Les spécialistes peinture au cœur des mutations technologiques

, mis à jour le 06/05/2025 à 17h07
Image
Axalta Irus Mix à Cugnaux

Le dernier CDA organisé par la Feda, le 3 avril dernier, a dressé un constat sans ambiguïté : la valeur ajoutée du distributeur de peinture passe par toujours plus de technique, de formation, de digital et de service. Car les technologies de produits et d’équipements ont évolué à vitesse grand V ces cinq dernières années. 

Partager sur

Le distributeur peinture est confronté à un modèle économique exigeant, marqué par des investissements toujours plus importants et un retour parfois aléatoire sur ces investissements. « La peinture est une histoire d’hommes, mais aussi d’engagements financiers », explique Maxime Falconnet, président du groupement Centaure. Paramétrage des outils, installation des laboratoires, remises de fin d'année anticipées : chaque mise en place peut dépasser les 25 000 €, sans garantie que les volumes de facturation soient atteints.

Face à la hausse des coûts énergétiques et des prix des produits (+30 % post-Covid), les distributeurs accompagnent leurs clients vers des solutions haute productivité : vernis ou apprêts à séchage accéléré – sous UV ou à l’air libre – nouvelles technologies de cabine, formation au bon usage. « Tant que ce n’est pas essayé, les carrossiers restent réticents. L’enjeu, c’est de convaincre par la preuve », insiste Maxime Falconnet.

Garants de la performance

Nicolas Demoulin, dirigeant d’Antonin, distributeur bien connu du sud-ouest, confirme que le métier est désormais axé sur le support technique et le service immédiat. « Le métier change. Nous vendons vend beaucoup de machines automatiques et nous prévoyons d’en installer une trentaine à la fin de l’année. Nous dépannons en deux heures et robotisons également la préparation de commandes ». Antonin a en effet automatisé son propre entrepôt de Cugnaux (31), à la manière des plateformes de distribution des grandes centrales. Côté carrossiers, la machine de teinte 100 % automatisée Axalta Irus Mix que ses propres équipes installent permet pour rappel d'éviter notamment d’éviter les erreurs de dosage.

Car chez Antonin, avant l’automatisation, 50 % des interventions colorimétriques auprès des carrossiers correspondaient à une erreur de pesée. La robotisation du mélange permet aussi de gagner du temps, de continuer à produire durant la préparation et de réduire la consommation de produits de 15 à 20 %. La contrepartie est que « le distributeur devient un prestataire de maintenance, il nous faut donc créer de nouveaux métiers. Dans ma société, je n’aurai plus besoin que d’un magasinier avec l’automatisation. Mais aussi d’une personne qui fera de la maintenance de robots chez nos clients. Il y aura beaucoup de supervision », souligne Nicolas Demoulin.

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, le distributeur devient aussi un partenaire de l’atelier pour la formation initiale et continue. Maxime Falconnet alerte : « 40 à 50 % des carrossiers rencontrent une déficience de qualité et d’implication de leurs collaborateurs ». Pour y répondre, les visites se multiplient et le suivi technique s’intensifie.

Anticiper les tendances

Damien Bontemps, responsable national du développement des ventes carrosserie d’Autodistribution, rappelle que la valeur ajoutée repose sur des équipes spécialisées, une offre de formation propre, des stocks pertinents et un accompagnement quotidien. « Nos centres d’appel, nos commerciaux itinérants et notre plateforme nationale peinture contribuent à fluidifier la productivité des ateliers », explique-t-il. Toutefois, tout ne peut passer par du premium, car la typologie de clients carrossiers évoluent et tous n’ont pas la structure pour investir dans des produits et outils de dernière génération. « Les produits à moindre coût deviennent incontournables. Notre marque propre NAPA, notamment sur les consommables carrosserie, répond à cette attente », confirme ainsi Régis Napoleone, directeur du développement carrosserie d’Alliance Automotive Group.

Mais la tendance de fond reste la spécialisation des équipes sur l’activité peinture : chefs des ventes dédiés, sectorisation, support technique… Arnaud Racapé, directeur de PPG Automotive Refinish France, insiste sur la capacité des distributeurs à vendre la valeur de leurs produits. « Nous avons besoin de relais terrain capables d’expliquer, de convaincre, de prouver les gains » permis par les solutions du fabricant. MoonWalk, machine de préparation automatisée dont le lancement en 2019 a stimulé le marché, et PPG Linq Pro, solution de visualisation 3D des teintes, en sont des exemples.

Responsable marketing EMEA de BASF Coatings, Olivier Marion ajoute que « la réduction des déchets et des consommations qu’entraînent ces innovations n’est autre que du développement durable opérationnel. C’est aussi une réponse au déficit d’attractivité des métiers. » Et une réponse aux attentes des apporteurs d’affaires – assureurs, loueurs, fleeters – que leur nombre d’employés et/ou leur CA soumet au reporting d’empreinte carbone qu’exige la directive européenne CSRD.

Dernier point de vigilance et d’accompagnement face au changement technologique : l’arrivée des véhicules électriques chinois. Les constructeurs sont très nombreux et peu versés dans l’après-vente, aussi les équipes chinoises des fabricants de peinture sont au taquet pour identifier les bonnes teintes et les formuler afin que, en bout de chaîne, les distributeurs soient en mesure d’aider au mieux leurs clients carrossiers. Sur un marché de la peinture hyper tendu, les acteurs s’accordent : seule la création de valeur, par l’innovation, le service et la compétence, assurera la pérennité du métier de distributeur.

Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire