours été. J'ai même été président du bureau. Là encore, pour moi, il est fondamental d’adhérer à ce type d’organisation, ne serait-ce que pour rompre la solitude des entrepreneurs. Trop souvent, nous avons tendance à râler dans notre coin et objectivement, cela ne mène à rien si on n’échange pas avec les bonnes personnes. Echanger, c’est pouvoir proposer de nouvelles choses, de nouvelles idées, pour améliorer nos métiers. Et la FNA nous permet cela. Et lorsque l’on en discute entre nous, on s’aperçoit en fait que nous avons les mêmes problèmes, les mêmes contraintes, les mêmes interrogations. Avec plus ou moins d’intensité bien sûr, mais au moins, cela permet d’en parler, de se soutenir moralement et parfois de trouver des solutions et d’être plus serein pour l’avenir. 
Franchement je crois que je n’ai pas loupé plus de 3 réunions depuis que je suis élu au bureau. Être à la FNA, dans notre département, c’est être en famille, pas en concurrence…. En fait c’est tout un contexte : lorsque l’on organise des soirées thématiques sur des sujets d’actualité qui concernent notre métier, cela nous permet aussi de rencontrer d’autres collègues qui ne sont pas adhérents et de les convaincre de nous rejoindre. D’autant qu’une fédération peut porter la voix de tous les artisans auprès des instances publiques, auprès de ceux qui décident, ce que nous ne pouvons pas faire en restant isolés dans notre coin. 
 

Et dans votre quotidien, comment la FNA vous accompagne-t-elle ?

Je vais vous donner 2 exemples très concrets. Le premier, c’est la formation. Elle est essentielle, mais pas toujours facile à mettre en œuvre. En tant qu’agent de marque, nous avons accès à des formations proposées par notre constructeur. Mais elles se déroulent à Toulouse et durent 2 jours. C’est beaucoup de temps monopolisé et de frais. Avec la FNA, les formations sont proposées via le CFP et les chambres des métiers de proximité et nous permettent donc plus facilement de former nos collaborateurs. 
Autre exemple : le dépannage. C’est grâce à la FNA que nous avons pu structurer ce service avec la gendarmerie et la préfecture. Aujourd’hui si quelqu'un tombe en panne ou a un accident dans le département, il y a forcément un dépanneur qui va pouvoir intervenir dans des délais convenables, y compris les dimanches et les jours fériés. Avant cela, le service de dépannage dans notre zone n’était pas organisé. Les dépanneurs en intervention étaient toujours les mêmes et cela n’incitait pas les garagistes qui souhaitaient se lancer dans cette activité à investir dans du matériel. Désormais, l’organisation est assainie et chacun dispose de son tour de garde. Et c’est la FNA qui gère les calendriers, les échanges avec la préfecture et la gendarmerie, fait les contrôles adéquates, etc. 
Tout cela nous permet d'offrir un service de qualité tant aux clients qu’aux services de l'ordre. Et cela permet aux garagistes qui participent d’amortir leur dépanneuse.
 

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Camping-car PMR

Vous êtes multi-casquettes. Est-ce important pour vous de sans cesse vous réinventer ?

Franchement, quand je vois comment fonctionnait mon père il y a quelques années et comme je fonctionne aujourd'hui, c’est le jour et la nuit. Evidemment, je lui dois tout ce que j’ai, mais il a fallu ajouter du plus parce que je n’aurais pas l'entreprise que j'ai aujourd'hui si je ne l’avais pas fait. Bien sûr, j'ai des confrères de mon âge qui se sont contentés de peu et qui mangent tous les jours. Après tout, à chacun sa définition de l’entreprise et son envie d’avancer. Moi j’avais envie de transmettre à ma fille quelque chose qu’elle pourra encore faire fructifier… 

Votre fille envisage de poursuivre la saga familiale ?

C'est peut-être un peu prématuré mais je pense que oui ! Elle a fait un master en alternance chez moi, et à l'issue de son master, elle a voulu rester. Aujourd’hui, elle travaille surtout dans l’entreprise Hoddice. Elle s'occupe de tout ce qui est devis clients, tarifs, suivi des fournisseurs, homologation des véhicules avec le chef d’atelier… Pour cette entreprise, il a fallu tout créer, tout apprendre, partir d’une feuille blanche, obtenir les brevets. Et j’étais honnêtement bien content d’être épaulé par ma fille qui a des compétences que je n’ai pas ! Finalement quand j’y réfléchis, je ne fais pas grand-chose à part surveiller et rouspéter parfois (rires). 

Comment voyez-vous le garage de demain ?

A vrai dire, je ne sais pas. Nous sommes confrontés à un problème de taille, celui du recrutement. Aujourd'hui j'ai du travail tant que j'en veux, j’ai un outil de travail qui est récent et super performant et je ne demande pas mieux que d'investir dans des machines, dans du matériel, dans des formations qui permettront à mes activités de se développer et de rester en phase avec les offres du marché, les nouvelles motorisations, les attentes des clients… Le problème, c’est que je n’ai pas de visibilité sur le nombre de personnes qui voudront, demain, travailler dans mon garage. Nous sommes confrontés à un véritable enjeu, celui de réussir à recruter les artisans réparateurs automobile de demain… Mais ceux qui ont le savoir-faire et le savoir-être ne se bousculent pas ! 

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