Pays-Bas : AllParts quitte Groupauto International pour Nexus Automotive

La Rédaction
Image
ALLPARTS CONVENTION.

L'information a été officialisée le 13 octobre lors du congrès néerlandais AllParts : les distributeurs constituant le versant indépendant de Groupauto Nederland et leurs 250 M€ de CA quittent le navire pour s’arrimer à Nexus Automotive. Et visiblement, à leurs conditions. Le signe d'un regain d'autonomisme parmi les distributeurs indépendants ? Ou celui de possibles dommages collatéraux d'ores et déjà acceptés par GPC/AAG Europe qui veut accélérer le pas ?

Partager sur

Les mouvements au sein de Groupauto Nederland annoncés par Zepros sont donc confirmés. Les distributeurs néerlandais adhérents de Groupauto ont officialisé leur démission jeudi après-midi alors qu'ils étaient réunis en congrès. Outre ceux passés sous label AllParts Nederland depuis deux ans, Motor-Parts, Beneparts et Wijlhuizen rejoindront aussi Nexus Automotive au 1er janvier prochain. Le groupement international piloté par Gaël Escribe ajoute ainsi à ses activités européennes les 250 M€ de CA réalisés par la cinquantaine d'adhérents sécessionnistes.

À lui seul, Motor-Parts pose aussi la question connexe de Groupauto Belgique, dont il est aussi un adhérent historique avec un CA de quelque 19 M€. Ce distributeur belge est l'un des deux derniers gros indépendants outre-Quiévrains avec Covalux. Il est aussi présent en France via Apprau. Il devrait prochainement confirmer faire passer ses trois implantations sous pavillon Nexus.

Défendre son indépendance

Rétrospectivement, la création du groupe coopératif AllParts (une cinquantaine de sites aux Pays-Bas) apparaît donc bien comme les prémices d’une volonté de se démarquer d’un Groupauto Nederland que certains d’entre eux avaient contribué à créer dans les années 1990. Des signes d’autant plus forts de la volonté de reprendre leur indépendance qu’ils avaient déjà passé des accords avec Fource, la structure logistique néerlandaise de... LKQ Europe !

Dans les colonnes de notre confrère, le DG d’AllParts, Freek Blekxtoon, a tenu à expliquer ce changement de cap. Ses raisons convergent avec celles qui secouent beaucoup d'indépendants adhérents de groupements internationaux : « La bataille de consolidation, dans laquelle AAG notamment est devenu très dominant au sein de Groupauto International avec NAPA, a sérieusement perturbé l'activité de nombreux pays. […]. Nous souhaitons continuer à façonner notre modèle commercial au Benelux de manière indépendante et le passage à Nexus rend cela possible. » C.Q.F.D.

Image
ALLPARTS NEXUS ESCRIBE Gael.

Le symptôme de quel malaise ?

Ce départ en masse n’est donc pas une surprise pour Groupauto Nederland qui avait déjà reçu la démission des adhérents d'Allparts.  Est-ce en revanche une déflagration pour l’entité néerlandaise de GAUI, qui se retrouvera en janvier prochain avec PartsPoint comme quasi-unique membre, l'entité qui regroupe les filiales d’Alliance Automotive Group ? Pas sûr, puisque les achats d'Allparts enrichissaient le concurrent LKQ...

L'image en revanche sera écorné. Selon notre confrère néerlandais Aftersales Magazine, les distributeurs G-Truck et ateliers Top Truck (enseignes PL de Groupauto) pilotés par les partants seront rebrandés PartsXpert et TrailerXpert ; la solution « flotte » deviendra FleetXpert. En outre, les réseaux de garages animés par les AllParts (une centaine de CarXpert et une dizaine d’AutoExcellent) garderont leur identité et ne passeront donc pas non plus sous panneau NexusAuto.

Un mal pour un bien ?

Doit-on voir dans l'événement un regain d'indépendantisme chez les distributeurs, qui se sentent de moins en moins maîtres chez eux au sein de ces grandes et de plus en plus exigeantes structures multinationales ? Ou l'inévitable centrifugation qui touche les distributeurs devenus trop petits – ou trop spécifiques – pour suivre le pas de plus en plus rythmé des concentrateurs du marché ?

En tout cas, ce mercato – spectaculaire à l'échelle du Benelux – intervient alors que Groupauto International réorganise ses pays. À titre d'exemples, la peu prolixe Roumanie sera dorénavant pilotée depuis le performant GAUI Pologne, pendant qu'AAG France va apporter ses ressources au jeune Groupauto Maghreb créé en 2019 et lourdement freiné par les crises mondiales successives. C'est peut-être là l'occasion de regrouper Belgique, Pays-Bas et Luxembourg dans un mieux dimensionné Groupauto Benelux. Sans exclure que la zone soit pilotée depuis l'un des pays voisins où AAG Europe domine les structures GAUI (France, Royaume-Uni, Espagne ou Pologne).

Car ces mouvements sont en phase avec la volonté de l'ensemble GPC/AAG Europe de monter en puissance et de tirer les fruits d'une accélération des concentrations. Il entend en effet s'appuyer sur des structures, filiales comme adhérentes, disposant d'une taille critique suffisante pour relever des défis croissants et déployer les investissements nécessaires à l'évolution du marché (digitalisation, services, optimisation logistique, IT, etc.). Le tout bien sûr sans oublier de participer activement à la lucrative concentration des achats et de disposer d'interlocuteurs capables de pousser l'iconique MDD NAPA partout où cela est possible. Et à en croire les appétits de GPC, il aimerait bien que ce soit possible à peu près partout...

Dans ce contexte, les scissions en cours au Benelux pourrait bien constituer une première parmi d'autres inévitables pertes au feu. D'autres tensions semblent apparaître dans d'autres zones comme la péninsule ibérique où les rachats successifs de l'Espagnol Lausan et du Portugais Solima semblent inquiéter certains adhérents indépendants. Mais ces risques sont peut-être même déjà paramétrés par GPC comme de possibles, voire inévitables, dommages collatéraux liés à sa volonté d'accélérer en Europe.

La Rédaction
Partager sur

Inscrivez-vous gratuitement à nos newsletters

S'inscrire