Classement peinture : entre tensions et apaisement

Romain Thirion
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Laboratoire de peinture chez APA Carmoine.

Au sortir d’un exercice 2022 plus challengeant que jamais, 2023 semble marquer un retour à la normale, ou presque, sur le marché de la peinture. 

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« Sur ce premier semestre, l’inflation apparaît inférieure à celle des deux dernières années, mais du côté des résultats, nous sommes obligés de continuer à tenir compte des augmentations de tarif du deuxième semestre 2022 », explique Éric Le Gall, directeur des ventes peinture & carrosserie d’Alliance Automotive Group. Ainsi la croissance du marché en valeur s’approche des 9 % ces six derniers mois mais les volumes, eux, croissent deux fois moins fort.

« Il y a eu des inflations chez nos principaux fournisseurs majeurs, sans forcément d’explication sinon beaucoup de suivisme d’une marque à l’autre. Les distributeurs ont dû rogner leurs marges pour minimiser l’inflation côté carrossiers. Mais la stabilité 2023 nous permet de récupérer du business, même si la marge n’est pas encore de retour », souligne Franck Legrand, directeur général adjoint du réseau Centaure. La tendance inflationniste connaît effectivement un effet de seuil et au second semestre, elle devrait être moins élevée, permettant aux courbes des volumes et de la valeur de se rapprocher l’une de l’autre.

Le marché indépendant mieux loti

Le marché de la distribution de peinture se porte donc plutôt bien et particulièrement côté réparation indépendante. « Les réseaux constructeurs sont très tendus, avec les livraisons de véhicule neufs tardives, les livraisons de pièces décalées et les annonces de réduction du nombre de concessionnaires. Sans compter le phénomène de concentration… », reconnaît Éric Verwacht, directeur commercial et opérations ECR France de BASF Coatings Services, la structure de distribution du fabricant de peinture.

Les carrossiers indépendants, eux, s’en sortent mieux et leur agenda étant bien garni, la pression se déplace des achats de peinture vers la main-d’œuvre, qui fait défaut à de nombreux pros. « Les indépendants sont donc obligés d’aller débaucher des peintres chez les concessionnaires en leur promettant des salaires importants et des avantages parfois substantiels », souligne E. Verwacht.

Relever les défis du service

Entre prix toujours élevés – côté peinture comme côté énergie – et salaires toujours plus hauts, le carrossier a plus que jamais besoin de la dimension servicielle des distributeurs de peinture. À commencer par garantir la disponibilité des produits. « Pour continuer de répondre aux besoins de nos clients, nous avons augmenté nos stocks – passés de quatre à huit semaines sur les fortes rotations – car avec la peinture, on ne peut pas faire de substitution : quand la teinte de base n’est pas là, la machine ne tourne pas. Il fallait se donner le temps d’absorber ces ruptures », plaide Christian Court, président de Centaure.

Autre service exigé du distributeur : amener le carrossier vers les process les plus productifs. « La peinture ne représente que 6 % du pied de facture, contre 8 à 9 % pour le consommable. Donc le mieux est d’aller chercher de la rentabilité via l’usage du produit », affirme Marc Rigal, président du Groupe Fauve.

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Notre Top 35 des distributeurs peinture 2023

Le classement des principaux distributeurs de peinture français n’a pas été chamboulé outre mesure ces douze derniers mois. Et ce, malgré les affres de l’inflation et la concentration toujours à l’œuvre dans le secteur. Deux phénomènes qui, au contraire, ont aidé les entreprises à faire croître leur chiffre d’affaires : près de la moitié des distributeurs de notre classement ont réalisé des progressions à deux chiffres.

Hormis l’indétrônable multispécialiste APA Carmoine, leader du Top 35 depuis trois ans, quatre distributeurs Centaure trustent le Top 5, même si IDLP est lui aussi un généraliste qui s’est diversifié grâce à Ouest Injection et Choisy Pièces Auto. Preuve que les vrais spécialistes continuent d’être synonyme de confiance pour les carrossiers : seuls trois multispécialistes occupent le Top 10 et dépassent les 10 M€ de CA.

Le dernier à atteindre un tel seuil ? Techn’Ecar, éditeur de Peinture-voiture.pro, qui a enregistré une croissance moins forte qu’auparavant, corollaire de sa "phygitalisation" depuis le déploiement de sa MDD (cf. page 29). Et de son installation dans un établissement flambant neuf où il a installé laboratoire, équipes techniques et depuis lequel il espère prochainement développer de la formation.

Romain Thirion
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