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VESA : l’alternative électrique abordable

Léa Cuissard
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Honda N-Box kei-car

Le véhicule électrique soutenable et abordable, dit VESA, pourrait être la solution pour relancer la décarbonation du parc européen qui a subi un coup d’arrêt l’an passé, plombé par la fin de subventions sur des versions électriques trop chères. C’est ce que défendent quatre universitaires spécialistes du marché auto, inspirés par le modèle nippon des kei-car dans un ouvrage publié par La Fabrique de l’industrie. 

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Des ventes de véhicules électriques qui ont manqué de courant en France, mais aussi en Allemagne en 2024, faute de subvention et plombées par des tarifs hors champ (prix moyen d’environ 55 000 € à plus de 65 000 € en 2023). Ce ralentissement risque d’arrêter dans son élan la nécessaire décarbonation des parcs européens, tandis que les constructeurs continuent de pousser des modèles toujours plus imposants alors même que 2035, date de l’interdiction de produire des véhicules thermiques en Europe, se rapproche. Les possibilités de faire du continent le champion de la mobilité vertueuse s’amenuisent. Pour que la transition vers l’écomobilité ne soit pas un échec, il est urgent d’inventer un autre modèle économique. C’est ce que proposent les universitaires biens connus du secteur auto : Bernard Jullien (maître de conférences en économie à l’Université de Bordeaux), Tommaso Pardi (CNRS/Gerpisa), Samuel Klebaner (maître de conférences en économie à l’Université Sorbonne Paris Nord) et Marc Alochet (ingénieur et « thésard » sur le thème de la transition vers l’électromobilité). 

VESA : la nouvelle catégorie à inventer

Dans leur ouvrage intitulé « Légère et abordable : les clés d’une voiture européenne à succès », ces quatre chercheurs proposent de créer une nouvelle catégorie de véhicules électriques. Inspirés des kei-car japonaises (petit véhicule léger et bon marché qui représente 40 % des ventes au Japon, dont la moitié en version électrique), ces modèles offriraient « des options économiques (15 000 € maximum) aux consommateurs européens tout en réduisant l’empreinte carbone ». En parallèle un écoscore serait créé, informant les acheteurs de l’impact écologique de leur nouveau véhicule, avec des incitations fiscales à la clé ! Les auteurs ajoutent que « la production des VESA [par les constructeurs] serait encouragée par l’octroi d’un coefficient multiplicateur facilitant l’atteinte des objectifs CAFE (réduction des émissions de CO2) ». Pour atteindre l’objectif de 2035, ces voitures devraient représenter près de 25 % du marché européen, dès 2029. Grâce aux VESA, l’Europe pourrait faire face à la compétitivité des véhicules chinois, avec une baisse importante des prix des voitures européennes, et une hausse des prix des véhicules chinois fabriqués en Europe. 

La dérive décortiquée

Pour appuyer leur proposition de nouveaux véhicules, ils ont décortiqué les processus qui ont amené les politiques européens à se déconnecter des réalités de marché, en supprimant les petits véhicules des catalogues pour aller vers toujours plus de haut de gamme, inaccessible pour la majorité des consommateurs. En contrepoint, ils détaillent les schémas d’une offre historique et hyper calibrée qu’est la kei-car au Japon, ainsi que la fulgurance de l’électrification de l’industrie auto chinoise et la sortie d’un mini-BEV. Fouillée, documentée, édifiante et inspirante étude que vous pouvez retrouver sur le site de l’éditeur La Fabrique de l’Industrie.  Voir si elle retiendra l’attention de l’écosystème automobile mais aussi politique ! 

Léa Cuissard
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