Emil Frey France veut la taille critique, vite

Jean-Marc Pierret
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Vincent Gorce Emil Frey France

C’est le premier groupe de distribution VN en France avec 5,3 Md€ de CA, assis sur un groupe international de plus de 14 Md€. Emil Frey France a balbutié sa diversification pièces multimarque avec Flauraud auquel il a ajouté MGA et Barrault. Vincent Gorce, le DG d’Emil Frey France, explique comment et pourquoi il compte bien accélérer sur cette activité...

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Zepros : Emil Frey France est entré dans la pièces multimarque avec le rachat de Flauraud en 2016. L’aventure semble avoir été moins simple que prévu...

Vincent Gorce : Nous avons commis l’erreur de penser que le business de la pièce est peu ou prou le même côté constructeurs comme indépendants. Nous pensions donc avoir les ressources dans le groupe Emil Frey pour faire le Job. Nous avons positionné Flauraud comme une concession de plus et non pas comme une activité à part entière. Or, il aurait fallu dès le début recruter de nouvelles compétences, revoir les gammes, relancer la dynamique commerciale avec l’ouverture de magasins… 

Zepros : Quand avez-vous corrigé la trajectoire ?

V. G. : Avec la remise en question du business model de la distribution VN par les constructeurs. En 2021, nous avons définitivement compris que l’IAM allait devenir stratégique pour nous. Nous étions jusqu’alors resté concentrés sur la vente VN et VO, dans un contexte où la stabilité de la relation avec le constructeur permettait d’espérer rentabilité et développement. C’est dans cet esprit que nous avons rassemblé les activités IAM sous PRIAM Holding, créée fin 2022. 
 

Zepros : L’annonce du contrat d’agent commercial en lieu et place du bon vieux contrat de concession a donc fait effet de catalyseur...

V. G. : Les nouveaux contrats de distribution VN ont effectivement matérialisé un risque en chiffre d’affaires comme en marges. Notre diversification entamée en 2016 devenait essentielle. 
Nous avons aussi compris que, quand on est un groupe VN, l’activité en rechange indépendante doit atteindre rapidement une taille critique pour pouvoir l’asseoir et la développer. C’est pourquoi nous avons repris MGA et Barrault. Dans le même esprit d’une diversification nécessaire, nous avons aussi repris le groupe Kertrucks, distributeur PL dans le Grand Ouest en début d’année.

L’IAM n’est plus vue par nos concessions comme du mauvais adaptable ou de la contrefaçon. 

Zepros : Les équipes historiques de la distribution VN acceptent-elles facilement ce déploiement dans un activité concurrente à la leur ?

V. G. : La stratégie est comprise. L’IAM n’est plus vue par nos concessions comme du mauvais adaptable ou de la contrefaçon. Nos concessions demeurent certes convaincues que les pièces d’origine ont des spécificités propres mais elles voient aussi les exemples Distrigo ou Motrio. Et elles comprennent que le marché évolue.
 

Zepros : Et vous, comment voyez-vous évoluer votre business après-vente ?

V. G. : Dans les 20 prochaines années, le parc va vieillir et consommer des pièces qui doivent être positionnées en fonction des attentes consommateurs et des véhicules âgés. Puisque nous devons devenirs agents commerciaux, nous devons transformer nos métiers après-vente en les recentrant plus que jamais sur le client final. C’est la raison d’être de notre stratégie de remarketing VO et de Smart Repair. Il faut répondre à la clientèle Flottes croissante en optimisant l’activité autour des retours de buy back et accompagner les attentes de la clientèle premium sensible à l’état du véhicule, qu’il soit VN ou VO.
 

Zepros : Envisagez-vous des synergies entre activités VN et rechange multimarque ?

V. G. : En amont, nous convergeons évidemment dans la massification des achats. Le reste est à la marge : pour les pièces de VO très anciens, les autres marques ou pour des loueurs ou contrats flottes cherchant un entretien low cost. 
Côté rechange indépendante, la MDD Technik’a de Flauraud est par exemple remplacée par MGA. C’est un effet de la taille critique évoquée plus haut et ce changement est parfaitement compris par les équipes de Flauraud. Elles passent d’une offre de 5 000 références à plus de 22 000 ! Le résultat parle de lui-même avec une croissance de 20% des ventes Flauraud en MDD. 
 

Zepros : Et côté enseignes de réparation multimarques ?

V. G. : La notoriété et taille des enseignes multimarques en portefeuilles sont-elles suffisantes ? Nous n’avons pas encore tranché, mais tout est ouvert. Nous venons d’ailleurs de recruter un directeur d’enseigne issu du monde multimarque avec Jérôme Magloire, animateur des enseignes Motorcraft et Bosch Car Service. La compétence multimarque se recrute dans le monde multimarque..

Jean-Marc Pierret
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