Avec MGA et Barrault, Emil Frey France accélère sa stratégie IAM entamée avec Flauraud
170 M€ de chiffre d’affaires ! C’est ce que représente à présent l’univers IAM d’Emil Frey France avec Flauraud/Barrault et MGA ! Dans notre Top 100 de la distribution PR indépendante, le premier distributeur VN aux imposants 5 Md€ se classe ainsi en deuxième position, juste derrière IDLP (200 M€). Désormais, les trois entités indépendantes forment une planète endogène qui ne viendra pas empiéter sur les autres satellites du groupe mais prendra encore du poids. Explications exclusives d’Hervé Mirallès, le CEO d’Emil Frey France.
Pourquoi avoir racheté Barrault et MGA ?
Parce que d’une part nous intégrons ainsi deux métiers, celui d’équipementier avec MGA et de distributeur avec Barrault. Deux outils bien calibrés et bien gérés, avec chacun leur histoire. D'autre part, il s’agit d’assurer la continuité de notre diversification sur la pièce, entamée avec Flauraud. Un axe essentiel pour continuer à maîtriser notre chaîne de valeur sur l’ensemble du parc. Il faut bien comprendre que ces récentes acquisitions vont au-delà d’une simple stratégie après-vente, elles nous permettent de développer une activité axée sur la pièce indépendante bien distincte du reste de notre business. Pas d’amalgame : dans nos concessions, nous avons déjà développé une offre atelier via Autosphère pour garder les véhicules au-delà de six ans. Aujourd’hui, trop de concessionnaires, aussi bons soient-ils, ne maîtrisent qu’une partie de l’après-vente et du VO. Capter la clientèle en SAV après le VN, c’est tout l’enjeu des réseaux primaires.
« MGA, c’est un atout supplémentaire, un nouveau métier, celui d’équipementier, qui est extrêmement intéressant »
S’agit-il d’imbriquer Barrault dans Flauraud et réciproquement ? Quid de MGA ?
Absolument pas. Le maillage du premier est complémentaire du second, sachant que les deux entités ont des business models différents, avec des formats de magasins personnalisés, des enseignes identitaires (Club Auto Conseil pour Flauraud, Autofit pour Barrault). Quant à MGA, c’est un atout supplémentaire, un nouveau métier, celui d’équipementier, qui est extrêmement intéressant, avec des MDD qui vont poursuivre leur chemin naturel vers la rechange indépendante. Des marques propres qui ne viendront pas en frontal avec Technik’a chez Flauraud. Ce dernier n’est pas équipementier et a ses propres spécificités comme les fluides, les batteries ou les machines tournantes par exemple, ce que ne propose pas MGA. Cette architecture globale assure notre taux de couverture, la disponibilité des pièces et une logistique resserrée. Il n’y a aucune logique d’opposition. L’objectif de cet écosystème est qu’il soit autogéré, développé pour lui-même et par lui-même. Un développement endogène qui doit créer sa propre valeur avec son propre chiffre d’affaires sur ses bases naturelles. Ce serait une erreur de considérer que l’on peut tout mélanger ! Et si cet écosystème permet de créer des synergies avec nos réseaux sur la partie après-vente, c’est encore un atout supplémentaire.
« Aucune pièce n’est distribuée sur nos plateformes Distrigo ou celles de Renault »
Chaque structure reste indépendante, mais quelles synergies peut-on imaginer ?
Certaines seront possibles mais elles viendront naturellement et serons étudiées après le développement intrinsèque de chacune, entre Flauraud, Barrault et MGA. Toute synergie doit se faire après les investissements respectifs des entités. Donc, pour l’heure, il est trop tôt pour évoquer ce sujet. Pour l’instant, nous veillons au maintien des équipes et à une bonne transmission.
Cette avancée en IAM ne risque-t-elle pas de créer quelques tensions avec les constructeurs que vous représentez, Stellantis et Renault ?
Encore une fois, le business de la pièce indépendante au sein d’Emil Frey France est bien distinct. Aucune pièce n’est distribuée sur nos plateformes Distrigo ou celles de Renault, déjà bien pleines ! Cela serait même contre-productif et destructeur de valeur de mélanger les genres et les créneaux. Quel serait l’intérêt de substituer de la pièce d’origine ? Il ne s’agit pas que d’une question de marge. Celle-ci s’apprécie dans une relation globale avec le constructeur. Tout est question d’équilibre relationnel, et il y a largement de la place pour développer d’autres business.
« Le concessionnaire doit d’abord remplir ses ateliers avant d’aller vers un panneau multimarque qui risquerait de lui prendre de la part de marché »
Certains concessionnaires adoptent des panneaux multimarques indépendants. Pourquoi pas vous ?
Nous avons déjà deux enseignes avec Club Auto Conseil et à présent Autofit, grâce à nos acquisitions. Pourquoi regarder ailleurs ? Et je le répète, l’activité multimarque indépendante doit rester distincte des autres branches d’un concessionnaire. Ce dernier fait de l’après-vente dans sa concession, mais il ne peut pas changer son ADN pour devenir fast-fitter ou centre auto. C’est un autre métier, avec des offres et des pièces différentes. Se disperser ne doit pas signifier remplir de l’espace ailleurs que dans les ateliers de la concession. Mon job consiste à capter des clients payants dans mes propres ateliers qui ont de l’espace ! Preuve en est avec le transfert d’activité en préparation VO vers nos sites de reconditionnement. L’espace ainsi créé permet de dégager de la capacité en après-vente et pousse à aller chercher d’autres clients. Le concessionnaire doit d’abord remplir ses ateliers avant d’aller vers un panneau multimarque qui risquerait de lui prendre de la part de marché.
D’autres rachats en vue ? Qui d’autre pourrait intéresser Emil Frey France ?
Je tiens à préciser que nous n’avons pas sorti le chéquier ! Nous fonctionnons par opportunité et complémentarité. C’est toujours ce qui s’est passé. Pour l’instant, nous digérons les dernières acquisitions qui font sens dans notre stratégie IAM. La suite n’est pas encore écrite.