Bruno Le Maire veut sauver la filière auto

Muriel Blancheton
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Le Ministre de l’Économie a dessiné son plan de bataille devant 600 dirigeants de PME du secteur auto et un parterre d’industriels comme Jean-Dominique Senard, président du groupe Renault, Jacques Aschenbroich, Pdg de Valeo ou encore Félicie Burelle, directrice générale déléguée de Plastic Omnium. Tous étaient réunis aujourd’hui à Bercy. Un seul mot d'ordre : trouver des solutions pour anticiper la baisse de la croissance du secteur, attendue d'ici 2020/ 2021 (baisse des immatriculations, transition vers l'électrification, attentisme du consommateur...). Bruno Le Maire a donc dégainé sa feuille de route tout en égratignant, un peu, les constructeurs… Ainsi, pour le ministre, il faut accompagner les pros dans la transition électrique et soutenir les sous-traitants – notamment les diéselistes - en créant deux fonds pour leur diversification. Il faut également restaurer la compétitivité en relocalisant la production et (re)consolidant l’industrie automobile française, passée de 2e à 5e mondiale en neuf ans (derrière l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni est l’Allemagne). « 25 M€ issus des recettes du déplafonnement du malus (dès 172g de CO2/ km) abonderont un fonds dédié aux sous-traitants. Il les accompagnera pour réussir la transition écologique, identifier les opportunités de diversification et investir dans de nouvelles lignes de production. Nous allons également mettre en place un fonds de garantie des prêts. Si l’activité doit diminuer dans le secteur automobile en 2020 comme certains l’anticipent (…), il faut que les sous-traitants puissent continuer à financer leur activité. Nous allons dédier 25 M€ de fonds publics pour générer jusqu’à 200 M€ de prêts garantis. » Bruno Le Maire s’est appuyé sur un rapport anxiogène de la Banque de France soulignant l’obsolescence de l’appareil de production des sous-traitants, provoquée par des investissements trop faibles, le poids « démesuré du besoin en fonds de roulement » notamment dû à une hausse des délais de paiement chez leurs clients et un financement à court terme (moins d’un an), pour plus de la moitié d’entre-eux. « La conséquence est simple : si le marché fléchit, près de la moitié des sous-traitants auront des difficultés à obtenir des financements pour 2020. »
La délocalisation : un échec économique et écologiqueBruno Le Maire veut également restaurer la compétitivité et ne comprend pas la logique d’optimisation des coûts initiés par les constructeurs français qui produisent et assemblent au Maroc, en Slovaquie en Turquie « pour réimporter en France à des fins commerciales. Je ne me satisfais pas d’un modèle où les deux véhicules les plus vendus en France – la Clio et la 208 – ne sont plus produits en France », a ainsi fustigé le ministre, soulignant un modèle de développement en échec économique ayant conduit à délocaliser la production et à détruire des emplois. « La France est le pays d’Europe qui a le plus délocalisé son industrie automobile durant la dernière décennie. Nous ne voulons plus de ce modèle. C’est un modèle où l’État a soutenu l’innovation et la demande sans jamais obtenir de contreparties sur la production en France ». Pour rapatrier la production, il faut améliorer la compétitivité. « Nous avons baissé l’impôt sur les sociétés et nous allons continuer à le baisser pour atteindre 25 % en 2022. Nous avons pérennisé le Crédit impôt recherche et créé un suramortissement de deux ans pour robotiser et numériser les sites industriels. Nous avons baissé le coût du travail en transformant le CICE en allègement de charges. Et depuis le 1er octobre, il n’y a plus de charges patronales au niveau du SMIC ! » Le ministre a également annoncé la baisse des impôts de production, comme le demandait la Fiev, durant le quinquennat, avec une trajectoire en baisse continue sur 10 ans. « Mais nous ne pouvons pas nous engager à baisser les impôts de production si vous ne vous engagez pas à maintenir l’activité en France. Nous voulons de la visibilité sur le niveau de production en France ! » Ainsi, une mission d’évaluation a été confiée à Hervé Guyot, ancien directeur de la stratégie de Faurecia, pour le maintien et la relocalisation de l’activité en France d’une part, et l’amélioration des relations entre donneurs d’ordres et sous- traitants d’autre part. Il remettra ses premières conclusions en début d’année prochaine, pour alimenter le Pacte productif, et son rapport final au printemps prochain. A suivre.
Muriel Blancheton
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