Odipra, le distributeur qui centralise les achats des réparateurs

Romain Thirion
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Stéphane Colet (à droite), président d'Odipra, et Christophe Paulhiac, directeur général, sont actionnaires à égalité de la société.

Lancée en octobre dernier par Stéphane Colet (ex-AAG et Aniel Marketplace) et Christophe Paulhiac (Auto Equip), la société se présente comme le distributeur sur mesure de pièces de carrosserie. Sa promesse : proposer en une seule expédition l’ensemble des références correspondant au choc, que la pièce soit neuve d’origine, de qualité équivalente certifiée, de réemploi ou équipementière.

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Depuis les locaux d’Auto-Equip à Orly (94), ce ne sont plus seulement des palettes prêtes à s’envoler pour les DROM-COM, le Maghreb ou l’Afrique subsaharienne qui s’entreposent. Ce sont aussi des commandes destinées à être livrées, par la route, aux carrossiers français. Qu’ils soient sous panneau de marque ou multimarques, indépendants ou appartenant à un réseau. En effet, depuis l’automne 2023, l’entreprise spécialisée dans l’export de pièces de choc a une petite sœur : Odipra. Cofondé et détenu à parts égales par Stéphane Colet, riche d’une longue expérience dans la rechange constructeur (notamment chez Nissan) et indépendante (chez Alliance Automotive Group et Aniel Marketplace), et par Christophe Paulhiac, dirigeant d’Auto-Equip, ce nouveau distributeur enregistre un démarrage d’activité sur les chapeaux de roue.

Des contraintes croissantes à soulager

Et pour cause : sa promesse client a tout pour séduire les réparateurs, sur un marché post Covid-19 où un nombre important de références se tarissent et où le nombre de fournisseurs nécessaires pour couvrir un seul sinistre augmente. « Nous répondons au choc complet de bout en bout, quelle que soit la marque ou la qualité. Et nous revendiquons plus de 300 000 pièces stockées sur plus de 55 marques, dont les plus prestigieuses. Ce qui évite au carrossier qui rencontre une nouvelle marque d’ouvrir un nouveau compte auprès du constructeur », explique Stéphane Colet. Car, c’est bien connu, les carrossiers sont susceptibles de recevoir dans leur atelier les véhicules les plus neufs, les plus récents et les marques les plus inédites.

Or, avec de plus en plus de marques automobiles sur le marché, de plus en plus de modèles dans le parc roulant, le mix produits est toujours plus important et le temps passé sur la recherche de pièces s’allonge. Sans compter que la proposition de pièces issues de l’économie circulaire (PIEC) devient une obligation et que les carrossiers doivent étendre leur recherche à la pièce de réemploi (PRE) auprès de diverses plateformes et recycleurs. « Par ailleurs, il y a de plus en plus de difficultés d’approvisionnements chez les constructeurs, de plus en plus de reliquats, de délais qui obligent les carrossiers à trouver de plus en plus d’alternatives », ajoute Christophe Paulhiac. Les reliquats sont également un problème pour certains ateliers sous enseigne constructeur. 

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Préparation de commandes Odipra

Une soupape face aux pressions

A l’heure où la carrosserie représente un levier pour bon nombre d’activités, Odipra peut ainsi répondre aux besoins d’un large portefeuille de clients : carrossiers, agents et concessionnaires de marques, plateformes PR, loueurs, gestionnaires de flottes et sites de reconditionnement de véhicules d’occasion. Autant de clientèles victimes de la pression tarifaire que fait peser l’inflation sur les pièces d’origine. Et, pour les carrossiers agréés d’assurance, le poids que représente le respect du coût moyen sinistre, qui oblige les réparateurs, plus que jamais, à varier le type de pièces sur un seul et même dossier. Pièces neuves d’origine, pièces de qualité équivalente certifiée (PQEC), PIEC (dont PRE), sans oublier les pièces équipementières, qu’elles soient visibles (vitrage, optiques) ou non… « Aujourd’hui les assureurs sont très demandeurs de PRE et commencent à s’ouvrir à l’idée de la qualité équivalente certifiée. Mais les carrossiers n’ont pas beaucoup de temps à passer derrière un écran et très peu d’entre eux disposent d’un acheteur. Donc nous prenons leur relais et nous occupons de leur livrer la totalité de la commande en une fois avec le mix produits qu’ils désirent », précisent les deux entrepreneurs.

Dans un contexte où les factures et les fournisseurs se multiplient, Odipra veut donc rationaliser tout ça. « Notre solution leur permet de n’avoir qu’une seule facture et un seul fournisseur. Je ne crois pas qu’il y ait d’équivalent en France », plaide Stéphane Colet. En tout cas, pas parmi les entreprises et groupements de distribution traditionnels. En revanche, d'autres acteurs non issus de la distribution, comme Alpha Scale, jouent déjà depuis quelques années les points d'entrée unique pour les commandes des carrossiers. En somme, Odipra se veut un centralisateur de commandes. Et ce, sans s’encombrer d’un stock monstre. « Notre entrepôt est basé à Orly mais nous travaillons principalement en flux tendu : toutes les pièces qui entrent sont déjà contremarquées. Le stock est donc très faible par rapport au CA », ajoutent les deux associés. Le mix d’Odipra, marché français oblige, reste composé à 70 % de pièces neuves d’origine constructeur, les 30 % de ses volumes restants étant composés de PQEC, de PIEC au sens large et de pièces neuves équipementières.

Quant au délai de livraison annoncé par le distributeur, il est de trois à quatre jours en moyenne. « L’engagement sur le délai varie selon la marque. Au moment où le carrossier passe commande, il faut être très clair sur le délai d’expédition », confirme Christophe Paulhiac. Telle est la condition du “tailor made” que revendique Odipra : « Pour nous, faire la différence par rapport à la concurrence, c’est faire du service sur mesure : essayer modestement d’alléger la charge des achats et le temps consacré par les carrossiers réparateurs à l’approvisionnement », conclut Stéphane Colet.

Romain Thirion
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