SRA questionne la RSE en réparation-collision

Romain Thirion
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Table ronde RSE sur la journée technique SRA 2022.jpg

La Journée technique SRA 2022 a permis aux acteurs de la réparation-collision d’exprimer leur vision de la RSE.

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Pour la première fois depuis 2019, l’association Sécurité & Réparation Automobiles (SRA) a tenu sa traditionnelle journée technique en présentiel, au sein-même de l’amphithéâtre de France Assureurs. L’occasion pour les constructeurs, équipementiers, experts, assureurs et représentants des réparateurs de partager leur vision de l’évolution des technologies et des usages de l’automobile dans les années à venir. La question de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) était également posée et la plupart des intervenants ont été invités à s’exprimer sur ce sujet. Un table ronde a même été consacrée à la RSE dans le secteur de la réparation-collision.

Une notion que les carrossiers commencent à prendre à bras-le-corps, bien aidés par leur tête de réseau lorsqu’ils sont sous enseigne. « Nous avons mis en place des outils collaboratifs dans les ateliers de nos adhérents pour améliorer les conditions de travail et la prise en charge des déchets », détaille Patrick Cléris, président de la Fédération des réseaux de carrossiers indépendants (FRCI). « La RSE, c’est comment rester poli avec la vie », préfère André Courtois, président de Weinmann Technologies, qui paraphrase ici le célèbre navigateur Olivier de Kersauson.

Une démarche coûteuse mais nécessaire

Le fabricant de cabines de peinture français, qui a mis en place une politique RSE à l’échelle de son entreprise et encourage ses clients carrossiers à le faire, reconnaît toutefois le coût important que cela représente. « Un programme RSE coûte très cher en ressources, en argent et en temps, raison pour laquelle nous y avons dédié une personne à temps complet. Un chercheur en sciences sociales, spécialiste de la sociologie du changement », précise André Courtois.

Présent à la commission aéraulique de la Caisse d'assurance retraite et de la santé au travail (Carsat), Weinmann Technologies insiste ainsi auprès de ses clients pour qu’ils mettent tout leur savoir faire artisanal dans un process de production industriels. « Cela passe par un atelier extrêmement propre, du matériel permettant de travailler en toute sécurité, une importante digitalisation de l’outil de production et le respect de l’environnement », ajoute le dirigeant.

Réparer plutôt que remplacer

Néanmoins, les carrossiers détiendraient déjà l’une des clés fondamentales de la RSE dans leur entreprise : la capacité à réparer les pièces endommagées plutôt que de les remplacer. « Si l’on veut transmettre notre métier dans le respect des enjeux de demain, il faut mettre en avant la réparation, mais cela requiert de l’investissement matériel, humain, de la formation et l’accord de l’expert car tout a un coût », plaide Patrick Cléris.

Ce que concède Nicolas Baran, directeur de la maîtrise des résultats techniques chez BCA Expertise. « Une vraie démarche RSE en carrosserie passe par la réparabilité de la pièce et la principale limite est technique. Ensuite vient la limite économique. C’est là que le principe du contradictoire entre expert et réparateur prend une importance primordiale. Ce n’est qu’à la suite de ce débat que l’on peut proposer de remplacer la pièce par une solution plus écologique, notamment la pièce de réemploi. »

D’où les discussions en cours entre les organisations professionnelles représentant les carrossiers et les experts réunis sous l’égide de la Fédération française de l’expertise automobile (FFEA), dont BCA est membre. « Une nouvelle charte de bonnes pratiques est à l’étude », commente Jean-Marc Donatien, président du métier Carrossiers chez Mobilians.

Réduire dépenses d’énergie et émissions polluantes

La question de la sobriété des ateliers est également posée par les enjeux de la RSE. Aussi, Jean-Marc Pettinotti, senior business solutions manager chez PPG, a-t-il détaillé les objectifs du fabricant de peinture américain à l’horizon 2025. Celui-ci vise 15 % de réduction de l’intensité des émissions de gaz à effet de serre via l’usage de ses produits, 25 % de réduction de l’intensité des déchets, 15 % de réduction de l’intensité de la consommation d’énergie et une hausse de 25 % de la consommation totale d’énergie électrique provenant de sources d’énergie renouvelables. D’où le développement des technologies à séchage UV ou à l’air libre.

Des objectifs que la baisse des chocs violents et l’essor de la petite réparation pourraient aider à atteindre plus rapidement, mais qu’il faut viser également par la formation des peintres. « Il faut leur apprendre à acheter la bonne quantité de produit et pas davantage que celle dont ils ont besoin », témoigne Jean-Marc Pettinotti. Le fabricant escompte aussi que 40 % de ses ventes proviennent de produits et de processus bénéficiant d'un avantage durable d'ici 2025. Les actions d’amélioration de l’efficacité énergétique comprennent des audits énergétiques, de nouvelles normes de gestion de l’énergie et des projets de numérisation de la part de PPG.

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Les objectifs de PPG en termes de réparation automobile d'ici 2025

Question d’attractivité

Néanmoins, atteindre de tels objectifs implique de remédier à l’un des principaux problèmes de la carrosserie aujourd’hui : sa capacité à attirer les jeunes talents et à susciter des vocations. Car le manque de personnel qualifié est criant et le nombre d’apprentis pas suffisant pour couvrir tous les besoins. « Le secteur ne sait plus intégrer les jeunes pour des raisons économiques, car il faut les moyens d’embaucher. Mais les jeunes aujourd’hui veulent qu’on leur parle de projets et pas que de productivité », affirme André Courtois.

Aussi, une démarche RSE digne de ce nom est l’un des arguments susceptibles de séduire les plus jeunes, bien plus attentifs au respect de l’environnement et au bien-être au travail que les générations précédentes.

Romain Thirion
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